Groupama-FDJ : « La consécration » d’un gros travail de fond

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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La Groupama-FDJ peut communiquer fièrement sur ses réseaux sociaux le premier bilan, à l’instant-T, de sa campagne des Classiques. Les statistiques sont en effet flatteuses. Même si la victoire n’a jusqu’à présent jamais été au bout, la régularité du groupe est à saluer. Des Strade Bianche (4e) jusqu’À travers la Flandre (6e) en passant par Milan-San Remo (10e), La Panne (6e), l’E3 Saxo Bank Classic (3e et 7e) et Gand-Wevelgem (10e), la WorldTeam tricolore a toujours répondu présent et placé au moins un homme dans le Top 10. Et ce dimanche, la formation de Marc Madiot a réalisé sa plus belle prestation en plaçant Valentin Madouas sur le podium du Tour des Flandres et Stefan Küng dans le Top 5 (voir classement). “C’est une satisfaction, on a fait une belle course”, se réjouit auprès de DirectVelo Frédéric Guesdon, le directeur sportif en charge du groupe des Flandriennes.

Au moment de jeter un coup d’oeil dans le rétroviseur, l’ancien lauréat de Paris-Roubaix ou de Paris-Tours rappelle les performances passées de Matthieu Ladagnous, au début des années 2010 (5e du Tour des Flandres, 6e de Gand-Wevelgem, 7e de l’E3) ou d’Arnaud Démare (vainqueur de Milan-San Remo, deux fois sur le podium de Gand-Wevelgem…). Et salue l’évolution constante de son groupe. “Ce podium au Tour des Flandres est une consécration du boulot qu’on fait depuis des années. Ça va faire 25 ans que cette équipe travaille pour ce genre de moments !”.

« C’EST AUSSI UN JEU »

Longtemps, dans le final, Frédéric Guesdon a imaginé que Valentin Madouas “allait jouer la place de 3 ou 4” derrière le visiblement intouchable duo de tête. Mais à force de jouer au chat et à la souris, Tadej Pogacar et Mathieu Van der Poel ont laissé rentrer le Breton et Dylan van Baarle. “Ça a failli basculer en notre faveur. Finir si près de la gagne, surtout avec le final qu’il y a eu… On aurait bien aimé la victoire”, sourit le technicien, qui insiste tout de même sur la satisfaction de finalement faire 3 et 5. “On aurait été satisfait avec un coureur dans le Top 5”.

“Quand j’ai lancé, je pensais pouvoir gagner”, lâchait Valentin Madouas à chaud, après l’arrivée (lire ses propos d’après-course ici). Stefan Küng a, lui aussi, eu le temps de rêver en grand. Car le Suisse - déjà 3e de l’E3 Saxo Bank Classic et 6e d’À travers la Flandre ces derniers jours - avait des jambes de feu sur ce « Ronde ». Difficile pour un compétiteur comme lui d’être totalement satisfait après ce scénario un tantinet frustrant. Ainsi, il avait le visage assez fermé durant les minutes qui ont suivi l’arrivée, notamment en se présentant en zone mixte. Morceaux choisis :C'est le cyclisme. Ce n'est pas seulement un sport, c'est aussi un jeu (...) Je me sentais super bien, j’étais parfaitement placé dans chaque ascension (...) Une fois qu’ils ont eu 30 secondes d’avance, je ne voulais plus passer car Valentin jouait le podium. C’est un peu dommage car j’avais de super jambes (...) On savait que Valentin en était capable, je suis très content pour lui”

« SA PRÉSENCE PERMET AUX AUTRES D'ÉVOLUER »

