Maurice Ballerstedt, le médaillé qui prévoyait d’abandonner

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

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Vendredi dernier, Maurice Ballerstedt a pris la deuxième place du Championnat d’Europe Juniors sur route (voir classement). Seulement devancé par l’Ukrainien Andrii Ponomar, l’Allemand ne s’attendait pas du tout à ce résultat. 2e de la Course de la Paix derrière Hugo Toumire, 3e du LVM Saarland Trofeo ou encore 3e du Grand Prix Général Patton, le coureur de 18 ans s’était pourtant montré particulièrement à son avantage sur les manches de Coupe des Nations cette année, ce qui en faisait ainsi l’un des principaux candidats au titre européen. Mais il était arrivé à Alkmaar (Pays-Bas) diminué physiquement, et sans véritable ambition. Entretien.

DirectVelo : Tu as décidé de faire la course d’entrée sur ce Championnat d’Europe !
Maurice Ballerstedt : On est sorti après une dizaine de kilomètres seulement. En fait, certains des coureurs les plus forts étaient déjà là, devant, d’entrée de jeu. Il y avait Piccolo, Leijnse… C’était très tôt mais d’un autre côté, je me suis dit que c’était super intéressant. Le scénario de course était vraiment particulier : pendant une heure, on a toujours gardé environ 20” d’avance. Je ne savais pas si c’était une erreur de rester là, comme ça, à faire des efforts… Je me suis posé des questions. Après environ 60-70 kilomètres, on a pris un peu plus de champ et c’est devenu super intéressant.

D’autres grandes nations étaient piégées à l’arrière...
Quand je me retournais, je voyais que c’était toujours les Français et les Belges qui faisaient l’effort. C’était une bonne nouvelle pour nous, ils allaient perdre des unités.

« TOUS LES AUTRES SURVEILLAIENT SURTOUT MARCO (BRENNER) »

L’équipe allemande Juniors est extrêmement solide cette année. Aviez-vous un coureur protégé en particulier, quel était ton propre rôle ?
J’ai des problèmes physiques actuellement. J’ai mal au dos et je suis gêné sur mon vélo, au niveau de la selle. C’est pour ça que je suis parti tôt dans la course. J’étais prêt à me sacrifier pour le groupe et à faire travailler les autres nations, quitte à ne même pas finir la course. Donc dans le groupe de cinq, j’ai vraiment tout donné pour Marco (Brenner). Je savais qu’il pouvait gagner. Il faisait bien sûr parti de nos hommes forts. Et finalement, j’étais toujours là dans le final. Je crois que tous les autres surveillaient surtout Marco. Il était vraiment dans une situation compliquée.

Que s’est-il passé lorsqu’Andrii Ponomar a attaqué ?
Plus personne n’avait les jambes pour le suivre. Il restait un peu plus de dix kilomètres. Je savais qu’il était très fort et que si on laissait un petit trou, il pouvait aller au bout comme ça. Mais à ce moment-là, mon dos me faisait vraiment mal… En plus, j’avais aussi mal à l’estomac car j’ai certainement avalé trop de gels durant la course, mais sans boire assez en parallèle. Cela dit, ce n’est pas une excuse. Il était super fort et quand il est sorti, on a roulé très fort derrière en réagissant assez vite. On ne pouvait simplement pas rentrer.

« JE NE SAVAIS MÊME PAS SI J’ALLAIS PRENDRE LE DÉPART »

Décrocher une médaille en étant diminué physiquement est une énorme performance !
Je n’étais pas dans une bonne journée sur le contre-la-montre mais encore une fois, mes problèmes de santé actuels m’ont gêné… D’ailleurs, deux jours avant le départ du chrono, je ne savais même pas si j’allais prendre le départ ou laisser tomber.

Etant donné la force collective du groupe, vous ne deviez pas imaginé une seule seconde repartir de ce Championnat sans, au moins, une médaille ?
On fait une superbe saison, on ne s’attendait pas à ça. On venait là pour la médaille d’or. Je pense vraiment que Marco était l’un des plus forts, mais ça n’a pas parfaitement marché… Marco est encore J1, c’est l’un des meilleurs. Il fait partie des coureurs qui pourront, peut-être, battre Remco (Evenepoel) dans les prochaines années (sourires). Mais toute l’équipe est forte. Nous avons toujours cinq-six coureurs qui peuvent espérer gagner en Coupe des Nations ou sur un Championnat alors oui, nous étions très ambitieux en venant ici.

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