Alexandre Balmer, sans se presser

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

C'est sur la côte ligurienne, du côté d'Alassio et son arrière-pays, que la saison 2021 d'Alexandre Balmer a pris une autre tournure. Pendant dix jours, le coureur de la Groupama-FDJ Continental a participé au stage de préparation organisé par son équipe. Un séjour studieux pour les jeunes qui, entre exercices d'intensités et travail spécifique, ont également reçu la visite de Marc Madiot - "Il nous connaît tous. Ça permet de voir qu’on n’est pas mis de côté" -, à un moment où la reprise de la saison, prévue ce mardi sur Le Samyn, se rapprochait fortement. "On a vraiment été chouchoutés pendant dix jours. Nous n’avions rien à faire, rien à préparer, explique à DirectVelo le coureur de 20 ans. Ça a aussi permis de revoir les gars et de découvrir les nouveaux. Nous avons un bon groupe. Il y a un bon mix entre les sprinteurs et les grimpeurs. Et puis le temps passe plus vite quand tu es en groupe. À l’entraînement, tu es seul et tu regardes tes watts. Là, c’était un peu comme retrouver la sensation d’être en course !".

Qu'il se rassure : la course, c'est pour bientôt. Mais au contraire de ses coéquipiers réquisitionnés en Belgique, c'est toujours en terre italienne que le Suisse s'apprête à faire son retour à la compétition. La conclusion d'un hiver agité, lui qui a été victime d'un Covid particulièrement tenace qui a longtemps retardé son retour à l'entraînement. "C’était un peu l’incertitude. Les médecins de chez moi voulaient que je m’arrête pendant trois mois, révèle-t-il. Heureusement, j’ai passé des analyses plus poussées, et depuis, ça va mieux. Mais, du coup, je n’ai repris que fin-décembre. Bon, ça va quand même. J’ai bien travaillé aux Canaries en janvier, et je pense que j’ai déjà retrouvé un bon niveau, même si j’en ai encore sous la pédale. Mais c’est toujours pareil avec moi, je suis les programmes de l’équipe, mais j’ai toujours l’impression de ne pas en faire assez, alors qu’ils savent ce qu’ils font", positive-t-il.

« UN PODIUM SUR LE BABY GIRO, CE SERAIT LE RÊVE »

Ce mercredi, sur le Trofeo Laigueglia, Alexandre Balmer effectuera donc sa rentrée à quelques kilomètres d'Alassio (il n'est pas retourné chez lui entre temps), mais aussi ses premiers pas avec l'équipe première, lui qui a été surclassé pour l'occasion. "Ça met un peu la pression de débuter directement avec la WorldTeam, reconnaît-il. La distance ne me fait pas peur. L’endurance est une de mes forces. Je récupère bien. C’est plus sur le niveau général que je me pose des questions". Sur la course catégorisée 1.Pro, dont le plateau s'annonce en effet relevé, avec la présence de formations comme Deceuninck-Quick Step, Trek-Segafredo ou encore le Team INEOS Grenadiers, il côtoiera un des leaders de l’équipe, en la personne de Thibaut Pinot. Un coureur qui l'inspire, et qu'il avait hâte de découvrir. "C’est une fierté de courir avec une de mes idoles, et tout simplement de courir avec l’équipe ! Je sais que je serai peut-être un peu timide, mais ce qui est sûr, c’est que je vais donner le maximum quel que soit mon rôle !". 

Cette année, il est ainsi le premier coureur de la Conti à faire la passerelle avec l’équipe première. Un signe de confiance, qu’il compte bien rendre tout au long de la saison. "C’est bon à prendre. Je sais que j’ai surpris l’équipe en 2020, et qu’ils m’attendent cette année. J’ai vraiment envie de performer sur les courses par étapes du calendrier Espoirs. Un podium sur le Giro Espoirs, ce serait le rêve. J’espère ne pas les décevoir". Et à titre personnel, il se donne encore plusieurs axes de progression. "Je dois encore me découvrir en tant que coureur. Tactiquement et mentalement, il faut encore que je progresse, surtout sur l’approche des courses. Mais c’est aussi pour ça que j’aime la route. C’est un renouvellement constant. On découvre de nouveaux pays, de nouvelles personnes, c’est ce qui m’intéresse". 

