Paris-Roubaix Femmes : Entre appréhension et excitation

Crédit photo DR

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Ça y est, cette fois, c’est l’heure. Initialement prévu l’année dernière, puis au printemps, Paris-Roubaix féminin va enfin voir le jour, ce samedi 2 octobre. "Déjà l'année dernière ça devait être un événement énorme pour nous. Ça a été partie remise, et encore décalé. On l'attend, on l'attend, et là ça y est ! J’ai hâte d'y être", commence India Grangier, qui sera de la partie. Gladys Verhulst partage son enthousiasme. "Ça a été recalé deux fois, maintenant on l'a enfin, on a envie de s'exprimer, ça devient bon, on approche du grand départ ! C'est la grosse course où tout est médiatisé, c'est la dernière grosse occasion de s'exprimer, moi personnellement sur un terrain qui peut me correspondre".

À quelques heures du départ, la tension monte. "Je suis vraiment motivée, c'est la première ! J'ai envie de bien faire, c'est sûr que je suis un peu stressée, on ne sait pas où on va. C'est de l'excitation positive. Mais c'est bizarre, j'ai hâte mais un peu d'appréhension", admet la coureuse d’Arkéa. "On a été reconnaitre quelques secteurs, c'est hyper excitant mais ça fait peur ! C'est un gros chantier, un Monument, ça va être très difficile", ajoute India Grangier. Surtout que Paris-Roubaix viendra plus ou moins conclure la saison sur route, à quelques exceptions près. "Quand on finit par une belle course comme ça, les courses d'après paraissent petites et les objectifs moins importants. Mais je n'y vais pas avec beaucoup de prétention toute façon", ajoute la sociétaire du Stade Rochelais Charente-Maritime WC.

« L’ATMOSPHÈRE EST SPÉCIALE, DIFFÉRENTE DES AUTRES COURSES »

Pour une première, lire la course est donc un peu difficile. "Je ne saurais pas dire mes attentes parce que je ne sais pas moi-même à quoi m’attendre. Il faut mentalement être prête à avoir mal", projette Gladys Verhulst. Mais l’atmosphère autour de la course, et dans les équipes, est un peu inédite. "C'est un peu spécial, on cherche des infos à droite et à gauche, comment prendre les pavés, comment s'équiper, aux mains surtout, parce qu'on prend cher. L'atmosphère est spéciale, différente des autres courses, on est dans le questionnement. On va vers le flou", reprend-elle. "On a des filles qui aiment bien les pavés, qui passent bien. Elles ont hâte. Et d'autres sont plus réticentes, mais c’est la course mythique, donc l'excitation est la même finalement. On se dit que comme ça va être la première, les filles vont se donner à bloc, il faut marquer le coup. Et puis elles sortent du Mondial, la forme est là. Ça va être intéressant", estime India Grangier.

Sur l’aspect sportif, les filles ont pu se tester lors des reconnaissances. "Je faisais mes études à Roubaix donc j'avais reconnu. Mais ça avait été reporté donc j'étais bien dégoûtée d'avoir passé des entrainements à faire des pavés pour rien. On a refait un tour sur les cinq premiers secteurs, je me remémore ce que j'avais fait l'année dernière, et rien n’a changé. C'est plus la longueur que l'état des secteurs qui est dure", juge la Championne de France Espoirs. Gladys Verhulst a elle une petite crainte quant aux pavés. "On a reconnu jusqu'au Carrefour de l'Arbre. Il y a des plus faciles, et des moins faciles... C’est surtout les mains qui m'angoissent le plus. Dans la course je n'y penserai plus, mais là elles souffrent, rigole-t-elle. Ça donne des cloques, je n'en ai qu'une, j'ai de la chance, mais dans l'équipes elles en ont pas mal. Il y a les vibrations aussi, j'ai les mains qui ont gonflé".

« C’EST UN PETIT CHANTIER QUI S’ANNONCE »

Bien que la célébrissime Trouée d’Arenberg sera absente de la course féminine, les coureuses auront de quoi faire avec 18 secteurs pavés. "Il y a deux ou trois secteurs un peu plus durs que d'autres, mais attention au vent qui devrait être de côté à un moment. Ça va faire des dégâts. Entre le parcours et la météo, ça rajoute de la difficulté. C'est un petit chantier qui s'annonce !", prévient Gladys Verhulst, alors qu’India Grangier note l’importance du premier secteur, celui d’Hornaing. "C’est un des plus longs. Il faut éviter les premières chutes et cassures. Il va déjà y avoir du dégât. Ça sera un peu comme un départ de cyclo-cross. Je m'attends à ça en tout cas, il ne va pas falloir en garder sous la pédale au départ".

Les deux ont un goût différent pour les pavés. "Je n'aime pas trop ça, rigole India Grangier. Mais je ne passe pas trop mal. Je m'adapte bien. Puis là les vélos sont bien préparés, on a les fourches avec des petits amortisseurs, on a testé la pression des pneus…". Alors que Gladys Verhulst sent une évolution. "Je m'amuse sur les pavés, contrairement à la reco d’il y a un an. Là on a eu quelques secteurs en début de saison donc on a un minimum d'expérience". Et en guise de conclusion, chacune a évoqué la symbolique. "C'est le mot "mythique" qui me vient. C'est quelque chose de grand, je pense que tous les Classicmen attendent cette course tout le début d'année. Et là on a notre Paris-Roubaix féminin, wahou ! Plus tard, je serai fière de dire que j'ai participé au premier", sourit la Normande. "Pour moi, c’est les pavés, le vélodrome, et les douches", rigole India Grangier, qui pourrait bien prendre la douche avant la fin si les prévisions météo s’avèrent être correctes…

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Portrait de India GRANGIER
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