Team Vercors

Vélo et ski, deux disciplines sœurs pour le Team Vercors

Crédit photo DR

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Le monde du cyclo-sport est l'un des pans importants du sport cycliste. La passion et le dépassement de soi sont les valeurs de cette pratique qui rassemble simples finishers et costauds qui jouent la gagne. Il y a plusieurs années, des teams ont fait leur apparition afin d'offrir un encadrement à des coureurs désireux de cultiver un esprit de groupe. Tout au long de la saison, DirectVelo suivra à travers une rubrique la vie du Team Vercors. Ce club basé à Villard-de-Lans accueille près de 140 adhérents réunis autour de valeurs communes. Pour 2020, il a fait le pari de monter un groupe homogène et compétitif pour jouer les premiers rôles sur les plus grand rendez-vous du calendrier.

L’hiver arrive. Et avec lui le retour des températures fraîches, et les sommets enneigés des montagnes, rendant la pratique du cyclisme en altitude à l’extérieur plus compliquée qu’à la période estivale. Ainsi, pour compenser les coups de pédales qui se font rares, le Team Vercors, comme de nombreux cyclistes, troquent le vélo pour les skis. Ludovic Griboval, président de la formation, en résume les bienfaits. "Déjà, les deux saisons s’emboîtent bien. Ce sont des sports d’endurance et la pratique en altitude permet d’entretenir la forme. Comme notre saison reprend en avril, on peut attaquer avec de l’intensité directement car le bloc foncier est fait". Roland Chavent, ancien membre de l’équipe nationale de ski de fond, rejoint l’avis de son président. "Les deux sports ont les mêmes bases d’aérobie, ce sont des sports de durée, de gestion d’effort. Et contrairement au vélo où seules les jambes bossent, le ski sollicite tout le corps".

DES SIMILITUDES EN COURSE

Dans l’effort en course, les deux sports aussi nécessitent de piocher dans les réserves. Cyril Gaillard, qui a participé aux Jeux Olympiques de Sotchi, explique simplement que ce sont "deux sports très difficiles. Il faut puiser au fond de soi pour performer, accepter la douleur et l’outrepasser". Sur la manière de courir en compétition, les trois hommes tiennent le même son de cloche. "Il y a moins d’effet de protection, d’aspiration, au ski, reprend Roland Chavent. À l’entrainement on ne cherche pas ce phénomène mais surtout la dépense énergétique. On pourrait comparer au cyclo-cross au niveau de la préparation". Cyril Gaillard trouve quelques similitudes entre le vélo et les départs en mass-start en ski. "La vitesse plus basse fait qu’il y a moins d’'aspiration, mais dans tous les cas il vaut mieux être en deux ou troisième position que mener. Dans l’aspect tactique et le placement, l’économie d’énergie, il y a beaucoup de rapports communs avec le vélo".

Ludovic Griboval conclut sur les ressemblances en course en faisant des analogies entre les disciplines. "En biathlon on se rapproche des tactiques de piste sur le finish. Et sur le fond on se rapproche des tactiques de longue distance. Avec la recherche de l’abri, la course d’équipe, les échappées, etc". Au Team Vercors, on pratique le ski de fond et/ou le ski de randonnée. Mais en faisant attention, explique le président de la structure. "En vélo on va à 2 000 mètres, mais on y reste pas longtemps. Au ski on va chercher la neige, donc on reste à ces altitudes. Il y a un risque d’hypoxie et de se cramer plutôt que de se préparer. Il faut être vigilant à ne pas monter dans les tours". Toutes ces similitudes encouragent donc les cyclistes professionnels, ou pas, à chausser les skis en hiver, plutôt que de faire tourner les jambes sur home-trainer, par exemple. L’inverse est également vrai, d’ailleurs. Beaucoup de skieurs étant adeptes du vélo à la belle saison.

LES CYCLISTES EN COURSE DE FOND

Pour Cyril Gaillard, le vélo représente "des heures faciles, il n’y a pas de choc. Faire trois-quatre heures de ski roue ou de courses à pied, c’est compliqué. C’est plus sympa de faire des séances de récupération à vélo". Dans le sens inverse, Ludovic Griboval explique que nombreux sont les cyclistes à déambuler sur les pistes, voire à s’aligner sur des courses de ski de fond l’hiver. Entre autres, on retrouve Nans Peters, Romain Bardet, Thibaut Pinot, Rudy Molard, Arnaud Démare, Jérôme Coppel, ancien fondeur, Guillaume Bonnafond ou Tao Quemere, ancien membre d’équipe de France du sprint. "Ils ne sont pas ridicules. Le ski est aussi un divertissement, changer de sport est bon pour la santé. Maintenant en nordique il faut avoir des bras, et les cyclistes n’en ont pas trop", plaisante Ludovic Griboval, qui explique que le ski apporte aux cyclistes "des globules rouges, un bloc foncier et la continuité du travail en montagne sur des efforts d’endurance". Un aspect psychologique important aussi pour Roland Chavent.

Finalement, le choix entre ski ou home-trainer l’hiver relève surtout du choix du coureur lui-même… et des limites géographiques. "Quand on s’appelle Pierre Rolland et qu’on est à Orléans, c’est difficile de pratiquer le ski, s’amuse Ludovic Griboval. Mais quand on est à Grenoble comme Nans Peters, c’est plus divertissant de faire trois heures de ski que de home-trainer". Roland Chavent explique qu’il est "important de donner du sens à ce qu’on fait. Chacun a ses sports de prédilection, je ne sais pas s’il y en a un mieux, mais le cycliste développera mieux ses qualités dans son élément". Cyril Gaillard voit surtout le paramètre plaisir. "Le fond est plus sympa dans la nature, ça se rapproche du vélo. Plutôt que de s’enfermer dans son garage sur son home-trainer". Sur le plan compétitif, un excellent fondeur a toutes les chances d’être un bon cycliste. Mais la réciproque est beaucoup moins vraie, due à un caractère très important dans le ski : la technique.

« LE VÉLO, TOUT LE MONDE SAIT FAIRE »

Roland Chavent résume bien les difficultés que peut éprouver un cycliste sur les skis. "Au début, on se bat avec la neige, les fesses en bas comme sur le vélo. Mais après quelques séances et qu’il est débloqué techniquement, il peut monter dans les tours. Le skieur a une plus grosse VO2 qu’un cycliste car il sollicite tous les groupes musculaires". "Le vélo, tout le monde sait faire, mais au ski il y a une coordination et une nécessité de maitriser la technique pour se faire plaisir, relève Cyril Gaillard. Un skieur à haut niveau ne sera pas un manche à vélo en revanche, même s’il n’est pas dans les tous meilleurs". Ludovic Griboval conclut sur le sujet. "Les fondeurs ont plus naturellement cette aptitude à pédaler avec les jambes, les bras, et le gainage. Comme les skieurs alpins, quand ils montent sur le vélo ils ont une sacrée patate". Mais le skieur doit aussi apprendre à frotter dans un peloton, relève Roland Chavent. D’un côté comme de l’autre, il y a donc, quoiqu’il arrive, du travail pour passer d’un sport à l’autre au haut niveau.

La rubrique Team Vercors est réalisée avec le parrainage de Ludo&Co et Asterion Wheels.



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