Le Tour d'Europe de Marcel-Millet et Froidevaux

Après les "sprinteurs", www.directvelo.com continue son tour d'horizon sur la piste. Philémon Marcel-Millet (AC Bisontine, 20 ans) et Maxime Froidevaux (Team Chris Net, bientôt 19 ans) forment une paire de madison franco-suisse, sur différents 6 jours pour les Espoirs sur les pistes d’Europe. Rencontre avec cette équipe, à la veille des Six jours de Zurich.

LA DECOUVERTE DES SIX JOURS

Philémon Marcel-Millet : J'ai 20 ans et cela fait 7 ans que je fais du vélo. J’ai commencé à l’Amicale Cycliste Bisontine sur la route puis très vite Pierre-Yves Bordy, l’entraîneur des jeunes du club, m’a amené régulièrement sur les pistes de France et de Suisse.
En première année Cadet,  j’ai découvert les 6 jours à Grenoble. Des courses sont organisées chaque soir pour les jeunes avant les pros. Cela permet de goûter à l’ambiance particulière des 6 jours et cela donne vraiment envie d’y participer chez les pros un jour ! Par la suite, je suis revenu à Grenoble où j’ai remporté deux éditions de suite en Junior. Mes bons résultats m’ont valu une sélection en équipe de France pour un stage lors de ma 2e année Junior. Malheureusement je chute quelques jours avant ce stage et me fracture la clavicule... Et je n’ai plus jamais entendu parler de l’Equipe de France depuis lors. Cela a été une énorme déception, après avoir tout donné pour mériter cette chance. J’ai ensuite privilégié mon avenir professionnel. Après mon BAC, j’ai poursuivi mes études en STAPS et j’ai également réussi cette année le concours de sapeur-pompier professionnel. Pour moi, le vélo était derrière…

Maxime Froidevaux : Et je suis arrivé juste à temps ! De mon côté, j’ai 18 ans et je suis un coureur suisse. J'ai débuté  la compétition au niveau national tardivement en 2010 pour ma dernière année Cadet. Cette bonne saison m'a valu ma première sélection internationale au Critérium Européen des jeunes. Et dès 2011, j'ai rejoint l'Amicale Cycliste Bisontine où j'ai fait la connaissance de Philémon. Ce changement de pays était important pour moi, les pelotons imposants de France m’ont permis de progresser.
J'ai trouvé à Besançon un grand soutien de la part des dirigeants et heureusement, car je pense que sans cela j'aurais déjà raccroché mon vélo. Je n'ai en effet pas été gâté durant mes années Juniors avec plusieurs fractures à la main à l’été 2011. Mais j'ai surtout subi durant plus de deux saisons un problème extrêmement rare qui me coupait la circulation sanguine au niveau du diaphragme, ce qui m’endormait complètement la jambe gauche après 20 minutes de course.  
Paradoxalement, j'ai pu me qualifier pour les Championnats d'Europe puis pour les Championnats du Monde Junior sur piste, en 2012. Il faut dire qu'il n'y a que sur piste que j'arrivais encore à terminer des courses, donc mon entraîneur a très vite modifié mon programme d'entraînement dans ce but. La qualification n'était pas une satisfaction sur le moment. Au début de saison, j'avais de grands objectifs pour la route et ce changement forcé, je l'ai vécu comme un échec. Après coup, je me suis rendu compte que d'avoir la confiance du sélectionneur malgré ces gros problèmes était une chance énorme.

L'UIV CUP, LES 6 JOURS POUR LES ESPOIRS

Maxime Froidevaux : C’est de ces problèmes qu’est née l'idée des 6 jours UIV Cup. Ce sont les 6 jours réservés à la catégorie Espoirs, qui se disputent en prélude des 6 jours pros, sur 3, 4 ou 6 jours. Lorsqu'on a évoqué le sujet, mon entraîneur, Cédric Bugnon, m'a directement parlé de Philémon comme partenaire. Phil a un don, il sent la course mieux que personne. Il n’y en a pas beaucoup qui peuvent rivaliser tactiquement et techniquement avec lui. Je ne suis pas mauvais non plus de ce côté-là, mais lui il est hors-catégorie !

Philémon Marcel-Millet : Ce projet m’a tout de suite branché, c’était maintenant ou jamais et on s’est investi à fond dedans. Fin juin, nous participions aux 3 jours de Fiorenzuola. L’expérience était plutôt satisfaisante, nous avons réalisé que nous avions le niveau pour ces courses au plus haut niveau Espoir en ne perdant aucun tour. Puis en septembre, nous avons participé aux Grand Prix de Lyon de l’américaine où nous avons remporté la première manche devant plusieurs paires professionnelles avant de terminer au 3e rang final. Nous avons aussi eu de la chance !
Au début de l’hiver, nous avons participé aux 3 jours d’Aigle pour la première fois avec les pros. C’est toujours plaisant de participer à une course comme celle-ci, avec des grands coureurs comme Elia Viviani ou Kenny De Ketele entre autres. On y va sans trop de pression, pour apprendre, et surtout pour limiter au maximum les dégâts !

Maxime Froidevaux : Nous devons aussi apprendre à se connaître d’un point de vue humain, comprendre comment l’autre fonctionne. Alternativement, il y en a toujours un qui sera plus en jambe que l’autre. Parfois, cela peut créer des frustrations. Mais de ce côté-là aussi, nous avons bien progressé. Amsterdam était encourageant car nous nous sommes améliorés au fil des jours. Je pense que l’on doit apprendre à courir uniquement pour le plaisir et l’apprentissage cette saison. Les résultats, on les regardera l’hiver prochain ! Je crois qu’avec Philémon, on vise les résultats à plus long terme.

ZURICH, LE PROCHAIN OBJECTIF

Philémon Marcel-Millet : En tout cas, les courses réalisées depuis le début de la saison me donnent envie de progresser encore plus pour jouer avec les meilleurs. On sait que c’est possible. La prochaine échéance c’est les 4 jours de Zurich, de mercredi à samedi. Le niveau sera encore plus relevé qu’à Amsterdam.

Maxime Froidevaux : On prendra les soirées les unes après les autres. Je n’aborde pas forcément cette course dans les meilleures conditions ayant été malade quelques jours. C’est d’autant plus dommage que Philémon est en grande condition, mais cela fait partie du jeu et je vais m’arracher afin d’élever mon niveau. Le plus dur pour moi, lorsque je dois rouler au-dessus de mes capacités, c’est de garder toute la lucidité nécessaire pour passer des relais de qualité.

Philémon Marcel-Millet : Il est vrai que c’est un peu dommage de ne pas avoir réussi pour le moment à être en top forme en même temps, mais cela viendra bientôt, c’est aussi ça l’expérience. Les occasions ne manqueront pas car nous devrions participer aux 6 jours de Rotterdam début janvier, puis enchaîner directement avec les 6 jours de Brême. Cela fera 2 semaines de voyage et de vie commune, c’est aussi pour cela que l’entente doit être excellente ! Avant cela, nous espérons participer à la soirée professionnelle des 2 jours de Genève à la mi-décembre. Et puis il restera peut-être d’autres 6 jours plus tard dans l’hiver. Nous pouvons vraiment nous montrer heureux d’être invités à la plupart de ces grands rendez-vous, car nous arrivons un peu de nulle part !

Crédit Photo : Philippe Pradier - picasaweb.google.fr/PHPHOTO42
 

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