Hein Verbruggen, le révolutionnaire

Crédit photo DirectVelo

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Pendant le confinement, avec l’arrêt des compétitions, la fragilité des équipes pros a, encore une fois, été mise en évidence. Des voix ont demandé une réforme. Une de plus. Car depuis sa création le cyclisme est professionnel et les réformes se sont succédées. DirectVelo vous propose de réviser l’histoire des structures du cyclisme pro. Septième rendez-vous : Hein Verbruggen, le révolutionnaire

1986 LEMBEEK : LA RÉVOLUTION DANS LA BOUE

Alors que les Championnats du monde de cyclo-cross se disputent dans la boue de Lembeek, le comité directeur de la FICP se déroule à l'abri. À la fin de la réunion, Hein Verbruggen sort ses transparents (c'est moderne à l'époque) et abat ses cartes. Le Président de la FICP présente son projet de refonte du calendrier. Crime de lèse-majesté ! Le calendrier était la chasse-gardée de l'AIOCC et de Félix Lévitan. La première révolution d'Hein Verbruggen, c'est donc la reprise du pouvoir des mains des organisateurs au profit du pouvoir fédéral.

Le projet d'Hein Verbruggen repose sur plusieurs points :

Relancer la Coupe du Monde intermarques en cherchant de nouvelles organisations, y compris en dehors de l'Europe pour arriver à douze manches. Le modèle, c'est le Championnat du Monde de F1 avec une douzaine de Grands Prix. L'internationalisation est un des objectifs recherchés. En 1986, il n'est pas encore question de classement individuel.

Hein Verbruggen veut aussi faire du ménage dans le calendrier. D'abord en l'organisant lui-même. Il veut attribuer une date fixe aux organisations. Ensuite, il veut supprimer le gel du calendrier organisé par l'AIOCC depuis 1982 qui interdit toute nouvelle organisation de but en blanc. Le but est de faire de la place aux épreuves venues de nouveaux pays. Un des moyens est de réduire les 3 Grands Tours et les courses à étapes d'une semaine.

Hein Verbruggen veut supprimer la notion d'épreuves protégées pour les courses hors-catégorie.

LES PLANÈTES EN LIGNE DE CHAÎNE POUR HEIN VERBRUGGEN

En quelques années, plusieurs évènements qui n'ont apparemment rien à voir les uns avec les autres vont transformer le milieu du vélo en un terreau fertile pour les réformes d'Hein Verbruggen.

En 1985, Hein Verbruggen est élu Président de la FICP. Il remplace Josy Esch, décédé. L'ancien Président, un Luxembourgeois, s'accordait bien avec Félix Lévitan. Hein Verbruggen était déjà vice-Président de la FICP.

En 1984, sur une idée de Xavier Louy, bras droit de Félix Lévitan, le magazine Vélo - dirigé par Jean-Marie Leblanc - publie un classement mondial des coureurs (sans classement par équipes) sur le modèle de l'A.T.P. Il existe déjà le Super Prestige Pernod qui désigne les meilleurs coureurs les plus réguliers de la saison. Il est vu comme le Championnat du Monde par points officieux et en plus il est bien doté en argent. Mais dans le « Pernod », seuls les tout premiers des courses marquent des points. Avec le classement Vélo, pour arriver à 500 classés, on ratisse large. Les 50 premiers des grandes classiques sont récompensés. De plus, les résultats vieux de plus d'un an sont comptabilisés. Il faut attendre 1997 pour que le classement, devenu UCI, ne concerne que les résultats des douze derniers mois.

Ce classement Vélo, repris par la FICP va servir à classer les équipes pour la Coupe du Monde nouvelle formule en 1989.

La hiérarchie des courses en classes, est aussi un héritage du classement Vélo qui a besoin de différents barèmes.

LES ÉQUIPES DEVIENNENT DES ENTREPRISES ET UN CONTRE-POUVOIR

En juillet 1985, Renault annonce qu'elle arrête de patronner son équipe cycliste. Cyrille Guimard, le directeur sportif, se retrouve le bec dans l'eau. Il va rebondir en devenant propriétaire de sa propre équipe, avec son leader Laurent Fignon. Ils créent France Compétition qui vend l'espace publicitaire du maillot de l'équipe à Système U puis Castorama. Avant lui, Peter Post avait créé une fondation, « Stichting CBA » comme structure de son équipe Panasonic.

