Bruno Armirail : « La déception sera là pour un bon petit moment »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

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La réponse n’a pas trainé. 24 heures après avoir été écarté de la sélection pour le Tour de France, Bruno Armirail a pris une petite revanche ce jeudi, sur le Championnat de France contre-la-montre. Le coureur de la Groupama-FDJ a repoussé Rémi Cavagna (Quick-Step Alpha Vinyl) à 24 secondes, et le vainqueur en titre, Benjamin Thomas (Cofidis) à 30 secondes (voir classement). Forcément, le Tour de France était dans toutes les bouches au moment de la conférence de presse. Bruno Armirail s’est expliqué pour DirectVelo.

DirectVelo : Ce titre est-il une revanche après n’avoir pas été retenu pour le Tour de France ?
Bruno Armirail : Une revanche oui et non, j’avais beaucoup de déception. Le chrono était un objectif, je l’ai préparé, même si j’avais été dans l’équipe du Tour j’aurais eu le même mental pour décrocher ce titre. Il y a deux ans je fais 3e, l’an dernier 2e. Il y avait beaucoup de concurrence comme chaque année. Je suis super content de l’avoir fait.

Comment as-tu réagi à cette annonce, hier soir ?
C’est compliqué à expliquer. Quand on n’est pas coureur c’est difficile à comprendre, quand on est si proche d’être dans l’équipe pour faire le Tour… Si j’avais fait un début de saison catastrophique je l’aurais compris totalement, mais je suis arrivé au Dauphiné en étant malade, j’ai failli ne pas prendre le départ, ça s’est fait la veille à midi. Le début a été difficile, la fin a été mieux. La forme augmentait petit à petit. Je suis reparti en altitude chez moi. J’avais tout préparé pour faire le Tour. Malheureusement, je serai prêt, mais dans mon canapé en juillet.

« CHACUN A SON AVIS, MOI J’AI LE MIEN »

Quelles explications as-tu eues ?
Je l’ai su mardi soir. L’explication, c’est la stratégie d’équipe. Ils font le général, ils y vont pour ça. Je n’étais pas assez régulier en début de saison. On ne peut pas être sûr d’une sélection. Mais au stage d’altitude à Tenerife j’étais plutôt assez bien. Après le Dauphiné j’étais bien aussi. J’avais de bons espoirs d’y être. J’ai vu beaucoup de commentaires sur les réseaux (sourire), mais c’est l’équipe qui choisit. Chacun a son avis, moi j’ai le mien, mais je ne le dirai pas (sourire).

Est-ce que cette première semaine dans le vent et les bordures t’a coûté cette sélection ?
Apparemment ça serait pour la première semaine, oui. C’est vrai que c’est assez compliqué, mais je ne pense pas qu’on gagne le Tour là. On peut le perdre, c’est vrai. Mais quand on a quatre coureurs pour les bordures… Et qui dit qu’il y aura des bordures ? Qui dit qu’il y aura du vent ? Je pense que le Tour se gagne plutôt en deuxième ou troisième semaine, mais pour eux c’est la première qui compte donc on verra.

« J’Y AI PENSÉ UN TOUT PETIT PEU »

On connaît ton lien avec David Gaudu, que tu as souvent accompagné sur les courses…
David m’a écrit, il m’a souhaité bonne chance pour aujourd’hui. Mais David comme les autres ne peuvent pas dire grand-chose sur la sélection. Ce sont les directeurs sportifs qui décident, c’est leur choix, il faut le respecter. Je suis deux ou troisième remplaçant, donc il y a peu de chances que je sois au départ du Tour.

Est-ce que tu y as pensé pendant le chrono ? La nouvelle t’a transcendé ?
C’est difficile à dire. Le chrono était quand même l’objectif, j’y ai pensé un petit peu dans le chrono, mais on est plus concentré sur les trajectoires, sur le chrono, on ne pense pas à tout ça. On appuie, on tient, on se dit que c’est dur pour tout le monde, qu’il ne faut pas craquer… J’y ai pensé un tout petit peu, mais très peu, je ne pense pas que ce soit ça qui m’ait donné plus de force.

« JE PROGRESSE EN CHRONO »

Tu as enfin décroché ce titre…
Je n’aurais jamais imaginé ça, en 2014 j’avais été Champion de France en Espoir devant Rémi (Cavagna). Petit à petit, je progresse en chrono. Il y a les JO 2024 à Paris, donc pourquoi pas espérer une sélection, on verra.

… et c’est aussi ta première victoire professionnelle !
C’est en effet ma première victoire pro, je n’ai pas beaucoup de chances dans l’année. Je l’ai eue l’an dernier au Poitou-Charentes où je me suis un peu planté et je fais 2e. À la Mercan’Tour je fais 3e. Sinon je suis équipier en général. J’aide surtout mes leaders et j’ai moins de chances pour moi, donc c’est bien d’avoir une première victoire.

« ON DISAIT QUE JE N’ÉTAIS PAS FORCÉMENT ASSEZ BON ROULEUR »

Arrives-tu à savourer pleinement ce titre malgré tout ?
J’apprécie quand même, c’est un titre. La déception est toujours là, sachant qu’on disait que je n’étais pas forcément assez bon rouleur. Je pense qu’aujourd’hui j’ai montré que je savais le faire aussi, comme rouler en montagne. La déception sera là pour un bon petit moment, mais c’est comme ça, j’essaierai de rebondir, peut-être sur la Vuelta, pour aller chercher des victoires d’étape.

Pour la course en ligne, la Groupama-FDJ sera encore très attendue…
Dimanche ça a de fortes chances d’être un sprint, mais il faut voir s’il y a une échappée. Je sais que je suis en forme, on ne va pas se priver, on l’a bien vu l’an dernier avec Rémi, qui est spécialiste du chrono mais qui décroche le titre sur route, donc pourquoi pas. On verra la stratégie au briefing. Mais ça serait bien que le maillot revienne dans l’équipe.

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