Les Juniors français ont « fait la part des choses »

Crédit photo Hervé Dancerelle / DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle / DirectVelo

Huit journées de course en... neuf jours. C'est ce qui attendait les coureurs de l'Equipe de France jusqu'à dimanche dernier. Les hommes de Julien Thollet ont en effet enchaîné un week-end de Coupe des Nations sur le Grand Prix Général Patton, au Luxembourg - notre photo -, avec l'exigeant et montagneux Ain Bugey Valromey Tour, une course par étapes de six jours. Le sélectionneur national des Juniors revient sur cette expérience auprès de DirectVelo.

DirectVelo : Que faut-il retenir de ces six jours de travail au Valromey ?
Julien Thollet : Il y a eu six jours de compétition avec un groupe qui venait, en plus, de courir deux jours au Luxembourg (sur le Grand Prix Général Patton, NDLR). C'était donc un véritable enchaînement et il fallu vraiment faire attention à la récupération. Pour moi, l'objectif était clairement de mettre en route ce groupe, avec des coureurs qui n'avaient jamais eu l'occasion de travailler ensemble jusque-là. Le Valromey était un bon support de travail : on a pris les journées les unes après les autres et il faut dire que ça a plutôt bien fonctionné avec deux victoires d'étapes et de belles satisfactions. Collectivement, on a été bon pour mettre la balle au fond. On a bagarré au classement général jusqu'au bout avec, notamment, Matis Louvel, même si on se fait battre par un Italien qui était costaud (Andrea Innocenti, NDLR). La semaine a été très positive. La seule mauvaise nouvelle est d'avoir perdu Maxime Bonsergent sur blessure (voir ici). On attend de voir comment évolue sa blessure pour les Championnats d'Europe.

« LES FAIRE RÉFLÉCHIR »

Au matin de la dernière étape, trois membres de l'Equipe de France étaient encore dans les premières positions du général, à pouvoir espérer remporter l'épreuve : tactiquement, il y avait pas mal de choses à tenter ?
C'est sûr que ça permet à tout le monde de progresser. J'ai passé beaucoup de temps à étudier le classement général avec eux. Je voulais les faire réfléchir aux différentes situations de course possibles. Je voulais qu'ils se mettent à la place du maillot jaune, de l'Italien qui était à 52 secondes etc. Et en fonction de tout ça, voir comment on pouvait agir. Le parcours était ultra-exigeant le dernier jour et on a bien vu avec des coureurs comme Théo Nonnez que ça devenait dur de tenir. Il avait fait tellement de travail toute la semaine... Matis Louvel a failli faire basculer la course jusqu'au dernier moment. L'Italien n'avait pas de marge, c'était intéressant.

Physiquement, comment as-tu trouvé les Juniors le dernier week-end : étaient-ils encore relativement frais ou commençaient-ils à "plonger" ?
Ils m'ont vraiment surpris. Lorsque Thomas Champion a pris le maillot sur la 4e étape, j'avais clairement dit aux gars de ne pas assumer le poids de la course malgré ce que beaucoup d'équipes attendaient. La raison était simple : Il fallait que les gars s'économisent un peu car j'avais peur des dernières journées. Mais au final, j'ai vu qu'ils récupéraient vraiment bien. Evidemment, ils étaient quand même fatigués. Ils étaient entamés comme l'ensemble du peloton et le matin, ils me disaient : "J'ai les jambes lourdes là...". Mais franchement, ça a bien tenu. J'ai trouvé qu'ils étaient très appliqués. Ils ont tous compris qu'au niveau de la récupération, l'avant et l'après-course étaient très importants. 

« IL Y A DES GARÇONS QUI TIRENT LEUR ÉPINGLE DU JEU »


On sait que chez les Juniors, ça part toujours dans tous les sens. Y'a-t-il eu quelques "temps morts" cette fois-ci, sur six jours ?
Franchement, il n'y a eu aucun temps mort ! Ils ont même fait 50 km/h de moyenne sur la première heure de course une fois. Ils terminent l'étape à 46 de moyenne... Ça n'a jamais débranché.

Même si tu étais concentré sur tes coureurs de l'Equipe de France, tu as aussi dû avoir un oeil sur les autres coureurs français présents sur la course...
C'était l'occasion d'avoir des confirmations. Des garçons comme Paul Lefaure ou Thomas Champion, par exemple, ont fait une très belle course. Théo Delacroix a fait un numéro le samedi lui aussi. Ce sont des coureurs que j'avais déjà identifié mais c'est vrai qu'en passant six jours au sein de ce peloton de Juniors, c'est intéressant. Ça me permet de voir comment chacun gère sa course. Tactiquement, il y a des garçons qui tirent leur épingle du jeu. Je vais en tirer des enseignements pour la suite.

« LES COUREURS ÉTAIENT PEUT-ÊTRE UN PEU PERDUS »

Comment as-tu jonglé entre ton rôle de "directeur sportif" à la tête de l'Equipe de France cette semaine, et celui plus large de sélectionneur national, puisque tu as dû affronter des coureurs qui, pour certains, porteront eux aussi le maillot de l'Equipe de France à plus ou moins long terme ?
C'est une situation très particulière, que l'on ne rencontre pratiquement jamais puisqu'avec l'Equipe de France, on court toujours à l'étranger et on ne court jamais en France pour éviter, justement, ce type de situation. Mais à vrai dire, je me mets surtout à la place des coureurs, pour qui cette situation est encore plus difficile à gérer. Je pense notamment à Louis Barré. Il était avec nous sur le Patton et il sera à nouveau avec nous sur les Championnats d'Europe mais là, il a couru avec son club. Du coup, il s'est retrouvé adversaire avec les autres coureurs de l'Equipe de France. Et je ne voulais pas qu'il y ait de sorte de mélange ou d'entente sinon, on ne s'en serait jamais sorti. Au Valromey, il y avait peut-être entre douze et quinze coureurs qui ont déjà portés les couleurs de l'Equipe de France cette année. Mais je ne pouvais pas brider l'équipe en disant par exemple : "Là vous ne roulez pas parce qu'il y a quelqu'un que l'on connaît devant". C'est délicat. Et du coup, les coureurs étaient peut-être un peu perdus. Il fallait bien faire la part des choses. De toute façon, c'est une situation qu'ils vont retrouver très vite sur le Championnat de France. Ils seront tous adversaires. Mais c'est vrai que ça reste particulier. L'Equipe de France est faite pour se confronter aux étrangers avant tout.

Les Juniors qui disputeront les Championnats d'Europe au Danemark ont-ils eu des consignes particulières pour les prochains jours ?
Je suis en contact avec chacun des entraîneurs mais chacun s'adapte en fonction de son état de forme. Globalement, il va falloir trois jours sans intensité ni volume. Il va falloir recharger les batteries après une semaine exigeante. Après, ils vont tous préparer les Championnats de France puis ce sera vite le moment de partir au Danemark puisqu'on récupérera tout le groupe dès le dimanche soir, et on partira le lundi.

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