Johan Le Bon : « Je ne compte pas arrêter »

Crédit photo Philippe Le Cocq

Crédit photo Philippe Le Cocq

Les courses où Johan Le Bon pointe loin au classement se font rares. La semaine passée, sur l’Estivale Bretonne, il a remporté une étape ainsi que le classement général, pour s’offrir ses 10 et 11e succès de la saison. Redoutable dans le peloton Amateur, le Breton de 30 ans espère toujours retrouver le monde professionnel, après l’avoir quitté en ce début d’année 2021. Pour DirectVelo, le coureur de Dinan Sport Cycling revient sur son Estivale Bretonne, et en dit plus sur ses difficultés, pour le moment, à trouver une terre d’accueil à l’échelon supérieur, pour 2022.

DirectVelo : Tu signes une deuxième victoire sur une course par étapes, après avoir gagné le Tour du Loiret !
Johan Le Bon : Ce sont des courses que j’apprécie, encore plus l’Estivale comme c’est en Bretagne. Mes onze ans comme professionnel font que j’enchaîne bien les jours de course. Comme depuis le début de l’année, je suis sans prise de tête. Je fais du vélo, mais à côté de ça j’ai une station de lavage qui demande du temps. Pas autant que quelqu’un qui travaille à fond, j’en suis conscient. Mais je me prends moins la tête qu’avant. Des fois ça m’arrive de partir tard m’entrainer, de raccourcir mes sorties pour réparer un problème ou m’occuper de ma station. L’objectif à l’Estivale, en plus à la sortie du KBE où j’étais malade, c’était vraiment de prendre du plaisir et m’amuser. Le premier jour a été assez difficile, je me demande si c’était un coup de froid ou si on a mal mangé, car on était trois dans l’équipe à être dérangés. C’était catastrophique au premier jour, puis ça s’est bien passé, je me suis rapproché du maillot.

Comment t’y es-tu pris ?
L’étape de dimanche n’était pas top pour moi. Le samedi, les sensations étaient bonnes mais je n’étais pas le plus fort. Le Ponthou du dimanche allait être difficile niveau relief. Face à des Louis Barré dont je sais qu’il grimpe bien, je pensais que ça allait être un peu plus dur pour moi. Mais en fait ça a bien souri en attaquant dans le dernier tour. J’étais motivé car ce sont mes routes d’entrainement. Je respecte beaucoup l’organisateur (Jean-Paul Minec, NDLR), à chaque entrainement je m’arrête lui dire bonjour au pied de la bosse, ça m’a motivé à bien marcher. Et cette attaque du dernier tour me permet d’aller chercher le maillot de leader.

« ÇA NE ME CHANGERA RIEN DANS MA VIE »

Durant ce dernier jour en tant que leader, t’es-tu senti menacé ?
Le dernier jour était à l’image de ce que j’aime énormément au niveau Amateur. Comme depuis le début de la saison, il n’y a pas de schéma type, on a juste un aperçu entre un sprint ou si ça va faire mal. On a vu qu’il y avait plusieurs coups de 10-15 coureurs qui sortaient, avec un ou deux classés au général, c’était bien décousu. J’ai une équipe très solide qui a réussi à bien contrôler. Il fallait le faire jusqu’à trois tours de l’arrivée, après les équipes de sprinteurs feraient le travail, et c’est ce qui s’est passé. Ça m’a permis de garder le maillot.

Tu accordes une grande importance à ces courses bretonnes ?
Important, je dirais non, parce que ce n’est pas une fin en soi, ça ne me changera rien dans ma vie. Il n’y a que mes enfants qui s’en rappelleront, et encore. Mais c’est un plaisir. Sur mes routes d’entrainement, briller sur les courses dans le coin... En étant breton, on est un peu chauvin (rires). On aime notre région, le vélo est quand même bien aimé ici. C’est toujours un plaisir de gagner en Bretagne, c’est toujours motivant. Tout le monde se connait, avec les organisateurs aussi.