Les directeurs sportifs salariés des groupes sportifs deviennent des chefs d'entreprise, des « managers », ça fait mieux. Mais comme pour toute entreprise, quand le client s'en va (le sponsor), il n'y a plus qu'à baisser le rideau. Et comme tout chef d'entreprise, ils préfèrent voir le carnet de commandes rempli longtemps à l'avance. Le ProTour comblera leur attente. Et pour l'équipe devenue entreprise, la licence Pro puis WorldTour va devenir un « pas de porte », un capital qu'on peut revendre à un concurrent.

Les groupes sportifs sont réunis à l'échelon international dans l'AIGCP (1). Verbruggen les considère comme des partenaires et les incite à se réunir. Dès 1987, il promet à l'AIGCP une place au comité directeur de la FICP . Il va se servir des équipes comme un contre-pouvoir face aux organisateurs et Hein Verbruggen donnera deux sièges à cette AIGCP dans le Conseil du Cyclisme Professionnel à partir de 1999. L'AIGCP servira donc de Cheval de Troie au Président de l'époque, Manolo Saiz, l'inspirateur du ProTour.

La protection des courses hors-catégorie agacent les meilleurs coureurs du peloton, ceux qui sont classés 1ère catégorie et qui sont donc obligés de les courir, sous peine de ne pas courir ailleurs le même jour et la veille. D'autant, qu'ils n'ont pas de compensation en échange de cette obligation.

LE TOUR OF AMERICA, LE DÉTONATEUR À MÈCHE LONGUE

En 1983, dans le cadre de la conquête de l'Amérique, le Tour of America (2) est organisé aux mêmes dates que Paris-Roubaix. Bernard Hinault, dont l'homme d'affaires de l'époque co-organise la course, veut y participer pour faire la propagande du cyclisme outre-atlantique. Il donne seulement le départ car les organisateurs de Paris-Roubaix ne l'autorisent pas à participer à cette nouvelle course. Le Blaireau est au départ de la ''Pascale'' le dimanche, contraint et forcé par l'application de la protection des classiques.

L'internationalisation du cyclisme, tant voulue par Hein Verbruggen, existe déjà en réalité. D'ailleurs il y a toujours eu des cyclistes professionnels sur tous les continents. Des Australiens, des Américains du Nord et du Sud, des Japonais et même des Indiens sont venu disputer les Championnats du Monde sur route. Cette internationalisation a longtemps été entretenue par les clubs amateurs français, italiens et belges qui accueillaient des coureurs “aventuriers” qui se faisaient remarquer par les équipes européennes pour passer pros. Mais les différences de niveaux sont grandes et pour rendre populaire le cyclisme pro en dehors de son berceau de l'Europe de l'Ouest, rien de mieux que les grandes épreuves du calendrier.

En 1976, les organisateurs du Tour et du Giro travaillent ensemble sur le projet d'une course aux Etats-Unis pour fêter le Bicentenaire du pays. La télévision japonaise, la NHK, est captivée par le spectacle du Tour de France, une équipe du Japon vient disputer le Tour de l'Avenir en 1983. La télévision américaine est épatée par le spectacle de Paris-Roubaix dans la boue. Les Colombiens débarquent sur le Tour en 1983. En 1985, les Américains de 7-Eleven découvrent le Giro, un an après l'équipe Motta, américaine elle aussi. Les organisateurs du Giro rêvent aussi à un départ outre-atlantique.

Certes, l'UCI a tenté de convertir des pays au cyclisme pro en proposant ses Championnats du Monde. Mais les tentatives de Montréal, Goodwood ou au Colorado sont sans lendemain. En revanche, la Coors Classic, le Tour du Colorado open, d'abord inscrite au calendrier amateur est devenue une course pro et attire des équipes européennes.

LE GROS COUP DE BERLIN 1987

En 1989, avant la chute du Mur de Berlin, deux équipes professionnelles de l'Est se montent. Une en Pologne, le premier pays de l'Est affilié à la FICP. La seconde avec des coureurs d'URSS, affiliée à Saint Marin . Avec la chute du Mur en novembre 1989, l'internationalisation du cyclisme pro va aller crescendo. La suppression de la distinction entre pros et amateurs en 1996, va achever l'internationalisation.

Mais le plus gros coup pour la renommée internationale du vélo, il faut le mettre au crédit de Félix Lévitan et du Tour de France. Pour 3 millions de Deutsch Marks, Berlin-Ouest s'offre le départ du Tour de France. Le peloton au pied du Mur, ça a quand même de la gueule. De plus, le public ouest-allemand est au rendez-vous alors que le cyclisme pro ne décolle pas outre-Rhin. Le Tour d'Allemagne a disparu depuis 1982.

