C’est l’une des attractions et des curiosités du Tour de l’Avenir 2022. Cette année, trois formations Nord-Américaines sont présentes sur l’épreuve puisqu’outre les habitués canadiens et américains, une sélection du Mexique est également présente. Un très grand moment pour ce pays qui n’a, jusque-là, porté que très peu de coureurs sur route au plus haut niveau mondial. On se souvient notamment de Raúl Alcalá, Miguel Arroyo ou Julio Alberto Pérez Cuapio, dans les années 80 à 2000, mais la liste n’est pas longue. “C’est énorme, c’est une grande opportunité pour nous et le résultat d’un grand travail ces dernières années d’être ici”, se réjouit pour DirectVelo le sélectionneur, Noe Alejandro Rodriguez. “La sélection nationale est véritablement née en 2015, avec avant tout des grimpeurs. En 2019, nous comptions 30 athlètes. L’équipe a déjà bien grandi. On participe à des courses de plus en plus prestigieuses au fil des saisons. Récemment, on a pu disputer le Sibiu Tour, en Classe 1, au milieu d’équipes du WorldTour. C’est très enrichissant pour l’équipe”, se félicite celui qui a aussi pu compter sur l’appui de Philippe Colliou. “Il a été de bons conseils pour nous”.

Après le Sibiu Tour, les Mexicains ont également pu disputer le prestigieux Tour du Val d’Aoste. 22e du classement général et 5e meilleur jeune de l’épreuve, Isaac del Toro s’y est révélé, lui qui n’est encore qu’Espoir première année. “Il devait être notre leader ici. Il est prometteur et a fait de très belles choses cette saison mais malheureusement, il s’est cassé le fémur peu après le Val d’Aoste”, regrette l’homme à la tête de la sélection. Si les Mexicains peuvent progresser via les sélections en équipe nationale, ils profitent aussi des invitations reçues par le club de l’A.R Monex, qui a été convié, par exemple, sur le Tour du Loir-et-Cher (2.2) cette année. L’équipe est dirigée par un certain Piotr Ugrumov, 2e du Tour de France 1994 derrière Miguel Indurain. Le Letton est d’ailleurs présent sur les routes du Tour de l’Avenir, cette semaine, avec la sélection mexicaine.

AU VR CAVAILLON POUR SON ARRIVÉE EN EUROPE

“La sélection est basée à Saint-Marin tout au long de la saison. Les coureurs y sont depuis le mois de février. Beaucoup ont rejoint le projet en tant que Juniors 2 l’an passé, et ils sont donc passés dans la catégorie Espoirs cette saison. C’est un projet sur le long terme”. Noe Alejandro Rodriguez sait qu’il y a encore beaucoup à faire, mais il est déjà fier de la situation actuelle. En regardant dans le rétroviseur, il peut se satisfaire du travail réalisé, lui qui est parti de presque rien et qui a pris des risques, notamment financiers, pour en arriver là aujourd’hui. “Je suis arrivé en France en 2014. J’ai été accueilli au sein du VR Cavaillon par Yvon Miquel. J’ai mis fin à mon travail au sein d’une entreprise et j’ai pris toutes mes économies et celles de mon frère pour tenter l’aventure ici. Au début, il a fallu passer par des jobs alimentaires, comme du démarchage téléphonique, pour se payer les déplacements sur certaines courses”. De la débrouille avant de se lancer dans l’aventure de la sélection nationale quelques mois plus tard. “L’année suivante, je suis parti vivre à Prague, en République tchèque, car la vie y était moins chère”, précise-t-il.

Après être passé par des moments plus ou moins compliqués, il se veut désormais toujours plus ambitieux pour ses jeunes compatriotes. “On espère continuer de se développer. L’objectif ultime serait d’en faire passer certains chez les pros à terme”. Avant ça, Noe Alejandro Rodriguez - 40 ans - rêve de voir l’un de ses coureurs s’illustrer dans les cols des Alpes, en fin de semaine. “La plupart de nos coureurs ont des profils de grimpeurs. C’est génétique (sourire). Mais on a aussi des athlètes qui ont une bonne petite pointe de vitesse. J’espère bien qu’ils vont confirmer toutes les belles choses montrées depuis le début de l’année car c’est prometteur”.