Benjamin Thomas : « C'est pour ça qu'on aime la piste »

Crédit photo Bettini - uec.ch

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Benjamin Thomas est au sommet de son art et il a délivré des petits chefs d'oeuvre ces dernières semaines. Le coureur de la Groupama-FDJ est devenu Champion d'Europe d'Omnium après une course sans faux-pas (lire ici) et il vient de gagner à 60 à l'heure l'Américaine de la manche de la Coupe du Monde de Glasgow associé à Donavan Grondin et l'Omnium, après une course aux points épatante. Pour couronner le tout, le Champion de France du contre-la-montre est membre du quatuor qui a battu trois fois de suite le record de France de poursuite par équipes à Minsk. Après avoir mis un terme à sa saison, il revient pour DirectVelo sur ses dernières performances.

DirectVelo : Peut-on dire que tu es déjà en forme olympique ?
Benjamin Thomas : Non, pas encore. Pendant ces trois dernières semaines, j'étais en forme ascendante, j'avais beaucoup de fraîcheur mais je me suis épaté. Le titre de Champion d'Europe d'Omnium m'a donné beaucoup de confiance. J'ai pu courir libéré et pour me faire plaisir, sans souci du résultat et c'est là que les résultats arrivent.

Parmi les trois dernières compétitions, dans laquelle te sentais-tu le plus fort ?
Au Championnat d'Europe. J'ai réalisé la course la plus aboutie dans l'Omnium. Le niveau était plus élevé, les courses étaient très rapides, physiquement c'était très dur. Alors les maîtriser me procure une grande satisfaction. C'est là où j'ai pris le plus de plaisir.

LES BEAUX SOUVENIRS DE GLASGOW

Tu as un lien particulier avec le vélodrome de Glasgow...
C'est là où j'ai vécu un de mes plus beaux souvenirs avec mon titre de Champion du Monde Juniors de la course aux points en 2013. Avoir un bon feeling avec la piste, comme avec celle de Hong-Kong, ça aide mais ça ne fait pas aller plus vite. A Glasgow, on retrouve un public de connaisseurs. Dans les courses aux points ou les Américaines, c'est plaisant de mettre le feu au vélodrome, c'est aussi pour ça qu'on aime la piste.

Le nouveau format de l'Omnium, plus ramassé en temps, t'avantage-t-il ?
A Glasgow, c'était un peu compliqué dans les deux premières manches. J'étais un peu diesel au scratch et à la Tempo après l'Américaine de la veille. Gagner l'élimination m'a remis en confiance et je me suis fait plaisir dans la course aux points. A sept tours de l'arrivée, j'ai appuyé le relais. C'étaient mes derniers coups de pédales de la saison. Les autres m'ont aussi un peu laissé partir car ils se regardaient pour se disputer les derniers points.

« IL FAUT COURIR AVEC SA TÊTE »

Le samedi, tu gagnes avec Donavan Grondin l'Américaine à 59,9 km/h...
C'était une course folle, ça c'est couru comme une chasse de Six Jours. Sauf que dans les Six Jours on court avec 52x15 et là on avait 54x14. Les Australiens ont attaqué dès le départ. Mais il faut courir avec sa tête. Ils ont doublé deux fois mais à chaque fois, ils doublaient seuls en perdant plus de jus que nous qui avions doublé trois fois mais toujours avec d'autres équipes. Ce n'est pas tout de prendre des tours. Nous avons pris trois tours mais nous sommes aussi ceux qui ont marqué le plus de points dans les sprints.

Avec Donavan, vous aviez déjà couru ensemble. Est-ce un avantage ?
Ce n'était pas une première pour nous. A Aigle, avant le Championnat d'Europe, nous avions couru trois jours ensemble. Cela permet de progresser techniquement, de prendre nos repères. Donavan a également participé aux Six Jours de Londres où il a encore progressé. Il a chuté à Minsk mais il a bien récupéré. A cette vitesse, il fallait tenir physiquement, c'est ce qu'on a fait. Il est jeune, il a du potentiel mais dans l'Américaine, il faut aussi de l'expérience. Il faut continuer à travailler car au Championnat du Monde ou aux JO, ce sont souvent des coureurs d'expérience qui s'imposent. Pour Tokyo, nous avons trois possibilités avec Morgan (Kneisky), Bryan (Coquard) et Donavan (Grondin), avec chacun leurs qualités. Il reste l'hiver pour décider de la sélection. L'émulation fera progresser.

DES COURSES D'UNE SEMAINE AVANT TOKYO

Courir la Vuelta t'a-t-il aidé pour cette bonne période sur la piste ?
J'ai couru douze jours de la Vuelta et j'ai abandonné malade. Cet abandon m'a sans doute donné la fraîcheur dont j'ai profité pour bien finir la saison sur piste, c'était un mal pour un bien.

Connais-tu déjà ton calendrier  sur route pour préparer Tokyo l'an prochain ?
On travaille sur le programme avec l'équipe, Anthony Bouillod (entraîneur à la Groupama-FDJ) et Steven Henry. Il y aura des stages sur piste et des courses par étapes d'une semaine. J'aimerais participer aux 4 Jours de Dunkerque et au Tour de Pologne. Il n'y aura pas de grand Tour, ni Giro ni Tour de France, car je n'ai pas encore la caisse pour sortir d'une course de trois semaines et marcher sur la piste.

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