Pierre-Yves Chatelon : « Je ne voulais pas casser ça »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

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Il y a un an, l’équipe de France arrivait sur le Tour de l’Avenir pour le gagner avec Lenny Martinez. Au final, le coureur de la Groupama-FDJ avait pris la 8e place d’une édition remportée par le Belge Cian Uijtdebroeks. Ce dimanche, les tricolores prendront le départ sans avoir un favori dans ses rangs mais avec des ambitions autour d’Antoine Huby et Mathys Rondel. Pour DirectVelo, Pierre-Yves Chatelon explique sa sélection et livre les objectifs de l’équipe de France pour ce rendez-vous.

DirectVelo : Tu as choisi de composer l’équipe autour d’Antoine Huby…
Pierre-Yves Chatelon : Antoine (Huby) s’est très vite imposé comme un potentiel leader grâce à sa victoire à la Course de la Paix. Il fait également l’unanimité dans l’équipe. Certains me diront que c’est plus un puncheur qu’un grimpeur, c’est le cas bien sûr mais au Tour de l’Avenir, il n’y a pas une étape de montagne qui fait plus de 100 kilomètres. C’est un format plutôt « punchy ». Je pense qu’un garçon comme lui peut performer lors du chrono en côte des Karellis. Il ne sera pas le leader unique.

Mathys Rondel et Louis Rouland seront les deux autres coureurs pour la montagne…
Mathys (Rondel), je l’ai eu à l’Orlen Nations GP et il m’avait donné entière satisfaction dans le collectif. Je sais qu’il a fait beaucoup de boulot pour les autres chez Tudor, notamment au Giro U23. Il a eu là-bas des résultats peut-être moins bons que d’autres Français mais je sais qu’il a bossé pour son leader (Hannes Wilksch, NDLR). Il a justifié ensuite sa sélection au Tour Alsace où il fait 2e du général. C’est un peu la même chose pour Louis (Rouland). On l’a lancé l’an dernier sur la Course de la Paix. Il progresse étape par étape. Au niveau collectif, je sais qu’il sera irréprochable. À la Course de la Paix, il était là quand il a fallu rouler pour Antoine le dernier jour. Je sais que je peux compter sur lui.

« UN CHOIX DE NE PAS PRENDRE DES ESPOIRS 1ÈRE ANNÉE »

Pourquoi ne pas avoir pris Alexy Faure Prost qui a brillé sur les courses par étapes et même d’un jour ?
Il fait une très belle saison. Que les gens se rassurent, j’ai vu ce qu’il a fait à Liège, au Giro U23, au Tour du Val d’Aoste… L’an passé, on a vu avec Lenny Martinez que l'enchaînement Giro-Val d’Aoste n’était pas simple. J’ai toujours cette crainte-là avec les Espoirs 1ère année. Son titre de Champion de France ne change rien à ce que je pense. Je préfère le laisser au chaud pour l’avenir. C’est un choix de ne pas prendre des Espoirs 1ère année. Il manque aussi Noa Isidore et Thibaud Gruel qui auraient pu prétendre à une place dans le rôle de puncheur. J’ai préféré prendre une équipe plus expérimentée. Je voulais un groupe composé de grimpeurs mais aussi avec des rouleurs pour le chrono par équipes. Il sera important, il ne faudra pas perdre trop de temps avant la montagne.

D’où la présence d’Eddy Le Huitouze et Pierre Thierry ?
Je trouvais intéressant de continuer le travail qu’on a commencé avec eux. Il y a aussi pour eux la perspective du Championnat d’Europe fin septembre. On a un départ de Bretagne pour deux Bretons qui vont connaître par cœur l’étape de Carnac. Ils peuvent être performants sur les premières étapes et surtout ils seront les locomotives pour le chrono par équipes. On a mis une stratégie en place pour bien « timer » les relais en fonction des qualités de chacun, du poids, de la taille etc avec l’aide d’Emmanuel Brunet. L’équipe de France peut apporter ce genre de choses aux coureurs par rapport à certaines équipes. On veut être à la lutte avec les meilleures formations, chaque année on le prépare bien, on le bosse mais on est toujours entre la cinquième et septième place. J’aimerais bien que ce travail porte ses fruits.

Tu as également retenu Axel Huens…
Je voulais un profil puncheur, capable de faire des placettes sur les premières étapes, mais aussi de placer les gars ou d’être là dans les bordures. Mon choix s’est porté sur Axel (Huens). Il a donné entière satisfaction dans la défense du maillot d’Antoine à la Course de la Paix. Une osmose s’est créée là-bas, je ne voulais pas casser ça. Il a une petite pointe de vitesse et sur les débuts d’ascension, il ne grimpe pas si mal que ça. Il a un bon gabarit pour le chrono par équipes. Axel sera notre couteau-suisse.

« JE PENSE QU’ON PEUT BRILLER »

L’an passé, l’équipe de France prenait le départ pour gagner la course avec Lenny Martinez…
On va afficher moins d’ambition que l’an passé même si je pense qu’on peut briller. On ne part pas dans la peau du favori, il y a encore de bons grimpeurs qui seront là dans les autres équipes. On a malgré tout un groupe très solide. On ne part pas pour gagner comme on l’avait claironné l’an dernier (sourire) mais on peut avoir une belle victoire d’étape et un Top 5 voire un podium au général. J’espère qu’on va montrer qu’on n’est pas leader de la Coupe des Nations par hasard. On est aussi là pour continuer à faire de la formation, au-delà des résultats.

C’est pour ça qu’il n’y a aucun coureur d’une WorldTeam ou d’une ProTeam dans la sélection ?
En début de saison, Ewen Costiou et Bastien Tronchon étaient motivés pour faire le Tour de l’Avenir. Je n’ai pas souhaité remettre des coureurs de WorldTour, ils ont tous des programmes avec leur équipe, un beau contrat chez les pros… On n’est pas là pour gagner à tout prix mais pour accompagner des jeunes vers le plus haut niveau. Des Espoirs l’ont déjà atteint, précocement peut-être pour certains. Les jeunes veulent tous signer vite en WorldTour, ils doivent comprendre quand c’est le cas qu’ils ont moins de disponibilité pour l’équipe de France. Il y a toujours de la négociation avec l’équipe, qui se passent bien la plupart du temps mais la priorité va à leur programme chez les pros.

 

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