Roxane Fournier : « Je ne suis pas encore finie »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

L’hiver dernier, Roxane Fournier apprenait que sa formation ne compterait pas sur elle pour le Tour de France. Plusieurs mois se sont écoulés depuis, et samedi dernier, la coureuse de la SD Worx a montré qu’elle avait encore des choses à offrir. Pourtant loin d’être dans sa meilleure forme, elle a échoué aux portes du Top 10 sur le Championnat de France (voir classement). Après un an et demi dans l’équipe néerlandaise, la Française de 30 ans a fait le point avec DirectVelo sur son adaptation à l’équipe, cette décision de l’écarter de la sélection à la Grande Boucle (elle qui ne participe pas non plus au Giro), et son futur qu’elle verrait bien, un jour, au départ du Tour, alors qu’elle est encore sous contrat pour 2023.

DirectVelo : Comment s’est passée ta course ?
Roxane Fournier : Je suis contente et déçue à la fois. Contente parce que je reviens d'assez loin, j'ai eu le covid les dernières semaines, jusqu'à cette semaine je ne savais pas si j'allais venir. Et d'un côté je ne suis pas à la rue donc c'est que je ne suis pas encore finie (sourire). Je savais qu'il fallait compter mes efforts, je manquais d'entrainement et de fraicheur. Mais quand ça sort, je savais que ça allait se faire à ce moment-là. J'ai essayé mais je n'ai pas été capable de suivre l'attaque d'Audrey (Cordon-Ragot). Quand tu sais qu'il y a dix ou quinze secondes, soit tu roules maintenant soit c'est cuit. Mais c'était une belle course, Audrey va très bien porter le maillot. Personnellement je suis contente d'être là après les galères, mais à mon meilleur niveau, j'aurais pu espérer mieux.

Pour toi qui es dans une équipe étrangère, et seule fille au départ de ta formation, est-ce un événement particulier ?
C'est toujours une course difficile à lire. On a souvent une échappée qui part au début et on a toujours peur que ça prenne trois minutes et qu'on soit incapable de rentrer. Comme il y a plus d'équipes structurées, il y a plus de monde peut rouler, on l'a vu avec Cofidis. Ça aidait bien qu'elles roulent. Tactiquement, être toute seule est moins galère maintenant qu'il y a quelques années. Ça roule souvent par à-coups, on est moins habitué à ça. D'habitude c'est plus rouleau compresseur. Il faut l'apprivoiser et jusqu'à présent je ne l'ai jamais trop fait (rires).

« ÇA SERA PEUT-ÊTRE DIFFICILE DE REGARDER À LA TÉLÉ »

Tu avais un objectif ?
Je ne voulais pas m'en donner par peur d'être déçue. Être au départ n'était pas gagné, je voulais faire au mieux avec la forme que j'avais. Il y a de la déception car on espère toujours faire mieux, mais il n'y a pas de regrets à avoir. C'était un circuit que j'aimais bien, j'aurais aimé l'aborder à 100%. Mais le covid, tout le monde y passe, ce n'était pas la bonne période. Maintenant je peux mettre ça derière moi et repartir.

Quel est pour toi le programme de l’été ?
Je suis tranquille au mois de juillet. J'ai une semaine de repos avant de me réentrainer pour le mois d'août pour la Suède et le Tour de Scandinavie. Je n'étais pas prévue sur le Tour mais je le savais depuis l'hiver. Je savais que ça serait compliqué d'y être dans cette équipe. Je suis déçue mais je m'y attendais. Ça sera peut-être difficile de regarder à la télé, mais j'espère y être dans les futures années.

« VOIR QU’ON EN PARLE DE PLUS EN PLUS ET QUE MOI JE VAIS ÊTRE DANS MON CANAPÉ… »

As-tu réussi à accepter ce choix ?
Je l'ai su rapidement, plus l'échéance va approcher, plus je vais me dire que ça fait chier de ne pas y être. Mais je savais que dans cette équipe ça serait difficile. Voir qu'on en parle de plus en plus et que moi je vais être dans mon canapé... C'est le premier, il y a l'engouement, en plus en tant que Française. Mais l'équipe joue le général, il y a de grandes chances de faire au moins podium, donc l'équipe a été construite autour de ça. C'est le jeu.

Tu es dans une équipe où le niveau est très élevé…
C'est sûr que ce n'est pas facile tous les jours. Il faut faire sa place, le niveau est très homogène. Les filles sont toutes capables de gagner les plus grosses courses du calendrier. Mais on apprend aussi beaucoup auprès de ces filles. C'est frustrant parfois de ne pas faire ces courses, mais il faut faire sa place et prouver des choses. J'ai encore du progrès à faire.

« IL FAUT QUE JE ME POSE LES BONNES QUESTIONS »

Qu’attendent-ils de toi ?
Ça dépend des courses. Ils me disent que c'est aussi à moi de créer mes opportunités pour gagner des courses. Mais ce n'est pas facile (rires). Je vais déjà finir cette année. J'aimerais bien être bien en août et septembre. Être à mon top niveau. J'ai eu pas mal de soucis de santé et je n'ai jamais trouvé la bonne carburation. Donc j'aimerais me préparer à fond et finir sur une bonne note.

Si tu rêves du Tour de France, envisages-tu de changer d’équipe rapidement ?
Ce sont des choix à faire. Il faut que je me pose les bonnes questions pour voir ce que j'ai envie de faire. Je suis plus en fin de carrière, il ne faut pas se mentir. Je ne vais pas faire de vélo jusqu'à 35 ans. Il faut que je vois ce que j'ai envie pour moi, si je veux faire le Tour un jour, il faut peut-être que je me pose les bonnes questions... (sourire). J'aimerais bien le faire au moins une fois dans ma carrière, je m'interrogerai sur ce que je dois faire pour prendre le départ un jour, mais actuellement je ne sais pas. Il faudra faire les bons choix.

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