Marc Sarreau : « J’aimerais viser plus haut »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Quel symbole ! Victime d’une chute violente et très marquante l’an passé à l’occasion de la dernière étape du Tour Poitou-Charentes, Marc Sarreau fait son retour sur l’épreuve de Classe 1 de la plus belle des façons en levant les bras sur la ligne d’arrivée de la première étape de l’édition 2022. Net vainqueur à Périgny (voir classement), le sprinteur d’AG2R Citroën s’empare logiquement du premier maillot blanc de leader de l’épreuve. Mais l’essentiel est évidemment ailleurs pour un coureur qui cumule les hauts et les bas. Entretien pour DirectVelo après l’arrivée.

DirectVelo : Tu as clairement été le plus rapide ce mardi !   
Marc Sarreau : On a fait un super travail d’équipe, surtout avec Oliver (Naesen) en dernier appui. Il n’était pas facile de rester groupés puisque ça frottait beaucoup mais Oliver a vraiment fait un gros boulot et après ça, je n’ai eu qu’à finir le boulot. La tactique était d’être vraiment bien placé au moment du dernier demi-tour sans pour autant prendre de risque dans le rond-point. On voulait prendre les commandes aux 700 mètres et c’est ce qu’il s’est passé. On a perdu deux-trois places dans le rond-point face à des coureurs qui ont viré plus vite que nous. Mais j’avais donc encore la chance d’avoir Oliver, qui m’a remonté. Il m’a super bien placé. J’ai dû lancer mon sprint à 250 mètres de l’arrivée mais avant ça, je n’avais pas fait d’efforts superflus alors que j’étais encore frais. J’ai pu faire un sprint au maximum de mes possibilités. Il y a la victoire au bout et c’est super pour tout le groupe.

En 2015 puis en 2017, tu avais décroché tes deux premiers succès professionnels sur ce même Tour Poitou-Charentes mais depuis, tu tournais autour…
J’étais néo-pro lorsque j’ai gagné ici pour la première fois. C’est un bon souvenir, j’étais déjà super content de décrocher ma première victoire ici. J’avais confirmé sur ma victoire suivante. Aujourd’hui, ça fait du bien au moral. Bien sûr, j’aimerais viser plus haut mais ça fait déjà vraiment du bien. C’est une bonne victoire à prendre. Mon objectif personnel, comme celui de l’équipe, était d’aller chercher des victoires d’étapes. Les étapes du Tour Poitou-Charentes ne sont pas trop accidentées, généralement, donc logiquement ça fait des occasions de sprinter. J’ai coché toutes les étapes en ligne comme des opportunités de jouer la gagne. Si on peut le refaire, on ne va pas se gêner.

« J’AI TOUJOURS MA POINTE DE VITESSE »

Après deux saisons sans victoire, c’est ton deuxième bouquet de l’année !
Je gagne moins depuis 2019 mais je l’avais fait à Cholet au mois de mars. Ce n’est pas facile tous les jours mais la roue tourne, parfois, et ça fait du bien de lever les bras, surtout quand on est un sprinteur. Je sais que j’ai toujours ma pointe de vitesse mais c’est vrai que je suis régulièrement à la recherche de sensations correctes donc ce n’est pas facile moralement d’aller toujours à l’entraînement et de se dire que sur les courses, on subit plus qu’avant. Ça fait toujours du bien au moral même si les sensations ne sont pas les meilleures. Un sprint reste un sprint et j’ai toujours ma pointe de vitesse donc ça fait du bien de gagner.

L’année dernière, tu avais connu un moment très dur lors de la dernière étape de ce même TPC…
J’avais terminé ma saison sur la dernière étape, sur une sacrée chute. Alors oui, j’insiste, ça fait du bien de revenir au Poitou et de gagner plutôt que d’être par terre.

« C'ÉTAIT DIFFICILE À VIVRE »

Tu avais été très marqué par ce lourd incident dans les rues de Poitiers…
Mentalement, ce n’était pas simple (après une rupture de son cintre peu avant le sprint, Marc Sarreau était passé par dessus les barrières et avait très violemment percuté deux spectatrices, l’une d’elle ayant été très durement touchée. Le pire avait alors été envisagé pendant quelques heures avant que les nouvelles ne soient finalement plus rassurantes, NDLR). Physiquement, je m’en suis plutôt bien sorti même si le choc était rude. Je n’étais pas le seul impliqué alors c’était difficile à vivre. C’était la deuxième grosse chute qui n’était pas de ma faute (après celle, également très violente, au Tour de Pologne, NDLR). On a beau être sprinteur et un peu tête brûlée, ça fait quand même bizarre... Ça ne m’empêche pas d’aller frotter aujourd’hui et j’aime toujours ce que je fais, j’adore l'adrénaline du sprint. Mais ça fait réfléchir sur ce qu’est une victoire et les risques qu’on prend pour un sprint. On peut même dire que des vies sont en jeu, il y a des risques à prendre et d’autres à ne pas prendre.

Depuis plusieurs saisons, tu es habitué aux montagnes russes avec des victoires, de grandes désillusions et des chutes violentes…
Ça fait deux ans que c’est plutôt galère et c’est presque quotidiennement. Alors quand tu as des collègues qui sont aussi heureux que toi de te voir gagner, ça fait plaisir. Cette victoire apporte aussi beaucoup de bonheur à mes coéquipiers parce qu’ils savent que le vélo n’est pas simple tous les jours. Quand on est sprinteur et qu’on ne gagne pas, c’est galère. C’est même plutôt un petit trou noir qui se creuse… Ce n’est pas facile de gagner. Le faire n’enlève pas toutes les galères mais ça fait du bien. On se projette vers la suite en espérant toujours que ça aille mieux, il faut regarder plus loin en faisant tout pour que la roue finisse toujours par tourner. Je croise les doigts pour la suite et j’espère que c'est le début d'autre chose, d’une continuité.

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