Depuis le titre de Pauline Ferrand-Prévot en 2014, l’équipe de France Femmes n’est plus montée sur le podium de la course en ligne du Championnat du Monde. Mais cette année, Paul Brousse, sélectionneur, voit des signes d’optimisme. "On peut aborder ce Championnat avec des ambitions supérieures aux années précédentes". Notamment grâce à une Juliette Labous qui semble avoir passé un bon cap cette année. "Juliette est sortie un peu du lot, elle a eu l’occasion d’être leader avec son équipe, et elle a assumé sur le Tour avec une 4e place". La principale intéressée ne s’interdit rien. "Au niveau de la forme je pense qu'elle est bonne, je me suis sentie très bien, c'était déjà très correct au chrono. J'ai pris un repos après le Tour, je suis remontée en puissance après. Tout est ouvert, il faut viser haut, pourquoi pas le maillot même si ce sera difficile". 

Juliette Labous pourra compter sur ses coéquipières autour d’elle. À commencer par Evita Muzic, qui pourrait pourtant légitimement prétendre à des responsabilités. "La leader restera Juliette, je serai là pour l'épauler et aller chercher le meilleur résultat", concède la coureuse de FDJ-Suez-Futuroscope, qui n’a pas eu la meilleure des préparations. "Je suis en bonne condition, mais j’ai eu le Covid il y a quelques semaines. J'ai pu me débloquer sur la Vuelta, ça revient de mieux en mieux". Aude Biannic mettra son expérience à disposition de la Franc-Comtoise, en l'absence d'Audrey Cordon-Ragot. "J’ai les bonnes jambes pour l’aider, je suis satisfaite de mes sensations après la Vuelta". Quant à Gladys Verhulst, elle vivra sa première sur un Mondial. "Je serai prête à tout donner pour Juliette samedi. C'est une très belle expérience, la plus belle de ma carrière. J'ai hâte d'être au départ samedi et de faire briller ce maillot bleu". 

« UNE FOIS, ÇA NE SERAIT PAS POUR MOI, MAIS SIX FOIS ÇA VA PLUS ME CONVENIR »

Paul Brousse peut compter sur de plus en plus d’éléments lorsqu’il établit ses sélections. "J'ai de plus en plus de mal à faire ma sélection, c'est plutôt bon signe, ça va avec l'évolution du cyclisme féminin et le niveau français". Et le sélectionneur national n’exclut pas de privilégier la jeunesse lorsque cela est possible, et cohérent. "C'est vrai que je peux privilégier une fille plus jeune en devenir qui n'a pas gouté à l’équipe de France. Mais j'ai dû faire face à deux remplacements. Léa Curinier était sélectionnée, et je suis allée chercher une (Coralie) Demay plus âgée pourtant, c’est le niveau sportif qui m'a guidé. Mais on pense toujours à l'avenir, les circuits sont différents tous les ans. Là c'est un circuit où ne peut pas emmener une sprinteuse comme Clara Copponi par exemple". Coralie Demay a justement pu se débloquer en remplaçant Marie Le Net au pied levé sur le relais mixte. La Bretonne, malade, va mieux et reste optimiste quant à une participation à la course en ligne.

Ce parcours, justement, ne sera pas pour déplaire aux Bleues et à Juliette Labous. "Il y a une belle bosse de 7 km avant d'arriver sur Wollongong et le circuit urbain. On peut imaginer que cette bosse fasse de gros dégâts. Annemiek (van Vleuten) va créer des interrogations entre son chrono et la chute. Mais elle peut mettre le feu dès cette première difficulté, la course sera déjà vraiment décantée après le 35e kilomètre si c'est le cas", note le sélectionneur. La coureuse de la DSM a plutôt aimé. "Ça va batailler pour partir en échappée. Sur la première bosse, les premiers kilomètres sont raides, après ça l’est moins, puis il y a une descente assez technique, beaucoup de choses vont se passer. La bosse du circuit est un beau petit mur, ce n'est pas Huy non plus, mais c'est raide et pas très régulier. Une fois, ça ne serait pas pour moi, mais six fois ça va plus me convenir", sourit-elle. Evita Muzic ajoute que "la bosse fait plus mal que sur le papier, ça peut faire une très belle course". Et elle serait encore plus belle avec une récompense pour Juliette Labous et ses coéquipières.