Remco Evenepoel : « Je ne comprends pas... »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Il y avait lui et les autres. Beaucoup l’avaient imaginé, l’avaient parié, mais peu devaient s’attendre à une telle démonstration. Car ce dimanche, Remco Evenepoel a réalisé un numéro hors du commun à l’occasion du Championnat d’Europe Juniors Hommes (voir classement). Parti à près de cent kilomètres de l’arrivée, le Belge a passé la majeure partie de la course tout seul, à l’avant. Ne cessant de creuser l’écart sur tous ses adversaires, il a pris un tour à la majorité de ses rivaux, obligeant ces derniers à poser pied à terre, comme le veut le règlement. Après 118,8 kilomètres de course sur le circuit de Zlin, le Belge a finalement coupé la ligne 9’44” avant le médaillé d’argent. Monstrueux. Remco Evenepoel, déjà sacré sur le chrono vendredi dernier, revient sur ce nouveau triomphe auprès de DirectVelo.

DirectVelo : Il n’y a plus de mots pour décrire ce que tu réalises depuis le début de l’année…
Remco Evenepoel : Je ne réalise pas forcément tout ce qu’il se passe. J’essaie de faire de mon mieux, tout simplement, et ça marche. Je suis très heureux de décrocher un nouveau maillot. C’était une très grande journée pour moi.

« LE PLAN ÉTAIT PLUTÔT DE PARTIR AVEC CINQ OU DIX GARS »

Pourquoi as-tu décidé de partir si tôt ?
Je savais que la descente était assez technique. Je préférais rester prudent en n’étant pas dans le paquet. Au début, le plan était plutôt de partir avec cinq ou dix gars. Mais lorsque j’ai accéléré, il n’y a qu’un Espagnol qui a pu me suivre (Carlos Rodriguez Cano, NDLR). Enfin, “qui a pu” ou qui a voulu. Peut-être que les autres ne voulaient pas prendre la roue, stratégiquement. L’Espagnol n’a jamais voulu rouler avec moi, il ne m’a pas pris le moindre relais. Mon coach, Carlo (Bomans), est venu me dire qu’il fallait que je le lâche, comme il ne roulait pas. J’ai accéléré dans la troisième montée en pavés et il a directement craqué. A partir de là, je me suis dit qu’il fallait que je garde un bon tempo. Je me connais très bien et je savais ce qu’il fallait faire.

Tu as passé plus de deux heures seul à l’avant de la course. Comment as-tu géré cette situation ?
J’ai essayé de rester calme, notamment à chaque tour lorsque l’on abordait la dernière partie du circuit, entre le pied de la descente et la ligne d’arrivée. On avait vent de face sur cette partie-là, en faux-plat montant ou descendant, alors il fallait bien contrôler. Je me suis concentré sur mon effort, tout le long.

« GARDER LES PIEDS SUR TERRE »

T’étais-tu préparé à faire pratiquement toute la course seul à l’avant ?
Non, on n’imagine jamais cette situation. Même lorsque l’on m’a annoncé un écart de 2’20”, je me suis dit que deux-trois gars pouvaient encore rentrer, et qu’on aurait pu travailler ensemble. Ca aurait été bien pour moi, d’être un peu accompagné, pour rouler à plusieurs et me mettre un peu dans les roues. Mais l’écart a continué d’augmenter : 4’00”, 6’00”... Alors j’ai continué à mon rythme, jusqu’au bout. Je finis avec presque dix minutes d’avance (rires). Honnêtement, je ne comprends pas comment c’est possible. Moi-même, je ne peux pas l’expliquer. C’est dingue.

Réalises-tu que tu épates tout le monde par la façon dont tu écrases la concurrence ?
C’est une très belle journée pour moi, je suis très très heureux. Pour le reste, je ne sais pas vraiment quoi dire. J’essaie juste de tout donner et je suis le meilleur pour l’instant. Mais il faut garder les pieds sur terre. L’essentiel, c’est que mes proches soient là à mes côtés. Ils étaient nombreux aujourd’hui (dimanche). J’ai pu partager ça avec eux. C’est un bonheur immense.

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