Japon, Etats-Unis, Allemagne. Si ces trois pays se convertissent au vélo, le budget publicitaire de leurs entreprises intéressera beaucoup le cyclisme pro.

Mais Félix Lévitan ne verra pas sa réussite du départ du Tour à Berlin-Ouest. En Mars 1987, il est limogé de son poste de la Société du Tour. Du jour au lendemain.
Son patron, Philippe Amaury lui reproche des investissements financiers dans le cadre du Tour of America 1983. Cette course en une seule édition aura donc beaucoup compté dans l'évolution du vélo !

Félix Lévitan sera réhabilité, mais en 1987, lui le personnage le plus influent du cyclisme pro doit quitter le vélo qui fait sa vie depuis soixante ans.

Hein Verbruggen le reconnaît, ce limogeage lui laisse les mains libres et lui facilite les choses. D'ailleurs, à partir de 1989, les organisateurs du Tour se déclarent "légalistes" et suivent la voie de la FICP.

Mais attention, Philippe Amaury, le patron, sera l'adversaire le plus acharné de son projet de ProTour en 2004.

LE TOURNANT DE LA SÉLECTION PAR ÉQUIPES

En 1987, Hein Verbruggen et l'avocat Me Verbiest fignolent leur projet. Le classement individuel de la Coupe du Monde fait son apparition.

A partir de 1988, la FICP limite à 200 le nombre de partants de toutes les courses internationales. En 1987, il y a 273 coureurs au départ de Milan San Remo. Alors comment sélectionner les équipes qui disputeront les Coupe du Monde ?

Au début du projet, la première idée est de réserver les classiques Coupe du Monde aux équipes qui possèdent un des 50 premiers du classement Vélo-FICP. En 1987, Verbruggen abandonne l'idée. "Nous prenons en compte les équipes dans leur globalité. Nous compterons les points des cinq meilleurs coureur de chaque équipe" (3).

On passe donc d'une logique individuelle, de vedettes, à celle du classement par équipes. Ce virage est très important. Avant, un seul grand nom pouvait garantir la présence de son équipe au départ d'une classique, quand il n'y était pas déjà obligé par le fait d'être coureur 1ère catégorie. Avec ce changement, il faut appartenir à une grosse équipe pour être sûr de participer aux grandes classiques. Et pour être grande, une équipe doit recruter les coureurs les mieux dotés en points. Une des autres conséquences de ce changement, c'est l'augmentation des salaires en fonction des points FICP.

Cette sélection des équipes va déboucher sur les divisions, d’abord deux puis trois, puis, le ProTour.

En 1987, il est question de réserver la Coupe du Monde aux 20 premières équipes, classées en catégorie A. Les autres sont en catégorie B.

Au final, en 1989 pour les débuts officiels de la Coupe du Monde FICP, les 20 premières équipes au classement FICP sont autorisées (et pas obligées) à participer aux manches. Pour être présentes au classement final, les équipes doivent participer aux 4/5 des courses et les coureurs, aux ¾ des manches. Le nombre d'équipes est limité à 28 par manche, avec huit coureurs par équipes et cinq au minimum.

Les équipes restantes sont choisies par l'organisateur prioritairement dans les équipes de son pays classées 21e à 36e du classement FICP.

Cette sélection des équipes ne concerne que les Coupe du Monde et pas les courses par étapes. Pas encore. Mais les organisateurs du Tour, de leur propre chef, se basent sur le classement FICP pour sélectionner leurs équipes en 1989. Ils retiennent d'office les 18 premières équipes du classement FICP et se réservent le droit d'inviter quatre autres équipes.

Mais la règle de la FICP, ne serait pas une règle s'il n'y avait pas une exception. Toutes les équipes n'ont pas anticipé le changement de mœurs liés à la sélection par équipe et plus sur une seule tête d'affiche. Toutes n'ont pas acheté de calculatrice et se retrouvent à la porte de la Coupe du Monde. C'est le cas de Fagor avec Stephen Roche, de Gewiss-Bianchi avec Moreno Argentin et de Del Tongo avec Maurizio Fondriest. Le hic, c'est que Fondriest porte le maillot de Champion du Monde. Une Coupe du Monde sans Champion du Monde, ça fait tache. Alors, Del Tongo est repêchée et fait partie des 21 équipes qualifiées.

Dorénavant, ce sera l'appartenance à une équipe qui va décider du droit d'un coureur à participer à telle ou telle course. Toutefois, en 1994, les coureurs dotés de plus de 300 pts UCI ne peuvent plus courir une course Open. C'est une conséquence d'une colère de la Société du Tour de France qui voit Paris-Roubaix déserté par de très bons coureurs, partis se préparer au Circuit de la Sarthe Open. C'est une forme de retour de la protection des grandes courses abandonnée par Hein Verbruggen dans sa réforme de 1986.

