Le Kilomètre Rustines fait des petits

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Le 15 mai prochain, les deux clubs de Montbrison (Loire), le VC Montbrisonnais et la Squadra Saint Romanaise s'unissent pour organiser une épreuve de détection. Au programme, le matin des séries de sprints sur un kilomètre avec une finale, l'après-midi des courses aux points sur un circuit fermé de 900 mètres et un classement combiné sur les deux épreuves. De quoi rappeler les éliminatoires du Kilomètre Rustines (1) dont la finale nationale fut remportée entre autres par Jacques Suire, Daniel Morelon, Amédée Detraux, Yavé Cahard, Franck Depine ou encore Fabrice Colas, mais aussi les courses sur pistes aménagées. Deux types de compétition qu'a bien connus Christian Chaubet, qui est chargé de la formation et de la détection au sein de la DTN à la FFC.

DirectVelo : L'initiative de Montbrison va-t-elle dans le sens que vous voulez donner à la détection ?
Christian Chaubet : J'avais quelques idées en tête comme mettre en place des circuit novateurs avec un contre-la-montre et une course aux points et relancer le principe du Kilomètre Rustines. J'y ai d'ailleurs participé en 1982. J'avais fait un stage à l'INSEP sous la direction de Gérard Quintyn et nous avons couru le jour du Grand Prix de Paris à la Cipale. Je voulais le relancer car il n'y a plus beaucoup de courses pour les sprinteurs mais plus souvent pour les grimpeurs. Le petit jeune qui va vite mais qui n'est pas à l'arrivée, on ne le détecte pas. Je voulais le mettre en place au niveau régional et départemental dans le but de réunir les meilleurs Cadets et Cadettes en stage.

« PROPOSER DES FORMATS DE COURSES LUDIQUES »

Qui est à l'origine du Kilomètre de Montbrison ?
J'ai envoyé mon idée aux CTR. Fred Macaudière l'a présentée en commission route du comité Auvergne-Rhône-Alpes et le club a pris l'idée (2). Ça permet aux jeunes de s'exprimer dans des conditions différentes. En juillet-août, on peut mettre en place des épreuves de ce genre dans des critériums avec un contre-la-montre, une élimination et une course aux points, et un classement général aux points. Dans le Lot-et-Garonne, Gilles Canouet (le CTD, NDLR), avait eu l'idée de faire une course sur un circuit de karting, mais ça n'a pas pu se faire. Il faut proposer des formats de courses ludiques.

D'autres épreuves comités ont-ils repris l'idée ?
Je sais qu'en Bourgogne-Franche-Comté, ça a été fait au niveau des départements. J'essaie de relancer l'idée. Je ne compte pas en trouver une dans tous les départements. Si un club reprend l'idée pour organiser une compétition sous ce format, alors j'espère que ça se démocratisera dans l'ensemble de sa région. Quand j'étais CTR d'Aquitaine, j'organisais le Championnat régional Cadets sous forme de triptyque : un contre-la-montre et une course aux points et, le week-end suivant, une course avec un profil accidenté, et un classement général aux points. J'avais repris une idée de Gérard Brocks (CTR de Lorraine, NDLR). Ça permettait d'avoir des courses Cadets plus animées. Ensuite, on l'avait étendu aux Juniors.

LE SUIVI DE LA RELÈVE

Quel est l'état des lieux de la détection ?
Elle existe à plusieurs niveaux. À l'échelon des clubs, il y a les tests de détente verticale, de force explosive, des 60 mètres. Au niveau régional, il y a des tests sur home-trainers connectés. Je travaille pour remettre en forme ces tests. Les 12 et 13 mai, nous allons réunir huit Cadets et huits Cadettes, choisis en fonction de leurs performances sur route et sur piste. Nous allons les évaluer sur des outils plus performants dans le but d'avoir un suivi sur quatre ans (des Cadets 1 aux Juniors 2, NDLR). Nous l'appelons le suivi de la relève. Ce stage pourrait alimenter le pôle de Bourges. En fin d'année, nous prévoyons un stage de Cadettes 2 avec Emilian Broë (entraîneur national des femmes, NDLR) en coordination avec Emmanuel Brunet (manager recherche et performance à la DTN, NDLR) pour faire un plan de carrière.

Comment allez vous suivre les Cadets ?
Il y aura la Coupe de France Cadets sur route. Elle nous intéresse, le Championnat de France aussi, dans le but d'organiser en fin de saison un stage pour les meilleurs Cadets 2 pour préparer l'arrivée chez les Juniors, avec Julien Thollet.

PROSPECTER DANS LE ROLLER ET LE TRIATHLON

Et le cyclo-cross qui permet de brasser de nombreux coureurs en Coupe de France ?
Comme toutes les autres disciplines, elle nous intéresse. Je travaille sur la forme des tests et le cyclo-cross y a sa place. D'ailleurs quand on regarde les résultats des Cadets dans les comités régionaux, on retrouve souvent les mêmes en tête des courses sur route et en cyclo-cross.

Allez-vous prospecter en dehors des licenciés FFC ?
Nous allons aussi essayer de retrouver des "Mathilde Gros" (détectée alors qu'elle était basketteuse, NDLR) par l'intermédiaire des CREPS. Nous voulons faire passer des tests à des personnes du roller, du triathlon, pour voir s'ils peuvent faire du cyclisme.

La FFC a publié un "Memento piste" destinés notamment aux éducateurs. Est-ce un atout de plus dans la détection ?
L'idée est venue de Christophe Manin, le DTN, qui constatait qu'il y avait beaucoup de compétences à la FFC mais qu'il fallait les coucher sur le papier pour que les éducateurs aient un outil. Emmanuel Brunet va le faire aussi pour la route et il y aura le VTT et le BMX. Les retours sont positifs. "C'est ce qu'il nous manquait en bord de piste", nous disent-ils.

(1) Le Kilomètre Rustines a été créé en 1960 à l'initiative d'Albert de Wetter, journaliste à L'Equipe. Son objet était de prospecter de nouveaux sprinteurs, dans le cadre de la préparation olympique, parmi les routiers, à partir d'éliminatoires départementales puis régionales, avec une finale nationale à la Cipale, le jour du Grand Prix de Paris. Le "Rustines" prenait un peu la suite de la "Médaille", autre épreuve de détection disputée l'hiver uniquement au Vel' d'Hiv' de Paris, arrêtée avec la démolition du vélodrome en 1959. Pendant une trentaine d'années, le Kilomètre Rustines a révélé le talent de plusieurs sprinteurs, même parmi ceux qui ont été battus en finale comme Pierre Trentin, Cyrille Guimard, Gérard Quintyn, Philippe Vernet ou Frédéric Magné.

(2) Francis Thiery, dirigeant et entaîneur de la Squadra St Romanaise, nous fait parvenir ce droit de réponse : "la paternité de ce renouveau du KM de vitesse qui se déroulera le 15 mai prochain sur la commune de Montbrison  est mienne! Cette initiative est uniquement personnelle encadrée avec mon club, la Squadra St Romanaise au auquel s'associe le club ami et voisin, le Vélo Club Montbrisonnais. Depuis plusieurs années me trottait l'idée de réorganiser ce fameux KM Rustines!".

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