Simone Boilard : « J’ai toujours cru en mon rêve »

Crédit photo Thomas Maheux

Crédit photo Thomas Maheux

Simone Boilard est une battante. Ces trois dernières années, la Québécoise n’a pas été épargnée par les coups du sort mais elle a toujours fait face avec une grosse force de caractère. “J’ai vécu une période très difficile entre 2019 et 2021. Après mes années chez les Juniors, j’avais de grandes ambitions mais tout est devenu très compliqué. En 2019, je n’avançais plus, sans savoir quel était le problème. Il m’a fallu un an pour comprendre que j’étais gênée au niveau de l’artère iliaque", témoigne-t-elle après coup pour DirectVelo. Problème : le verdict de cette endofibrose est tombé au début de l’épidémie de Covid-19. “La programmation de l’opération a pris beaucoup de temps. J’ai dû attendre pratiquement une année de plus avant de pouvoir être débarrassée de cette gêne physique”. D’autant que par la suite, la jeune athlète a encore eu besoin de “six mois pour ré-apprendre à pédaler correctement” et à retrouver une bonne condition physique.

UNE MÉDAILLE AUX MONDIAUX JUNIORS PUIS TROIS ANNÉES DE GALÈRE

Malgré toute sa motivation, elle concède avoir connu une période de doutes. “J’avoue qu’à un moment donné, ça faisait beaucoup et ça m’a un peu déprimée”. Mais elle a malgré tout gardé le regard porté sur ses ambitions : “j’ai toujours cru en mon rêve”. Ce rêve, c’est celui de faire carrière dans le peloton professionnel. Car Simone Boilard sait ce qu’elle a connu et vécu jusque-là. Avant ses pépins physiques, elle faisait partie des grands espoirs du cyclisme mondial. Pour preuve, chez les Juniors, elle avait décroché la médaille de bronze sur la route - derrière Laura Stigger et Marie Le Net - et la 5e place face à l’horloge durant les Championnats du Monde d’Innsbruck (Autriche). Le tout après avoir déjà pris place dans le Top 10 l’année précédente, en tant que J1, lors du Mondial sur route de Bergen, en Norvège.

Entourée d’une communauté de Québécois membres de la grande famille du vélo - cyclistes, entraîneurs, conseillers -, Simone Boilard s’est installée dans la région niçoise au printemps 2021. À Saint-Laurent-du-Var, plus précisément. Elle y vit actuellement avec son compagnon, lui aussi cycliste, et a bénéficié plusieurs fois des conseils de garçons tels que Hugo Houle - qui vit également dans la région - ou d’Antoine Duchesne, touché de la même façon à l’artère iliaque par le passé. Le moral gonflé à bloc, elle souhaite réaliser une grande saison 2022. “J’ai eu une grosse malchance jusque-là mais je n’ai que 21 ans. J’ai encore le temps de montrer ce dont je suis capable. Je vis actuellement ma plus longue séquence sans pépin physique alors j’en profite”, sourit-elle. 

RETOUR AU PREMIER PLAN ET VICTOIRE AUX BOUCLES DE SEINE-ET-MARNE

“Le plus important, c’est la santé. Si je suis tranquille physiquement, je sais que le reste suivra”. Pour se relancer, elle a choisi de rejoindre la Conti francilienne Saint-Michel-Auber 93 de Stéphane Javalet, dont l’équipe féminine est dirigée par Charlotte Bravard, l’ancienne Championne de France Élites sur route. “Je ne sais pas trop à quoi m’attendre pour cette première année à ce niveau mais j’ai quand même de gros objectifs”. Le début de saison de la Canadienne est en tout cas intéressant : 5e à Alanya, en Turquie, pour sa course de reprise, elle a ensuite pris place dans le Top 20 du Samyn puis s’est imposée, dimanche dernier, lors de la première édition des Boucles de Seine-et-Marne (voir classement) après un passage par les Pays-Bas. Certes, à un niveau inférieur. Mais de quoi lui donner beaucoup de baume au cœur. “On a eu la chance de faire de belles courses avec l’équipe depuis le début de saison. À chaque fois, c’était une belle expérience qui a permis de prendre de la caisse et on l’a senti sur la course de dimanche, face à un niveau moins relevé. On a clairement dominé la course”.

Simone Boilard en a pleinement conscience : elle doit encore se découvrir et prendre du coffre mais une chose est sûre, elle semble sur la bonne voie. Et ce n’est certainement pas son succès dominical qui pourrait la convaincre du contraire. Cap désormais, sans doute, sur Paris-Roubaix pour la nord-Américaine. “Ma participation n’est pas officielle mais je pense avoir démontré que j’avais ma place. Ça me semblerait logique d’y être”, ajoute celle qui poursuit en parallèle de sa carrière cycliste des études dans l’Administration des affaires, par correspondance, au sein d’une université québécoise. “Vivre ici, en France, est forcément aussi synonyme de sacrifice car je ne vois pas souvent ma famille, mais je sais pourquoi je le fais”. Ce fameux rêve, toujours.

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