HEIN VERBRUGGEN BÂTISSEUR DE MONUMENTS

Le Président de la FICP profite du Tour de France 1988 pour présenter sa Coupe du Monde millésime 1989. Il y aura douze manches.

Depuis le début de son projet en 1986, Hein Verbruggen parle des « Monuments » du cyclisme, alors que l'expression n'est guère utilisée à l'époque (lire ici). Il les a réduits à cinq. Pourtant à l'époque, il y a neuf classiques classées Hors-catégorie dont Créteil-Chaville redevenue Paris-Tours en 1988 (4). Certes ce sont les plus anciennes des grandes courses qui sont retenues. En les réduisant à cinq, Verbruggen se permet de faire le ménage autour de ces monuments et se réserve le droit de remplacer des courses européennes par des nouvelles courses dans les nouveaux pays.

En 1988, Hein Verbruggen est très heureux, pour prouver le côté international de sa Coupe du Monde de promettre la création d'une manche en Grande-Bretagne. À l'époque c'est un pays exotique dans le cyclisme pro. Cette organisation est confiée à Alan Rushton qui organise déjà le Tour d'Irlande et le Tour de Grande-Bretagne. Deux épreuves à l'espérance de vie assez courte. Le « Grand Prix » de Grande-Bretagne va changer de nom et de lieu plusieurs fois. La dernière, la Rochester Classic ne survivra pas à l'édition 1997.

Pour 1990, Verbruggen espère proposer une course en Pologne. Et à cette époque, en 1988, la Pologne est de l'autre côté du Rideau de fer. La course ne verra pas le jour. En revanche, la Coupe du Monde 1989 traversera l'Atlantique pour disputer le GP de Montréal, créé en 1988.

Au final, pour sa première édition, la Coupe du Monde compte deux manches en dehors de l'Europe continentale. Pour sa dernière édition, en 2004, toutes les épreuves sont courues en Europe de l'Ouest. La Coupe du Monde n'a pas apporté l'internationalisation voulue au départ, malgré un détour par le Japon. Plus tard, le Centre Mondial du Cyclisme créé par l’UCI en 2002 et les calendriers continentaux aux règles adaptées ont été plus efficaces que la Coupe du Monde pour mondialiser le peloton pro.

PERRIER FAIT PSCHITT

Dans sa présentation de 1988, Hein Verbruggen promet des sous pour sa Coupe du Monde. Il a décroché le parrainage de Perrier, sorti du vélo depuis 1985 et l'arrivée de Coca-Cola sur le Tour. Il promet même pour la 1ère année, 280 000 CHF de prix et 750 000 CHF pour la 5ème année. Mais le parrainage s'arrête fin 1991. L'Union Européenne de Radiodiffusion, l'UER prend le relais avant de laisser le maillot de leader de la Coupe du Monde vierge de tout support publicitaire.

En effet, le meilleur moyen de mettre en valeur le classement individuel de la Coupe du Monde et d'y intéresser le grand public, est d'attribuer un maillot distinctif.
La première année, en 1989, le maillot est un mélange d'orange, vert bouteille et gris, peut être un rappel du Perrier orange ? Dès 1990 le maillot change pour prendre sa forme définitive : maillot blanc avec une bande verticale arc-en-ciel.

L'UCI reprend l'idée du maillot distinctif pour le ProTour en 2005 avant de l'abandonner en 2008 car les équipes n'en veulent pas.

HEIN VERBRUGGEN INVENTE LE MOIS D'AOÛT

La rénovation de la Coupe du Monde est accompagnée par un chamboulement du calendrier.

D'abord, les classiques de Coupe du Monde sont les seules à pouvoir dépasser 200 km, avec un plafond à 250 bornes. Ensuite, Hein Verbruggen et la FICP décident du remembrement du calendrier, là où, autrefois, l'AIOCC l'aurait fait toute seule. Le gros chambardement, c'est de faire du mois d'août un mois comme les autres.

Auparavant, le mois d'août était le mois d'après-Tour, celui des critériums et de quelques courses de préparation pour le Championnat du Monde.

A partir de 1988, le Championnat de Zürich est déplacé de mai à août. Avec la promotion en Coupe du Monde de la Wincanton Classic, du GP des Amériques de Montréal et de la Classica de St Sébastien, le mois d'août devient un mois de classiques.