Et pourquoi ne pas, à terme, envisager un passage au sein de la WorldTeam, comme Alexys Brunel, Simon Guglielmi, ou encore Jake Stewart avant lui ? Bien que motivé par l’idée, il n’en fait pas une obligation immédiate pour autant. "Physiquement, je pense que je suis prêt. Forcément, ce serait génial de passer l’année prochaine. Ça enlèverait un stress. Mais si on me dit d'attendre un an, et que je passe quoiqu’il arrive en 2023, ça ne posera pas non plus de problème. Il n’y a pas besoin de se presser. Je n’ai pas la pression. Si on performe, on passe. C’est comme pour le salaire. Ce n’est pas pour ça que j’ai rejoint la Conti, mais plutôt pour me concentrer sur moi-même, et évoluer du mieux possible. Et puis, si jamais je ne devais pas accéder au WorldTour, j'aurai toujours le VTT", relativise-t-il, lui qui a été sacré Champion d'Europe et du Monde de cross-country chez les Juniors en 2018. 

« SI JE LE POUVAIS, JE COURRAIS TOUT LE TEMPS »

À l'aube d'aborder sa deuxième saison au sein de la formation dirigée par son compatriote Jens Blatter, qui a récemment dressé les contours du futur exercice de la Conti Groupama-FDJ auprès de DirectVelo (lire ici), le Romand fait aussi le bilan de son année 2020. Douze mois aussi particuliers qu'enrichissants, marqués par une installation au siège de l'équipe à Besançon - "Chacun avait son appart, du coup on ne se voyait pas tant que ça. Maintenant, nous avons une pièce commune, on va pouvoir passer plus de temps ensemble" -, sur lesquels il revient. "C’était une année d’apprentissage, explique-t-il. Comme j’ai commencé la route assez tard, j’avais pas mal de choses à apprendre, aussi bien en course qu’en dehors. Même des choses simples, comme rouler pour les autres, redescendre à la voiture ou s’alimenter au bon moment, ce sont des choses que je ne faisais pas trop chez les Juniors, où j’étais souvent seul. J’ai aussi changé d’entraîneur pour la première fois (il est désormais entraîné par Joseph Berlin-Sémon, NDLR). On s’entend bien. Il arrive à bien me cerner". 

Et d’un point de vue sportif, il retire en grande partie du positif, avec un titre de Champion de Suisse du contre-la-montre Espoirs ainsi qu'une belle performance sur le Tour de Savoie Mont-Blanc (12e du classement général). Une épreuve où il se sentait "de mieux en mieux au fil des jours". Sans omettre toutefois quelques moments plus difficiles. "J’ai eu pas mal de poisse, notamment sur l’enchaînement Championnat d’Europe, Giro et Isard, regrette le 2e du Championnat d'Europe Juniors sur route 2018 derrière un certain Remco Evenepoel. J'ai chuté sur le Championnat d'Europe, puis je suis tombé malade sur le Giro après avoir pris le bidon d’un coureur qui ne savait pas qu’il était malade. C’est dommage". 

Place désormais à 2021 pour Alexandre Balmer. Une saison qui ne se déroulera pas uniquement sur la route. Également Champion du Monde du relais mixte, en compagnie notamment de Nino Schurter, en 2018 à Lenzerheide (Suisse), il continuera de pratiquer son autre discipline de prédilection. Un arrangement prévu de longue date avec son équipe. "L'équipe prend en compte mes envies, mais c'est bien entendu la route qui reste la priorité, affirme-t-il sans préambule. Si je le pouvais, je courrais tout le temps, mais il faut aussi savoir se limiter". Une reprise du VTT qui aura lieu dès la semaine prochaine, puisqu'il disputera, toujours en Ligurie, l'Andora Race Cup, première manche des Internazionali d'Italia Series. "Ce sera l'occasion de retrouver l'effort du VTT, d'être à bloc pendant une heure. En plus, la course est juste à côté de l'endroit où on a fait le stage. C'est à deux minutes de l'hôtel. C'est parfait !". 

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