"Formidable !".  Kevin Hulsmans est enthousiaste pour résumer la première édition au niveau UCI des Strade Bianche de Romagne, la version Espoirs de la célèbre course WorldTour. Pourtant, le directeur sportif d'Elevate p/b Home Solution-Soenens n'était pas serein avant le départ.  À la reconnaissance, l'ancien coureur de Quick Step était estomaqué par la difficulté du tracé. "Je me disais que si j'avais deux coureurs à l'arrivée, je serais satisfait", avoue-t-il au micro de DirectVelo. Sa description du parcours conforte ses craintes. "Il y a l'équivalent de quatre Redoute, la même longueur, les mêmes pourcentages." Son collègue de Lotto-Soudal DT Dirk Aernouts abonde dans son sens. "Il n'y a jamais de montée de plus de trois kilomètres, mais ça grimpe pas mal à certains endroits." Sur les 156 kilomètres, on retrouve dix chemins de terre, dont deux qui reviennent à trois reprises, comme la Strada del Mandoril (2,6 km à 4,5%). "Le passage clé du tracé. C'est là que le peloton a éclaté".

Le final est vraiment difficile. "Dans les cinq derniers kilomètres, il y a encore deux tronçons de terre et la montée finale avec des pourcentages à 17%, ce qui n'est pas sans rappeler la montée de la Via Sante Canta Caterina de Sienne avec ces grosses pierres. Ça a beau être dans une autre région de l'Italie (la course pro est en Toscane, NDLR), tous les ingrédients sont là, les chemins de terre, les pourcentages, la poussière et les routes étroites". Par conséquent, difficile d'espérer compter sur la présence de sa voiture pour les coureurs. "Ça fait partie du jeu", souligne Kevin Hulsmans. "Les gars sont au courant dès le briefing. Soit ils ont la chance d'être dépannés par la voiture neutre, soit il faut espérer que je ne sois pas loin, soit c'est mort, c'est la règle du jeu sur ce type de course. On ne va pas s'amuser à doubler le peloton sur des routes pareilles, il faut assurer la sécurité des coureurs avant tout", rappelle-t-il.

DES BONS RÉSULTATS POUR LES DEUX ÉQUIPES BELGES

Au niveau sportif, les deux équipes belges ont bien figuré. Ramses Debruyne (Lotto-Soudal DT) et Siebe Deweirdt (Elevate p/b Home Solution-Soenens) ont passé toute la journée devant. Ils sont sortis en compagnie de sept autres coureurs. Le peloton emmené par la Bardiani semblait avoir la situation sous contrôle en n'octroyant pas plus d'une minute. Pourtant, il n'est jamais revenu. Cinq hommes seulement ont réussi la jonction, en sortant dans le secteur 6, à savoir le deuxième passage dans la Strada Del Mandoril. Au secteur 8 (la troisième fois dans la Strada del Mandoril), le groupe a explosé. "Dans le final, nous n'étions plus que huit dont trois duos (Zalf Euromobil Fior, Tudor Pro CT et Lotto-Kern Haus, NDLR). La décision s'est faite dans les deux derniers kilomètres très raides où c'est devenu trop dur pour moi. J'étais quand même satisfait de ramener un Top 10 après une longue journée devant", confie Ramses Debruyne (voir classement).

Elevate p/b Home Solution-Soenens réalise un tir groupé de la 10e à la 12e place, avec respectivement Arno Claeys, Obie Vidts et Lorenz Van de Wynkele. "Siebe Deweirdt (finalement 20e, NDLR) a fait une magnifique course, mais ce n'était pas le meilleur gars à mettre devant. On aurait dû s'arranger pour envoyer Arno, Obie ou Lorenz et on aurait pu jouer la gagne.", commente Kevin Hulsmans. 

NE RIEN CHANGER À LA FORMULE

Selon les deux directeurs sportifs, il ne faut rien changer à la formule actuelle : garder les 2 200 mètres de dénivelé positif sur les 156 kilomètres du parcours. "Au total, on arrive à une vingtaine de kilomètres sur les chemins de terre, c'est bon comme ça. Au plus c'est court, au plus ce sera attractif pour le public. La course va démarrer plus vite", argumente Dirk Aernouts. Pas question non plus de changer la date. "Elle fait partie d'une série de courses italiennes avant le Giro. Se déplacer uniquement pour cette épreuve aurait été un investissement trop conséquent", poursuit-il. Avec la Coupe de la Paix le lendemain et située non loin de Gradara (lieu d'arrivée), les coureurs n'avaient pas de long trajet à effectuer. Ce qui ne les a pas empêchés de ressentir les séquelles des efforts. Ramses Debruyne, 6e des Strade, a terminé loin, laissant à d'autres coéquipiers la chance de s'exprimer.

Ainsi, Aaron Van der Beken et Vincent Van Hemelen ont fini 6e et 7e dans le même groupe que le vainqueur Federico Zuggo (Zalf Euromobil Fior). "C'est également un chouette parcours avec une partie en ligne avant d'arriver sur huit circuits locaux avec la longue montée de San Paolo. On pourrait faire facilement organiser un Championnat ici, ça s'y prêterait bien", estime Kevin Hulsmans. S'il manquait des équipes comme Development Team DSM, Jumbo-Visma Development ou encore la Conti Groupama-FDJ, Dirk Aernouts était satisfait du plateau. "Il y avait encore du beau monde avec notamment la ProTeam Bardiani. Hagens Berman-Axeon, Zappi, Tudor Pro CT et les autres formations italiennes qui n'étaient pas là pour la rigolade".

LES STRADE POUR GAGNER SA SÉLECTION AU GIRO

En tout cas, les deux directeurs sportifs sont unanimes sur le fait que cette course peut gagner ses lettres de noblesse comme chez les pros. "Ça reste un nom, c'est comme le Tour des Flandres en Belgique, venir ici deviendra vite un rendez-vous à part du calendrier et le parcours est à la hauteur", affirme Kevin Hulsmans. "De plus, cette arrivée à l'intérieur du château de Gradara, ça donne du cachet", rajoute Dirk Aernouts.

Cette épreuve est également le point de départ pour la suite de l'élaboration de la sélection pour le Tour d'Italie Espoirs (11-18 juin). Chez Lotto-Soudal DT, deux coureurs sont assurés de leur place, Lennert Van Eetvelt et William Junior Lecerf. Ils sont cinq pour les trois sièges restants, à savoir Milan Paulus, Aaron Van der Beken, Alec Segaert, Ramses Debruyne et Vincent Van Hemelen. Du côté d'Elevate p/b Home Solution-Soenens, si Toon Clynhens et Robin Orins seront au départ du Giro, Kevin Hulsmans dévoilera la sélection le 5 juin. "Les gars connaissent le deal. Ceux qui ne feront pas le Tour d'Italie auront de belles épreuves de compensation comme Dwars door het Hageland ou encore la Elfstedenronde à Bruges. Il y a pire...".