Benoît Cosnefroy : « Je me rends compte de l’évolution »

Crédit photo Cloé Colinet - DirectVelo

Crédit photo Cloé Colinet - DirectVelo

Une nouvelle fois, Benoît Cosnefroy a répondu présent sur un Championnat. Après une course très offensive des tricolores, le puncheur de l'équipe de France a décroché la médaille de bronze ce dimanche sur le Championnat d'Europe (voir classement). Ressorti du groupe de neuf costauds - dont il était à l'initiative - dans l'avant dernier tour avec Sonny Colbrelli et Remco Evenepoel, le Normand n'a pu les accompagner après une accélération du Belge à treize bornes de l'arrivée. Epuisé après une course où le rythme n'a jamais ralenti, l'habituel coureur d'AG2R Citroën Team a pris le temps de revenir sur sa journée pour DirectVelo.

DirectVelo : On te sent épuisé même quelques minutes après la cérémonie protocolaire !
Benoît Cosnefroy : Sincèrement, j'ai du mal à récupérer de cette course. Je me suis vidé ! J'ai tout donné pour aller chercher cette médaille. On venait ici pour chercher le titre, mais dans le final, je n'ai rien pu faire. Je n'ai jamais pu récupérer de l'avant-dernière difficulté. Déjà dans la descente ou dans la partie en ville, j'étais à fond. Je ne passais plus de relais pourtant, mais je sentais que je n'arrivais pas à récupérer. Quand on est arrivés dans la bosse, Remco a fait une montée vraiment forte. Il m'a dit la puissance qu'il a mise. Je ne sais pas si j'aurais pu monter jusque-là, même si le départ était au pied. Il a fait une grosse montée pour lâcher Sonny Colbrelli, mais il n'a pas réussi. Quand j'ai lâché, j'ai essayé de trouver mon rythme pour essayer d'aller chercher cette médaille. La descente était très longue pour moi, mais dans la partie urbaine, j'ai pu me refaire et j'ai réussi à aller chercher cette médaille. Je suis allé chercher ce qu'il restait à prendre.

Avais-tu imaginé te dévoiler si loin de l'arrivée ?
On n'avait pas prévu que j'attaque aussi tôt, parce qu'un Championnat, ça se gagne dans le dernier tour, ou dans les deux derniers. On est sortis à cinq tours de l'arrivée (à 60 kilomètres de l’arrivée, NDLR), ce n'était carrément pas le plan que je m'étais imaginé. Même si je savais que je voulais suivre Remco et que lui, il peut partir de loin. Mais là, c'était à nous de le faire. On a assumé nos responsabilités.

« THOMAS VOECKLER M’A DIT D’AVOIR CONFIANCE EN MOI »

Romain Bardet n'était pas loin d'accompagner les meilleurs lui aussi...
Au début, je savais que Romain était derrière, donc moi, je ne roulais pas. J'essayais de réduire l'allure en évitant de me faire piéger. Quand j'ai vu que ça ne revenait pas, Thomas Voeckler m'a dit d'avoir confiance en moi, que ça pouvait le faire. J'avais confiance en moi, il n'y a pas de problème. Je me suis vu gagner, entre guillemets. Mais quand les jambes ne peuvent pas, il n'y a rien à faire. Thomas a été à 100% avec moi dans ce projet, dans cette fin de course. Dans le dernier tour, il m'a vraiment encouragé dans la bosse. Je ne sais pas s'il a encore de la voix ce soir. Il m'a poussé pour aller chercher cette médaille. Même si on était venu pour le titre et que sur un Championnat, on ne retient que le maillot, on repart quand même avec une médaille.

Est-ce que l'issue aurait pu être différente si l'équipe de France n'avait pas fait autant d'efforts auparavant ?
On pourrait refaire la course, mais je suis très fier de l'équipe de France. Elle a été omniprésente, très agressive. C'est nous qui avons débridé la course en grande partie. Dans le final, ça s'est tellement joué à la pédale dans la dernière montée que même si on avait été cinq Français devant, si on est cinq à être moins forts que Remco, le résultat est le même. Pour moi, ça ne change pas grand chose. Je n'ai pas fait beaucoup d'efforts devant, j'ai plutôt eu la vie tranquille. Ca n'aurait rien changé d'être plus nombreux devant. On aurait peut-être pu attaquer dans la ville ou sur les parties moins dures, mais pas dans la bosse.

Est-ce le faible kilométrage qui a rendu la course si débridée ?
C'est vrai que c'était une course très mouvementée, mais ça aurait aussi pu faire une course basique. C'est nous qui avons pas mal dynamité la course. C'était clairement le plan. Quand on a vu les quatre coureurs qui sont partis au début, ça aurait pu faire rideau derrière et on aurait eu une course basique. Ce n'est pas parce que la course est courte que ça offre ce genre de scénario. Pour moi, une course de championnat, c'est quand même intéressant quand ça se termine au bout de six heures de course. Ce ne sont pas forcément les mêmes coureurs qui sont devant, même si aujourd'hui je pense qu'on aurait retrouvé à peu près les mêmes coureurs. Il n'y a pas eu de surprise. Mais j'aime cette idée d'avoir des courses très longues sur les Championnats.

« C’EST UN PASSAGE IMPORTANT »

Physiquement, étais-tu dans une grande journée ?
Je me sentais vraiment bien. Aujourd'hui, je pense que je suis dans une de mes meilleures formes. Je ne sais pas si je suis dans ma meilleure forme, mais je me sens très bien. Je suis au moins dans la lignée de Plouay. Après, dans le final, je ne peux rien faire. Je suis juste moins fort physiquement que les deux premiers. S'il y avait eu un parcours un peu moins dur dans la difficulté, un peu comme Plouay, peut-être que j'aurais pu jouer au niveau tactique et avoir un autre résultat. Mais là, ce n'était pas le cas. La bosse était un poil trop longue pour moi dans le dernier tour. Mais je suis bien physiquement, je suis content de ma forme.

Est-ce que le plateau rend cette médaille encore plus belle ?
Oui, sur le plan personnel, je suis content. C'est mon premier podium sur un Championnat international chez les pros. C'est un passage important. J'adore les courses de Championnats, je ne m'en suis jamais caché. J'avais dit que le parcours me convenait bien. J'aime ce genre de course en circuit. C'est toujours cool d'y briller et d'aller chercher une médaille même si on veut toujours plus. J'aurais voulu aller chercher le maillot, mais aujourd'hui, je ne pouvais pas. Un Championnat international, pour moi, est toujours de haut niveau. C'est sûr que cette année, on a eu un Championnat d'Europe qui était peut-être le plus relevé de l'histoire, même si elle n'a commencé qu'en 2016. Il n'y avait pas de grosse course en face, comme les classiques québécoises, par exemple. Cette année, la date était parfaite pour tout le monde. C'est pour ça qu'on avait un gros plateau ici.

C'est aussi l'occasion de se rappeler que tu as toujours été un homme de Championnat...
C'est clair ! Je prends le plaisir que j'ai à prendre. Quand je vois Pierre-Yves Chatelon et les kinés qui étaient aussi avec nous en Equipe de France Espoirs, je me dis que l'histoire est belle et que la continuité est bien là. Je suis fier de ce chemin que l'équipe de France arrive à me trouver. Je suis content de voir Pierre-Yves m'encourager sur le bord de la route et me rappeler les belles années Espoirs que j'ai pu vivre avec l'équipe de France. Je me rends compte de l'évolution.

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