Mais le Président de l'UCI (à partir de 1991), va encore bouleverser le puzzle du calendrier en 1995. Il déplace la Vuelta d'avril à septembre (après l'avoir proposé au Giro qui a refusé) et surtout, il déplace le Championnat du Monde sur route en octobre, à la demande des organisateurs espagnols. Depuis des années, la semaine arc-en-ciel se tient fin août, début septembre. D'un revers de manche, Hein Verbruggen la repousse donc en fin de saison à une époque où beaucoup de coureurs ont déjà raccroché le vélo. “Ils se privent d'un honneur supplémentaire. Et franchement, je ne comprends pas leur sponsor”, déclare-t-il en 2003. C'est aussi pour ouvrir en grand la fenêtre d'exposition des marques que le Néerlandais retarde à l'automne la course arc-en-ciel. “Les sponsors ne voulaient plus payer pour une saison qui allait de mars à août”. L'UCI délaisse donc une date convoitée par d'autres fédérations sportives qui doivent encore remercier la fédération internationale de ce cadeau providentiel.

CALENDRIER MONDIAL ET LICENCE UNIQUE

Enfin ! En 1996, plus de pros, plus d'amateurs marrons, il n'y a que des Elites. La seule différence, c'est l'équipe à laquelle ils appartiennent. Les GS1 et les GS2, d'un côté et les équipes ou clubs, non-pro, de l'autre.

En réalité, la chute du Mur de Berlin avait déjà précipité la fin de l'amateurisme marron des Pays de l'Est. Leurs meilleurs coureurs passent pro, comme dans les pays de l'ouest, d'autant plus qu'ils sont très demandés par les groupes sportifs, très friands de ces pépites qui prennent parfois des airs de comètes.

En 1992, la FIAC et la FICP sont dissoutes. L'UCI est une et indivisible. Cette réforme de 1996 est la suite logique.

Les équipes pros sont donc classées en 2 niveaux en 1996. En 1994, la France, en manque d'équipes pro, invente un troisième étage, les équipes promotionnelles, qui sont des équipes professionnelles. En 1999, l'UCI reprend l'idée en créant les GS3, la troisième division.

En 1996, l'UCI renforce la hiérarchisation du calendrier en tenant compte de la nouvelle donne. On ne peut plus parler de course Open, puisqu'il n'y a plus d'amateurs. Mais pour autant, l'UCI ne va pas autoriser n'importe quelle équipe à participer à n'importe quelle course.

Le calendrier international est divisé en deux :
-Le calendrier mondial
-Le calendrier continental

Le calendrier mondial regroupe les Grands Tours, les classiques de la Coupe du Monde. Il est réservé aux GS1 et GS2.

Le calendrier continental est découpé en plusieurs classes : de 1 à 7. Si la classe 1 est réservée aux GS1 et GS2, la présence de ces équipes est limitée dans les autres niveaux. En classe 2, la course peut accueillir au maximum 20% d'équipes non classées GS1 ou GS2. En revanche, en classe 5, le plateau doit être composé au maximum de 30% de GS1 et de 50% maximum d'équipes 1ère et 2ème division réunies.

C'est donc le niveau de l'équipe à laquelle appartient un coureur qui décide de sa participation à telle ou telle catégorie de course.

Quand la classe « Hors-Catégorie » est créée en 1998, elle est rattachée au calendrier mondial. Ce calendrier mondial renferme en fait les épreuves qui seront reprises dans le calendrier ProTour en 2005. Tout est donc prêt pour la prochaine grosse réforme du cyclisme professionnel.

Mais un contrôle douanier à la frontière franco-belge le 8 juillet 1998 met au jour l'organisation du dopage chez Festina et la police va enquêter et perquisitionner chez plusieurs équipes du peloton du Tour de France. L'affaire Festina n'est que la première d'une série d'enquêtes policières qui vont rythmer la vie du cyclisme pendant les saisons suivantes. Hein Verbruggen ne s'affole pas, il est persuadé que l'affaire Festina, “est un cas isolé “.

Notre dossier - Les 1001 réformes du cyclisme pro :
-Les pros et les amateurs : des diables et des petits saints
-La bataille de la licence pro
-Il y a du monde dans le peloton
-Des primes de départ aux courses protégées
-L'UCI laisse passer la révolution des extra-sportifs
-Les organisateurs prennent la main
-Le long chemin vers la licence unique
-Hein Verbruggen, le révolutionnaire
-Du Top Club au ProTour
-Un retour et le WorldTour
-Le retour du classement UCI

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