Ce dimanche, à l'Amstel Gold Race, la formation FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope a décroché son plus gros succès depuis sa création en 2006. L'Italienne Marta Cavalli a attaqué juste après le sommet du Cauberg dans les derniers kilomètres et n'a pas été rejointe (voir le classement). "Inutile de préciser que c'est la plus belle victoire de ma carrière. J'avais déjà été présente dans le final de grandes courses, mais là ça dépasse tout. C'est un sentiment indescriptible", se réjouit-elle au micro de DirectVelo.

« ÇA PARAISSAIT TELLEMENT MAL ENGAGÉ »

Un succès retentissant d'autant qu'elle n'avait pas la bonne patte en milieu de course. "Pendant la course, j'étais à côté d'elle, explique sa coéquipière Marie Le Net. Je lui ai demandé comment elle allait et elle m'a dit que ça allait 'bof, bof'. Du coup, j'ai transmis l'info à notre directeur sportif Nicolas Maire. Même constat pour Victorie Guilman. Je pensais que nous étions vraiment mal embarquées". C'est à ce moment-là que Nicolas Maire a joué son rôle. "Ça peut arriver d'avoir des sentiments mitigés durant la course. On peut avoir un moment de moins bien. Je leur ai dit que tout le monde avait mal, qu'elles devaient tenter un truc et ne pas avoir de regrets". Et dans le final, Marta Cavalli est encore avec les meilleures avant d'entamer la montée finale du Cauberg. L'Italienne s'est accrochée et a ensuite placé le démarrage décisif juste après le sommet de la bosse. "Hier, nous avions parlé de comment ça pouvait se passer dans le final, qu'il était possible de sortir au sommet en profitant d'un moment de flottement. C'est ce qui s'est passé. De toute façon, Marta Cavalli n'avait pas d'autres choix. Il y avait des filles plus fortes qu'elle au sprint."

L'Italienne a finalement eu la bonne tactique. "Au sommet du Cauberg, l'allure a baissé. Je suis arrivée de derrière avec de la vitesse, relate la lauréate. J'y suis allée à fond. Derrière, ça s'est regardé et j'ai creusé l'écart. J'étais surprise d'avoir autant de champ et ça a suffi pour gagner." Le tout avec les encouragements incessants de Nicolas Maire. "Je l'ai poussée du mieux que je pouvais, je ne voulais pas qu'elle se retourne, qu'elle reste concentrée sur ce qu'elle faisait. Les autres n'avaient plus d'importance. D'après le retour de mes coureuses, j'ai fait monter la pression. Je suis content d'avoir pu l'inciter à aller chercher le maximum dans le dernier kilomètre." Marie Le Net avait presque du mal à y croire en passant la ligne. "Je ne sais pas comment elle a fait pour ressuciter comme ça en pleine course. J'ai vu ce qu'elle a fait en vidéo, c'est incroyable. Je suis trop fière. Ça paraissait tellement mal engagé pour nous. C'est bien la preuve qu'il faut y croire jusqu'au bout. C'est la devise de l'équipe : tout ou rien. C'est la parfaite illustration aujourd'hui".

UNE VICTOIRE QUI EN APPELLE D'AUTRES

Pour Marta Cavalli, ce succès est la "récompense de tout le travail accompli depuis le début de la saison et la démonstration de la montée en puissance du cyclisme italien". Selon Nicolas Maire, cette victoire peut changer la dynamique de l'équipe. "Nous passons des caps chaque année. Cette saison, le groupe est encore plus homogène. Nous avions des bons résultats jusqu'à présent mais il nous manquait ce brin de réussite et d'audace pour en claquer une belle. J'espère que ça va être un élément déclencheur et libérateur pour tout le monde. Je pense que ça va en libérer certaines, ça montre qu'en prenant des risques, il y a moyen d'aller chercher des grands résultats. Fini d'assurer des places, on a montré qu'on pouvait jouer la gagne. Personne ne se souvient d'une 10e ou 11e place, tandis que là, avec ce succès, ça va nous ouvrir des portes". Et peut-être faire évoluer l'équipe. "Nous sommes un peu en milieu de peloton. Nous ne sommes pas à plaindre mais il y a une différence avec les grosses écuries WorldTour. J'espère que ça va pousser certains partenaires à nous donner plus ou d'autres à s'engager avec nous. La FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope est une bonne équipe avec une image qui change. Maintenant, nous pouvons aussi gagner des grandes courses".

Marta Cavalli va à présent rentrer en Italie pour se reposer en vue de Paris-Roubaix, samedi prochain. Nicolas Maire a adapté le programme du groupe. "C'est prévu comme ça. Avec l'allongement de la période des Classiques flamandes, nous avons fait des choix pour être compétitifs sur toute la période. Cecilie Ludwig est encore souffrante (elle a le Covid, NDLR). Je pense que ce sera trop juste pour la Flèche Brabançonne. Nous y serons mercredi car nous avons un effectif large et de qualité, et maintenant avec une confiance décuplée".