Réserves : Un jeunisme qui inquiète

Crédit photo Corentin Richard

Crédit photo Corentin Richard

Le cyclisme mondial est en pleine évolution. En 2019, à peine sorti des rangs juniors, Remco Evenepoel a débuté dans le WorldTour. La saison réussie du Belge a donné des idées aux équipes rivales de la Deceuninck-Quick Step. Ainsi, Quinn Simmons va défendre cette année les couleurs de Trek-Segafredo quelques mois seulement après son titre de Champion du Monde Juniors. La formation américaine a également engagé Antonio Tiberi pour 2021. L’Italien ne patientera donc qu’une seule saison dans le peloton des Espoirs. 

Chacun est à l’affût de la dernière « pépite », parfois dès les rangs Cadets. “Les équipes sont à la recherche de coureurs de plus en plus jeunes. On commence à voir pas mal de coureurs de 18 ou 19 ans qui intègrent directement une grande équipe professionnelle, mais attention à ne pas laisser mourir les DN1 et leur travail précieux”, affirme Christophe Le Mével, contacté par DirectVelo. Les clubs réserves vont-ils devoir s’adapter ? “Oui, il faudra peut-être y penser, répond Damien Pommereau, directeur sportif du Vendée U. J’ai l’impression que bientôt, certains n’évoqueront même plus la notion de formation”

UN MANQUE DE PATIENCE ? 

Cet hiver, Donavan Grondin a quitté le Vendée U pour rejoindre Arkéa-Samsic, et ce dès la fin de sa première année Espoirs. Faire passer pro un coureur dès ses 19 ans n’est pas une habitude au sein de la structure vendéenne. Ces dernières années, Thomas Boudat, Mathieu Burgaudeau et Bryan Coquard, brillants chez les Amateurs, ont dû attendre deux ans pour rejoindre l’Élite. Le Réunionnais a donc préféré prendre les devants.

Au Chambéry CF, il faut encore davantage patienter. Romain Bardet a rejoint AG2R La Mondiale à l’issue de sa troisième année Espoirs. Benoît Cosnefroy et Nans Peters ont eux fait leur quatre années chez les moins de 23 ans. La mode du jeunisme chez les professionnels inquiète donc forcément au sein du CCF. “C’est une tendance qui se développe, observe Loïc Varnet. On laisse penser que les jeunes seront opérationnels de suite. Si on observe le parcours de Matteo Jorgenson : il a 20 ans et je le considère jeune pour déjà rejoindre une équipe WorldTour. Il a connu deux saisons incomplètes en raison de blessures. À ma connaissance, même s’il est attachant, il n’a pas gagné de courses”

UNE CRAINTE RÉELLE

Cette mode laisse penser, selon lui, que les équipes de développement n’ont plus leur place pour certains dans le milieu.
“Ce sont les équipes WorldTour qui veulent donc assurer des résultats et la formation des jeune. Ça m’interpelle. Ma crainte est réelle sur la bi-qualification. Notre premier argument n’est pas le site de Chambéry ou la proximité avec AG2R La Mondiale, mais la capacité à suivre un cursus universitaire. Les coureurs peuvent passer pro chez nous en ayant un diplôme après le Bac. Ça me préoccupe car ce n’est pas crédible de dire que les équipes WorldTour vont les libérer pour les études, tout en demandant des résultats. Le modèle de la bi-qualification est mis en péril si ça doit perdurer”

Le début de carrière de Remco Evenepoel devrait encore accentuer cette tendance ces prochaines saisons. Mais combien vont se casser les dents ? C’est la grande crainte des clubs amateurs qui, pour leur part, doivent également faire avec la concurrence des équipes Continental de développement. 

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