D’un point de vue personnel, le solide gaillard helvète ne peut pas s’empêcher d’imaginer qu’il était sans doute capable de finir lui-même sur la boîte (voire mieux ?) dans un autre scénario de course. “J’étais vraiment bien mais je ne pouvais pas rouler sur toi ! Si on s’était fait baiser en finissant 4 et 5, tout le monde aurait dit « pourquoi il a roulé ? »", lançait ce même Stefan Küng à Valentin Madouas, au moment de débriefer à chaud. Mais, bien sûr, il est d’abord et surtout satisfait de voir l’évolution du collectif de la Groupama-FDJ et se félicite du podium de son coéquipier breton. “T’es un autre Oliv que l’année dernière !”, lâchait-il d’ailleurs à son autre coéquipier breton Olivier Le Gac juste après l’arrivée, sous le regard des soigneurs de l’équipe et d’un Dylan van Baarle (2e de l’épreuve) venu chaleureusement remercier, en français dans le texte, Valentin Madouas pour leur bonne collaboration dans le final. “Olivier (Le Gac) et Kévin (Geniets) sont allés dans les coups. On ne voulait jamais avoir un coup de retard et on a bien bossé”, se réjouit Stefan Küng, fier de voir que son équipe joue maintenant régulièrement les premiers rôles sur les plus grosses courses d’un jour du calendrier. Frédéric Guesdon est également très satisfait du rendement de son coureur suisse. “Stefan est un très bon leader et en même temps, il est aussi capitaine de route. Sa présence permet aux autres d’évoluer”

Kévin Geniets a, de la même façon, pleinement contribué au joli tir groupé de son équipe sur ce Tour des Flandres. Comme Stefan Küng ou Valentin Madouas, il a atteint son pic de forme au meilleur moment. “Collectivement, on était vraiment extrêmement forts. Aucun coup n'est parti sans nous. Personnellement, je suis très content. J'ai eu une phase un peu compliquée avec des maladies et des chutes mais course après course, mon niveau a augmenté. Aujourd'hui, j'étais vraiment bien”. Pour le Luxembourgeois, l’objectif est atteint. “On a fait un podium à l’E3 et encore un ici au Tour des Flandres. L’équipe a répondu présent cette année sur ces Classiques. On voit qu’on les a bossées et que ça porte ses fruits”.

« IL A UN PEU PLAFONNÉ »

Si Valentin Madouas assurait être une sorte de “co-leader et d’électron libre à la fois” alors que Stefan Küng était clairement la carte N°1 de son équipe, Frédéric Guesdon rappelait après coup que “les deux avaient leur chance et pouvaient prétendre à un bon résultat car ils l’avaient prouvé ces dernières semaines”. Avec deux attitudes et deux façons de faire bien différentes en course. On sait que Valentin a quelques défauts qui peuvent coûter cher dans les Flandriennes. Il fallait qu’il ait de la réussite. Il n’a pas été trop retardé dans les chutes, c’est ce que l’on craignait car il traine souvent derrière… Il ne bouffe pas de jus, il prend beaucoup de risques. Un coup ça passe, l’autre non… C’est un défaut qui peut aussi être une grosse qualité”, sourit le directeur sportif. “Ce sont deux styles différents. Stefan court tout le temps devant alors que Valentin remonte ses adversaires un par un. Mais quand on a vu que Valentin était devant au pied du Koppenberg, on s’est dit que ça pouvait être une bonne journée”.

Extrêmement prometteur depuis les jeunes catégories, Champion de France Amateurs devant Benoît Cosnefroy et David Gaudu (!) en 2016 (voir classement), Valentin Madouas avait immédiatement fait sa place chez les pros en allant chercher de gros résultats dès ses toutes premières courses et en remportant Paris-Bourges en tant que néo-pro. Avant de confirmer l’année suivante. Puis de continuer à performer en 2020 et en 2021, mais avec une ascension peut-être pas si importante et fulgurante que certains auraient pu l’imaginer. “Valentin promettait énormément quand il est arrivé chez les pros. Il a un peu plafonné sur les années suivantes mais aussi parce que c’est monté d’un cran au niveau du calendrier de courses. Il a fait des courses plus dures et ce n’est pas évident au début. Il n’était jamais ridicule, sans être non plus présent comme on l’attendait. Là, il n’a pas eu un début de saison facile en 2022 (lire ici) mais il est revenu au bon moment, à l’E3 puis à Gand-Wevelgem. Valentin est arrivé au top à temps. De toute façon, à chaque fois, sur cette période des Classiques, il ne nous a jamais déçus même si les résultats n’ont pas toujours été marquants. Faire 3 ici, c’est parfait. Et ce n’est que le début !”, promet Frédéric Guesdon. Son coureur sera en effet très ambitieux dans une semaine lors de l’Amstel Gold Race. Et la Groupama-FDJ compte bien poursuivre sa très belle série sur les plus grosses courses d’un jour du calendrier.

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