Avec onze victoires cette saison, certaines ont-elles plus de valeur que d’autres pour toi ?
Tous ces succès ont la même valeur. Il n’y a pas de petites courses. Gagner c’est gagner. Sur certaines, c’est vrai qu’on est plus heureux que d’autres. Le Ponthou, j’y suis encore passé ce matin. Pas dans la bosse parce que je ne l’aime pas (rires). Je préfère passer à côté, dans la route parallèle. Mais ce sont des petits signes comme ça qui font plaisir. Certaines courses comme le Bousquet aussi. C’est quelque chose qui me plaisait bien en début d’année car c’est une Classique importante en France. L’Estivale, le Tour de Bretagne, et le Kreiz Breizh Elites, ce sont les trois plus grosses courses bretonnes. C’est toujours un peu plus de fierté.

« À L’HEURE ACTUELLE, ÇA NE BOUGE PAS ÉNORMÉMENT »

Qui dit mois d’août, dit annonces de recrues dans les différentes équipes. Et toi, où en es-tu ?
Je n’ai rien. Je n’ai aucune touche. J’ai contacté quelques équipes. J’ai eu un retour négatif, ça ne les intéressait pas. Après j’ai des touches avec des Continentales. J’aime le vélo, la passion est là, l’envie de s’entrainer aussi. Une chose est sûre, je ferai du vélo l’année prochaine. Où, je ne sais pas. Comment non plus. Si c’est en Amateur, je resterai à Dinan. Sauf proposition chez les pros où je serai heureux de retourner. Mais je n’ai pas de touche actuellement. Et changer de N1 pour changer de N1 ne m’intéresse pas, je suis très bien où je suis. Si je dois continuer en Amateur, soit je ferai encore une année vélo à 90%, soit avec un mi-temps à côté, je ne sais pas encore. Je cherche encore des contacts chez les professionnels. Mais je sais qu’à l’heure actuelle, ça ne bouge pas énormément.

Comment vis-tu cette période où le téléphone peut sonner à tout moment… ou pas du tout ?
Je ne me sens pas du tout stressé. Ça serait bien de retourner chez les pros, c’est sûr. Si j’ai un coup de fil, ce sera une grande joie de revenir à ce niveau. Mais si ça ne se fait pas… J’ai tellement ramassé avec mes problèmes de santé, d’artère iliaque… j’ai eu des grosses baisses de moral, comme l’an dernier quand j’ai pris un gros coup sur la tête à me dire que c’en était fini du monde professionnel. Maintenant je prends tout comme ça doit venir. Si je repasse je serai content, si je reste en Amateur, pareil. Je garderai la motivation, j’ai envie de faire du vélo et je ne compte pas arrêter.

« JE NE SERAI PAS DÉÇU AU VUE DE MA SAISON »

Comprendrais-tu que personne ne vienne te chercher, alors que tu fais partie des Amateurs qui gagnent le plus cette saison ?
Le vélo a changé. Pas forcément en mal. Il y a beaucoup de bonnes choses. Beaucoup d’équipes ont des formations de développement, ce qui est normal. Les sponsors investissent dans les jeunes, et préfèrent ramener des jeunes de l’équipe de développement vers la structure pro. C’est normal que les jeunes poussent les anciens vers la sortie. Mais on se rend compte que les carrières s’arrêtent un peu plus tôt qu’il y a dix ans. Il y a dix-quinze ans, beaucoup de coureurs arrêtaient à la quarantaine. Maintenant, je pense à des Kevin Reza, des Jonas Van Genechten qui a eu des soucis de santé, on voit que beaucoup sont plus proches de 30-32 ans quand ils arrivent sur la fin. Je ne serai pas déçu au vue de ma saison, j’arrive à comprendre que les jeunes poussent. Je préfère qu’on m’appelle, mais ça montre aussi qu’il y a du niveau chez les jeunes, et que les équipes cherchent à avoir la meilleure pépite.

Quelles sont tes prochaines échéances pour espérer marquer encore un peu plus les esprits ?
Ce week-end j’irai à la Ronde Finistérienne, à côté de la maison, dans une ambiance sympa. Puis il y a l’Agglo Tour, les Trois Jours de Cherbourg et le Tour de Bretagne, normalement. C’est une course qui me tient à cœur. En raison de la catégorie, déjà, puisque c’est une Classe 2. Et c’est la course régionale, je pense que c’est une des plus belles courses par étapes en France.

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