Une Classique des Alpes « historique »

Crédit photo William Cannarella - DirectVelo

Crédit photo William Cannarella - DirectVelo

Plus que jamais la Classique des Alpes Juniors était attendue par les coureurs. Elle marquait pour certains la première course de l’année, pour d’autres le premier grand objectif d’une saison encore tronquée pour les jeunes. “On a le sentiment que ça sera une édition historique”, estimait à l’arrivée Christelle Reille. Et pas seulement pour l’incroyable numéro du Belge Cian Uijtdebroeks (voir le classement). Pour DirectVelo, l’organisatrice de la course internationale est revenue sur une édition si particulière.

DirectVelo : Comment as-tu vécu cette Classique des Alpes ?
Christelle Reille : Il y avait plus de stress que d’habitude car je ne savais pas comment allait se comporter le peloton. Nous avions au départ les meilleurs mondiaux et des coureurs qui débutaient leur saison aujourd’hui (samedi). Finalement, nous avons juste eu quelques incidents habituels dans les 50 premiers kilomètres. On s’en sort bien je trouve. On s’est retrouvé dans une configuration de courses presque normale si ce n’est que cette année, ça a pété dès le Mont Tournier.

Preuve que si la seconde partie de parcours est inchangée depuis 2012, il peut toujours se passer de nouvelles choses...
Avec un parcours quasi-inchangé, on peut mieux se préparer sur la sécurité et le médical. Un détail tout bête mais je suis en contact avec les clubs de parapente du Mont du Chat et du Banchet et on n’a pas de soucis avec eux. Ils pratiquent, et nous aussi. Je comprends les suiveurs qui aimeraient peut-être voir le parcours changer mais l’essentiel ce sont les coureurs. Eux soit ils découvrent, soit ils bénéficient la seconde fois du capital engrangé l’année d’avant. Par ailleurs, on a du monde qui attend la Classique parmi les riverains. C’est l'intérêt d’une Classique. On est aussi critiqué car on ne va plus dans les grands cols mais c’est plus facile d’organiser un samedi après-midi dans l’avant-pays savoyard qu’en Maurienne ou en Tarentaise où il y a même des bouchons de vélos dans les cols.

« PAS DE LA FIERTÉ MAIS DU SOULAGEMENT »

As-tu de la fierté d’avoir pu organiser la première course Juniors de la saison de ce niveau-là en France ?
J’aurais préféré être la cinq ou sixième, je suis triste pour ceux qui ont annulé. Être les premiers n’était pas le challenge, l’essentiel était d’être. C’est difficile de repartir après une deuxième annulation. Il faut remotiver les bénévoles et les partenaires, même soi-même… Je me suis projetée plusieurs fois en me demandant si j'étais prête à réagir correctement et en adulte si on me disait que mon bébé n’allait pas avoir lieu une deuxième fois. Je m’étais préparée mais je pense que je n’étais pas si prête que ça. Il n’y a pas de la fierté mais du soulagement. Je suis contente que la course ait eu lieu dans des conditions acceptables. Il a manqué bien sûr la convivialité. D’habitude, à la fin, le staff boit une bière avec nous et les coureurs mangent leur glace. C’est l’accueil que l'on aime faire à la Bridoire mais nous n’avons pas voulu brasser l’organisation et les équipes.

As-tu eu plus de messages de remerciements que d’habitude ?
Quand le staff du Team Auto Eder qui est celui de la Bora-Hansgrohe dit que c’est une super course et un bel outil de travail, ça me fait plaisir. Nous ne sommes pas là pour rouler des mécaniques. Parfois, je me dis qu’il y a trop de pression autour de cette épreuve. Il y a une maman qui m’a appelé en me suppliant de parler à son fils car depuis des semaines, il ne parlait plus à ses parents à part de la Classique… Je ne suis pas psychiatre non plus. Ce n’est pas le bac. Mais je crois que c’est un argument qui ne fait pas mouche.

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