Bryan Coquard : « Si je gagne sur le Tour, ce serait clairement la cerise sur le gâteau »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

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Peut-il encore le faire ? À 33 ans et pour sa huitième participation, Bryan Coquard est toujours en quête d’un premier succès d’étape sur les routes du Tour de France. Parfois passé tout près d’y parvenir dans un passé désormais assez lointain, le sprinteur de Cofidis n’avait jamais été en mesure de frôler l’exploit l’an passé, malgré quatre fond de Top 10. Alors, le rêve s’éloigne-t-il petit à petit, ou l’objectif est-il encore véritablement atteignable ? Présent à Lille cette semaine, DirectVelo a fait le point avec l’homme aux 53 succès chez les pros ce mercredi en fin d'après-midi. Entretien.

DirectVelo : On dit souvent que les sprints du Tour sont les plus tendus et nerveux de l’année. Est-ce une appréhension particulière, même lorsque l’on a ton expérience ?
Bryan Coquard : Moi, je n'ai pas d'appréhension particulière. Je suis tombé deux fois à Landerneau (en 2021, NDLR) mais les chutes, ça fait partie de notre boulot. Si ça doit arriver, ça arrivera et c’est comme ça. Bien évidemment, je vais essayer de faire plus de sprints que seulement les sprints à plat. Je vais essayer de faire les arrivées un peu difficiles pour puncheurs. Il faut aussi que j'aille dans le « merdier », bien évidemment, je ne pourrai pas laisser passer les occasions sur les gros sprints à plat.

« IMPOSSIBLE D’AVOIR UN PLAN PRÉCIS »

Comment imagines-tu la hiérarchie du sprint sur ce Tour ?
Je pense que (Jonathan) Milan a le meilleur train, la meilleure équipe autour de lui. De ce que j'ai vu dernièrement, je pense que (Tim) Merlier est le plus rapide, et je pense que (Jasper) Philipsen a le meilleur poisson-pilote avec (Mathieu) Van Der Poel. Il y a (Dylan) Groenewegen qui va bien aussi en ce moment, mais pour moi, les trois cités précédemment sont les plus rapides.

Et ta pointe de vitesse à toi, en 2025, par rapport à ces gars-là ?
Je pense être plus léger encore que les années passées. On s’est focalisés sur les arrivées un peu difficiles. Le but est aussi d’un peu mieux grimper et je pense que c’est le cas. Je ne suis pas le plus rapide que j'ai pu être, j'imagine. Mais en tout cas, mes puissances à l'entraînement étaient très bonnes. On va être honnête, sur les sprints à plat, c’est toujours un peu plus compliqué pour moi, même si c’est quand même réalisable avec des circonstances favorables. Il y a tellement de paramètres qui rentrent en compte qu’il est impossible d’avoir un plan précis.

« SI JE RÉUSSIS LES DEUX, JE POURRAI ARRÊTER MA CARRIÈRE TRANQUILLE »

Tu es passé plusieurs fois tout près de la victoire sur le Tour, notamment lors de cette fameuse photo-finish avec Marcel Kittel en 2016. Mais tu n’as jamais gagné sur la Grande Boucle, malgré 33 Top 10. Serait-ce un échec de mettre un terme à ta carrière sans succès sur le Tour ?
Pour être très honnête, et la tête sur les épaules, si à la fin de ma carrière, je n'ai pas gagné sur le Tour, ça serait une grosse déception. Mais d’un autre côté, maintenant à mon âge, si je gagne sur le Tour, ça ne va pas changer ma carrière, finalement. Ce serait clairement la cerise sur le gâteau que j'ai envie de m'offrir. Il me manque le titre de Champion de France et une victoire d’étape sur le Tour. Si je réussis les deux, je pourrai arrêter ma carrière tranquille (sourire). Si je n'y arrive pas, ça sera une déception, ce serait un objectif que je n’aurais pas atteint, ça me ferait chier. Mais oui, les années passent… Je commence à envisager l’idée de me lancer dans des échappées pour, pourquoi pas, essayer de gagner différemment. C'est toujours quelque chose qui m'anime. C'est pour ça que j'ai tout bien fait, que j’arrive en super condition. J’ai tout fait bien pour me donner la chance de pouvoir le faire. Et j’espère que ça arrivera.

Compte tenu de tes qualités décrites plus haut, quelles te semblent être les étapes les plus propices cette année ?
L’étape de Laval, c'est pas mal pour moi, ça me paraît très bien avec une arrivée en long faux-plat montant. Boulogne, j’ai peur que ce soit trop dur. Je ne me rappelle pas de toutes les étapes mais certaines arrivées pourraient se faire à une soixantaine de coureurs et ça, c’est clairement mon créneau, là où je suis le meilleur. C’est dans ces conditions que j’ai gagné au Tour Down Under ou au Tour de Suisse.

« C’EST DE PLUS EN PLUS COMPLIQUÉ »

Comment vis-tu le fait de moins gagner qu’auparavant ?
Je ne le vis pas mal car je gagne plus qualitativement, même si ce n’est pas un choix (rire). Le niveau est de plus en plus élevé, c’est de plus en plus compliqué de gagner régulièrement. Bien sûr, j’aimerais pouvoir gagner dix courses par an, comme j’ai déjà pu le faire par le passé. Mais bon… J’ai gagné en WorldTour cette année, l’an passé aussi. C’est un soulagement, quand même.

Au sein de l’équipe Cofidis, tu ne seras pas le seul coureur rapide, puisqu’il y a « le Coq et le Renard » ! Qui sera le plus rapide ?
(Rire). Eh bien je ne le sais pas ! Je pense qu'on sera à un bon niveau tous les deux. Alexis a fait des super sprints dernièrement. On n'en a pas encore beaucoup discuté en interne mais pour ne rien vous cacher, je pense qu’il y a de grandes chances que l’on sprinte tous les deux, au moins sur les sprints à plat. Dans l’absolu, je pourrais l’aider sur les sprints à plat mais comme je suis petit, il ne va pas être beaucoup à l’abri… En tout cas, il n’y a aucune animosité. On est vraiment tranquilles et ça ne me pose pas du tout de soucis. Et puis, il y aura aussi Damien Touzé pour nous aider. On n’aura pas un gros train comme d’autres équipes, mais ça fait deux ans que l’on fonctionne comme ça. J’ai déjà fait pas mal de bons résultats de cette façon. J’ai l’habitude de me débrouiller aussi tout seul quand il le faut. 

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