Février corsé : Les Conti doivent faire avec

Crédit photo Christophe Dague - DirectVelo

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Le mois de février est l’un des moments forts de la saison des formations Continentales. Pour Natura4Ever-Roubaix Lille Métropole comme pour St-Michel-Auber 93, il s’agit en effet de l’un des mois les plus intenses pour diverses raisons. Pour nous, le mois de février est le plus chargé en nombre de jours de course (quinze en incluant la Drôme Classic, qui se déroule cette année le 1er mars, NDLR) et en terme de plateau, notamment avec quatorze équipes WorldTour à la Provence cette année. C’est du costaud”, rappelle Stéphane Javalet pour DirectVelo. Le manager de St-Michel-Auber 93 sait que ses coureurs auront du pain sur la planche ces prochaines semaines. Car contrairement aux WorldTour ou aux ProTeams françaises, lui ne dispose que de dix coureurs dans son effectif. “Le turnover ne se fait pas facilement. Généralement, on a l’habitude de dire qu’il ne faut pas enchaîner deux courses par étapes, notamment pour nos néo-pros. Alors on a essayé d’équilibrer les calendriers au mieux”.

JORDAN LEVASSEUR VA TRAVAILLER À LA MAISON

Du Grand Prix La Marseillaise au week-end en Drôme-Ardèche, en passant par Bessèges, la Provence et le Haut-Var, tous les parcours du mois à venir s’annoncent musclés cette saison. De quoi mettre en difficulté les sprinteurs de ces formations, à l’image de Jordan Levasseur, tout récent lauréat de la Tropicale Amissa Bongo (voir classement). Je devais initialement participer au Tour du Haut-Var mais j’ai décidé de retirer cette course de mon programme. Les circuits sont très durs et je n’aurais sans doute pas été capable d’y performer. Je vais donc devoir me contenter de l’Étoile de Bessèges en février. Pour le reste, je vais travailler à la maison”, admet celui qui a donc bien fait de reprendre la compétition au Gabon dès le mois de janvier. “Cinq jours de course en un mois, c’est léger, surtout en début de saison. Courir est indispensable, l’entraînement ne peut pas remplacer la compétition, mais il faut faire avec. Je vais compenser au mieux avec beaucoup d’exercices spécifiques. Honnêtement, ça ne me pose pas énormément de problèmes non plus”, tient-il à relativiser.

Daniel Verbrackel, manager de Jordan Levasseur chez Natura4Ever-Roubaix Lille Métropole, s’inquiète de voir tous ces parcours devenir encore plus exigeants, avec une nouvelle arrivée au sommet à Bessèges, une ascension du Mont Ventoux jusqu’au Chalet-Reynard lors du Tour de la Provence ou encore trois arrivées en côte en autant d’étapes dans le Haut-Var. “Les organisateurs ont tendance à durcir leurs épreuves. Tout le monde ou presque ajoute des difficultés, que ce soit des cols ou des chemins de terre le reste de l’année. Franchement, ça devient compliqué… Il n’y a plus grand-chose pour les routiers-sprinteurs”. Heureusement, la présence de la Conti nordiste au Gabon a permis d’anticiper et de compenser. Plusieurs de nos coureurs arriveront sur les courses de février avec, déjà, une semaine de course dans les jambes. C’est important. Pour le reste, il a fallu faire des choix et c’est la raison pour laquelle une fois de plus, nous avons décidé de ne pas nous aligner sur le week-end en Drôme-Ardèche, même si c’est à contre-coeur”.

UN RECRUTEMENT EN CONSÉQUENCE

Sprinteur de St-Michel-Auber 93, Bryan Alaphilippe se montre, à l’inverse, plutôt enthousiaste quant à cette situation. Pour d’autres raisons. Je trouve ça bien : muscler les parcours fait venir de belles équipes et de grands coureurs. C’est une bonne chose pour les courses françaises. Il y a de quoi faire tout le reste de la saison pour les sprinteurs, de toute façon… En plus, je suis content de pouvoir courir face à de grands champions sur le Tour de la Provence. Avoir un tel plateau, ça n’arrivera peut-être pas une autre fois dans notre saison. Tout ça me fait donc plaisir, même si je sais que ce sera dur”, sourit-il. Pour autant, bien que de grands noms et de plus nombreuses équipes WorldTour fassent leur retour sur les épreuves françaises du début de saison, les meilleurs sprinteurs français ont tous préféré débuter l'année à l’étranger. “En durcissant les parcours, ils attirent des grands coureurs, mais ils en perdent d’autres. C’est un choix à faire. Si j’étais dans une Conti Pro ou en WorldTour, j’irais sûrement courir ailleurs aussi. Il y fait plus chaud et c’est moins accidenté”, admet Bryan Alaphilippe.

Stéphane Javalet a bien analysé ce durcissement des différentes épreuves du calendrier. Alors, il s’est adapté comme il l’a pu. “On s’aperçoit que les organisateurs ont la volonté de diminuer au maximum le nombre de courses qui peuvent se terminer par un sprint massif. C’est une vraie tendance et on y a réfléchi en fin de saison dernière au moment de notre recrutement, d’où l’arrivée d’Adrien (Guillonnet) chez nous. Bon, tout ça reste jouable… Mais disons qu’il ne faudrait pas des Tour du Haut-Var tous les week-ends car on se poserait des questions pour savoir comment faire”, se marre le manager de la Conti francilienne.

ADRIEN GUILLONNET VA TOUT ENCHAÎNER

Si les sprinteurs des Conti devraient compter sur les doigts d’un main les possibilités de pouvoir entrevoir des sprints prochainement, d’autres coureurs comptent bien en profiter pour exploiter leurs qualités de puncheur ou de grimpeur. C’est notamment le cas de Julien Antomarchi chez Natura4Ever-Roubaix Lille Métropole, ou d’Adrien Guillonnet chez St-Michel-Auber 93. Ce dernier va tout bonnement enchaîner les six premières courses françaises de la saison. Il y a du pain sur la planche ! Je suis un cas particulier, mais au regard du calendrier de mon équipe, ce mois de février est celui qui me correspond le mieux de toute l’année, avec également une partie de la période estivale. Je dois donc me focaliser là-dessus. Peu de coureurs doivent être dans cette situation, et c’est spécifique au fait de courir dans une Conti”. La difficulté est tout autre pour l’ancien membre du SCO Dijon. Comment arriver sur un pic de forme dès le mois de février ? “Dans l’idéal, peut-être que ça aurait été bien d’avoir ce genre de parcours et de difficultés un tout petit peu plus tard dans le calendrier mais il faut faire avec. Je préfère enchaîner ces courses-là plutôt que d’aller sur des courses de bordures dans le Nord”.

Même type de dilemme pour Bryan Alaphilippe. Il aura sans doute trois à quatre possibilités de sprinter en février. Alors, doit-il se servir de ces premières épreuves pour monter progressivement en pression, ou peut-il déjà y arriver en bonne condition et en faire de véritables objectifs ? Je suis le cul entre deux chaises. Si je décide de retarder ma préparation, j’arrive sur les premières courses en méforme et je ne passe même pas les bosses avec le peloton… Ou alors, je fais un bon hiver et j’arrive en forme mais pour avoir au maximum trois occasions de briller dans le mois… Il faut trouver le juste milieu”. En Conti, sprinteurs comme grimpeurs tentent de s’adapter au mieux à ce calendrier musclé.

Notre dossier "Février corsé" :
Du pour... et du contre chez les pros 
Les organisateurs cherchent la bonne formule 
- Les Conti doivent faire avec 

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