Février corsé : Les organisateurs cherchent la bonne formule

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

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C’est bien connu : on ne peut pas plaire à tout le monde. Les organisateurs des différentes épreuves du calendrier cycliste ne contrediront pas cet adage. Pour autant, ils essaient chaque année de satisfaire un maximum de monde (partenaires, coureurs, staff, spectateurs, téléspectateurs…) au moment de tracer leurs parcours. Le tout en devant prendre d’abord en compte les possibilités offertes en terme de villes étapes, l’aspect financier y étant également crucial. Cette saison, le calendrier français du mois de février semble particulièrement difficile avec des étapes pour puncheurs voire pour grimpeurs sur chacune des épreuves. Une situation qui partage les coureurs du peloton (lire ici). Mais quelles sont donc les raisons qui poussent les organisateurs à durcir leurs tracés ? “Lors du débriefing de l’an passé effectué avec Marion (Rousse), on a ressenti chez certains leaders d’équipes l’envie d’avoir une arrivée au sommet en 2020. De notre côté, on avait déjà le sentiment qu’un Tour de la Provence sans une arrivée au Géant de Provence, ça faisait comme un manque… Nous avons donc décidé de prendre ce risque. Ce n’était pas un choix évident à prendre. Nous avons longtemps hésité car on connaît les risques d’un passage là-bas au mois de février. Mais finalement, nous nous sommes lancés”, répond Pierre-Maurice Courtade, l'organisateur, auprès de DirectVelo,  au moment d’évoquer l'arrivée au Chalet-Reynard - Mont Ventoux .

Une semaine avant le Tour de la Provence, l’Étoile de Bessèges va proposer une arrivée au sommet après l’ascension du Mont Bouquet. Une rareté pour cette épreuve qui fêtera cette année sa 50e édition. Roland Fangille, l’organisateur, s’explique : “On s’aperçoit que le cyclisme évolue d’une certaine manière. Les coureurs ne considèrent plus les premières courses comme de simples entraînements. Tout le monde vient pour gagner. Par la force des choses, il faut bien proposer des nouveautés pour rester attractifs face aux autres fronts. Avant, je me souviens que toutes les équipes passaient des semaines en stage sur la Côte d’Azur et elles terminaient leur préparation sur les courses du sud de la France, dont l'Étoile. Tout ça est terminé : ils partent tous en Australie, aux Emirats, en Amérique… Surtout, il semble ne plus y avoir d’intersaison. Les coureurs sont toujours à fond”. Roland Fangille tient également à préciser que cette 4e étape de l’édition 2020, du reste longue seulement de 138,5 kilomètres, n’a rien à voir avec une étape de montagne comme on pourra en voir plus tard dans la saison. “Le Mont Bouquet, ce n’est pas un problème. C’est une petite bosse de 4,5 kilomètres. Quand je vois la qualité des coureurs présents sur notre épreuve, je ne suis pas inquiet. Ce sera un beau spectacle”.

« LES COUREURS SAVENT À QUOI S’ATTENDRE »

De son côté, l’organisateur du Tour des Alpes-Maritimes et du Var (ancien Tour du Haut-Var), Serge Pascal, tient à mettre les points sur les I quant à un éventuel durcissement de sa course. “Je ne considère pas que le parcours est plus dur que d’habitude. On nous dit ça tous les ans mais ça fait dix-sept ans que je m’occupe de l’épreuve et rien n’a changé. Ce type de parcours, c’est historique chez nous, souligne-t-il avant de rappeler le scénario des éditions précédentes. Combien de fois a-t-on eu des arrivées au sprint avec un peloton de 40 coureurs ? C’est une situation qui se présente souvent. Les gars sont prêts dès le mois de février, ce n’est plus comme avant, lorsque le Haut-Var n’était qu’une course de préparation. Les coureurs savent à quoi s’attendre et les équipes s’adaptent : il n’y a qu’à voir la liste des engagés chaque année dans les formations WorldTour. Ils emmènent logiquement leurs puncheurs et leurs grimpeurs, ce n’est pas un problème”.

Du côté du Tour de la Provence, on promet également de faire au mieux et s’adapter aux envies - majoritaires - du peloton. “Pour certains coureurs, comme Thibaut Pinot, notre épreuve est déjà un objectif. Tout cela change la donne. On s’adapte aussi au plateau de l’épreuve. Sans faire injure à certaines équipes, on n’aurait sans doute pas fait cette arrivée au sommet s’il y avait dix Continentales au départ. Mais là, avec quatorze WorldTour et de grands leaders, on peut se le permettre plus facilement. Surtout, les coureurs qui arrivent ici sont déjà prêts à en découdre et en bonne condition”, enchaîne Pierre-Maurice Courtade, qui note tout de même les interrogations de certains. “Il y a deux visions des choses : des coureurs qui veulent des difficultés dès le mois de février pour rentrer dans le vif du sujet et d’autres qui préfèrent un début de saison plus en douceur. Je pense qu’il n’y a pas de recette miracle pour avoir du spectacle. On pourrait aller encore plus loin et mettre quatre étapes de montagne d’affilée sans qu’il ne se passe grand-chose. On sait tous que ce sont les coureurs qui font la course”.

« ON AIMERAIT ATTIRER ENCORE PLUS DE MONDE »

Seule véritable ombre au tableau : l’absence des plus grands sprinteurs, et notamment des meilleurs sprinteurs français en ce début de saison dans l'Hexagone. “L’an prochain, nous passerons à quatre jours de course et nous ferons en sorte d’avoir une arrivée pour les sprinteurs”, déclare Serge Pascal, qui précise tout de même que “les tracés se font en fonction des villes trouvées”. Difficile en effet, dans la région, de tomber sur des arrivées « billards ». “Quand Grasse vous propose une arrivée, vous dîtes oui. Mais comment vous feriez, vous, pour ne pas faire une arrivée difficile à Grasse ?”, interroge-t-il en souriant. À Bessèges, l’absence des meilleurs sprinteurs français semble être une fatalité. “C’est la volonté des coureurs et des équipes. Je réponds simplement que nous aurons, cette année encore, cinq étapes dont trois qui peuvent se terminer au sprint. Une autre pour les grimpeurs et un chrono. Tout cela me semble bien équilibré et chaque coureur peut espérer jouer quelque chose sur notre course”.

Au Tour de la Provence, la 1ère étape pourrait également convenir aux routiers-sprinteurs. Encore que ! “Ce sera dur s’il y a du vent car ce sera très exposé ! Attention aux bordures. Ce sera une question de placement pour la victoire d’étape comme pour le classement général”. Pierre-Maurice Courtade et son équipe d’organisation souhaitent un maximum de spectacle tous les jours. Et ce n’est peut-être qu’un début. “On aimerait attirer encore plus de monde. J’aurais aimé avoir un Primoz Roglic cette année par exemple, mais c’est compliqué. On va tout faire pour monter encore d’un cran à l’avenir. 2020 sera déjà une très belle édition, et 2021 sera peut-être encore meilleure. On voulait aussi offrir de nouveaux terrains de jeux en élargissant la zone géographique de la course et on l’élargira peut-être encore plus à l’avenir”. Chacun tente ainsi de trouver la meilleure formule.

Notre dossier "Février corsé" :
Du pour... et du contre chez les pros 
- Les organisateurs cherchent la bonne formule 
Les Conti doivent faire avec

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