Pauline Ferrand-Prévot, « vitrine » pour le cyclisme féminin français

Crédit photo Thomas Maheux / A.S.O

Crédit photo Thomas Maheux / A.S.O

Le peloton est dithyrambique. L'avènement de Pauline Ferrand-Prévot, ce samedi, sur Paris-Roubaix, est à marquer d'une pierre blanche pour le cyclisme féminin français. "Franchement c'est une super nouvelle. Qui n'est pas content de voir un drapeau bleu-blanc-rouge sur la plus haute marche du podium ? En plus ce n'est pas n'importe qui", commence par se réjouir Marie Le Net, le visage noirci par la poussière. Son directeur sportif, Stephen Delcourt, partage ses éloges. "Il n'y a pas photo, la meilleure a gagné. La meilleure pour notre sport, pour le cyclisme féminin français. Pauline a montré qu'elle était encore une fois une très, très grande championne. On peut être impressionnés de ce qu'elle a fait et on peut lui dire merci pour ce qu'elle a fait pour notre sport".

La FDJ-Suez est bonne joueuse malgré son collectif brillant, bien que Demi Vollering n'était pas de la partie ce week-end. À l'échelon inférieur, on est tout aussi bluffé par la performance de l'ancienne Championne du Monde sur route. "C'est la classe, un talent comme elle... Je pense qu'il n'y en a pas beaucoup qui sont capables de faire ça après des années loin de la route. Quand on voit son début de saison, c'est quand même impressionnant", applaudit Roxane Fournier, qui l'a connu dans les pelotons. "Vraiment, chapeau, chapeau, chapeau. Parce que revenir après avoir tout gagné en VTT, après je ne sais pas combien de temps où elle n'a pas été sur route, puis faire un début de saison comme elle l'a fait et gagner Roubaix, c'est vraiment une grande championne", ajoute Grégoire Le Calvé.

« ROUBAIX, C'EST QUAND MÊME UNE AUTRE DIMENSION »

"La classe" est un mot qui revient dans plusieurs bouches des tricolores. Alors que la Rémoise avait déjà terminé 2e du Tour des Flandres il y a une semaine, Jade Wiel avait senti venir la revanche à Roubaix. "Pour la petite anecdote, après les Flandres, je lui avais envoyé un message pour lui dire que la prochaine fois, c'était la plus haute marche. Et elle l'a fait". L'ancienne Championne de France est impressionnée mais pas surprise. "On dit souvent quand même que c'est une course où il faut avoir de l'expérience. Mais elle sait déjà super bien se placer. Et ça, c'est un grand atout à Roubaix. Elle a mis l'attaque là où tout le monde avait envie de respirer. C'est costaud". Arthur Quilliec a le même son de cloche. "Les qualités techniques de VTT sont indéniables. Les qualités physiques, on les a vues aux Strade notamment. Mais Roubaix, c'est quand même une autre dimension".

Roxane Fournier "n'avait pas de doutes" sur son niveau de performance, mais "peut-être pas aussi rapidement". Surtout, la directrice sportive de St-Michel-Preference Home-Auber 93 connait le tempérament de Pauline Ferrand-Prévot. "Quand elle se met un objectif en tête, on sait qu'elle fait tout pour y arriver. Si elle prenait cette décision d'aller sur la route, ce n'était pas pour rien. Je pense que c'est au-dessus de ses attentes, et peut-être au-dessus des attentes des autres". La coureuse de Visma-Lease a Bike a en effet dépassé les attentes de Grégoire Le Calvé. "Je m'attendais à ce qu'il y ait un temps d'adaptation. Peut-être six mois ou un an pour qu'elle se réadapte au cyclisme sur route qui a beaucoup évolué ces dernières années. La voir au bout de trois mois de compétition, revenir dans le jeu et gagner Paris-Roubaix, vraiment, c'est une grande championne".

« TRÈS FIER DE POUVOIR DIRE QUE LES PETITES FILLES PEUVENT S'IDENTIFIER »

Cette victoire de marque pourrait bien avoir un effet positif sur le cyclisme féminin, et surtout sur le cyclisme français. "Ça donne une bonne image", pense Marie Le Net. Tout le monde parle de "vitrine", comme Grégoire Le Calvé. "Après avoir tout gagné en VTT, championne olympique, et là... Ça va redonner un boost au cyclisme français. On a des jeunes qui montent et elle, elle va tirer le cyclisme français vers le haut". Ce samedi, il y avait en effet de nombreuses jeunes femmes amassées autour du vélodrome pour ovationner la future vainqueure. Et peut-être, parmi elles, de futures championnes. "Ça va permettre au cyclisme féminin français de grandir encore plus, même si ces dernières années, il se portait très bien", note Roxane Fournier.

Le cyclisme féminin français trouve en Pauline Ferrand-Prévot une "tête d'affiche qui gagne des courses, considère Arthur Quilliec. C'est très positif pour le sport de manière générale. Encore plus pour le sport féminin et pour le cyclisme féminin français". Stephen Delcourt c'est ce qu'est de voir des Françaises gagner, et rivaliser au plus haut niveau mondial avec son collectif FDJ-Suez. "Une Française peut gagner les plus grandes courses. On l'a vu avec Juliette (Labous) et Evita (Muzic). Maintenant, il faut dire Pauline, Juliette et Evita. On a un bel avenir devant nous. Sur une course comme Paris-Roubaix où s'écrivent les légendes, Pauline rentre encore une fois de plus dans cette liste très courte des légendes françaises. Je suis très fier pour le cyclisme féminin français de pouvoir dire que les petites filles peuvent s'identifier à des cyclistes comme Pauline". Et l'imiter, un jour, peut-être.

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