Philipp Walsleben a fini de patienter

Crédit photo Freddy GUÉRIN / DirectVelo

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Une célèbre expression dit qu’il faut prendre son mal en patience. Ce jeudi, Philipp Walsleben a décidé de prendre son bien en urgence. L’Allemand a assez attendu. Parce qu’il s’alignait ce jeudi sur les Boucles de la Mayenne (2.Pro) pour la onzième (!) fois de sa carrière  - un record dans la liste des partants de cette édition 2021, mais également un record personnel puisqu’il s’agit de la seule course qu’il a disputée tant de fois dans sa carrière -. Parce qu’il dispute actuellement sa quinzième saison parmi l’Élite, dont douze passées au niveau Continental. Et qu’il est, à 33 ans, assurément bien plus proche de la fin de sa carrière cycliste que du début, lui qui est le deuxième coureur le plus expérimenté de la formation Alpecin-Fenix, seulement devancé (de cinq petits mois) par l’Italien Sacha Modolo, également né en 1987 et vétéran de la structure belge. Parce que, enfin, il n’a jamais décroché une grande victoire chez les pros. Bien sûr, il avait déjà connu des succès, notamment en France sur la Mi-août bretonne ou le Tour Alsace, mais c’était en Classe 2.

Alors, au départ de la commune de Genest-Saint-Isle, ce midi, celui qui est plus habitué à jouer les premiers rôles dans les sous-bois, a voulu prendre son destin en main. Avec le doux rêve de pouvoir décrocher son premier succès au plus haut niveau mondial, lui bien plus habitué à se dévouer pour les autres qu’à jouer sa carte personnelle. “On n’a pas emmené nos plus gros sprinteurs ici, alors on voulait se battre et faire la course. Il fallait mettre quelqu’un devant et c’était moi”. Le crossman se retrouve alors dans un groupe de six coureurs, auquel le peloton accorde une avance qui va dépasser les cinq minutes. “C’est classique, un écart comme ça. Mais il y avait six mecs forts devant. D’habitude, l’écart tombe très fort d’un coup en passant de cinq minutes à trois, puis deux... Mais là, c’était différent, analyse-t-il auprès de DirectVelo, juste après la course. La FDJ était la seule à rouler, les autres ne voulaient pas collaborer. Mais si tu ne roules pas, tu ne gagnes pas. Ils se sont regardés et c’était bon pour nous. Pourtant, au début, on ne pensait pas pouvoir faire ça face aux nombreuses équipes de sprinteurs”.

ET POURTANT, IL PRÉFÉRAIT LES ÉDITIONS AVEC UN PROLOGUE DANS LAVAL

C’est finalement au bout d’une centaine de kilomètres de course que l’Allemand a commencé à imaginer un scénario favorable pour le groupe de courageux du jour. Encore fallait-il accélérer durant la dernière heure de course pour espérer tenir tête à un peloton qui a tardé à véritablement entrer (sérieusement) en action. “Dans les 50 derniers kilomètres, j’ai senti que j’avais de très bonnes jambes. On devait continuer de rouler fort dans le final alors on a décidé de faire le tri dans l’échappée”. C’est ainsi que Maxime Urruty (Xelliss-Roubaix Lille Métropole) a été décroché le premier, avant Yoann Paillot (St-Michel Auber 93), Roger Adria (Kern Pharma) et Eddy Finé (Cofidis). Ainsi, le futur lauréat ne s’est plus retrouvé qu'avec le seul Diego Rubio (Burgos-BH), qu’il a fini par déposer dans le mur final, à quelque 500 mètres de la ligne d’arrivée (voir classement). “Il était très fort mais je savais que la montée me conviendrait mieux qu'à lui. Dans les 200 derniers mètres, c’était dur mais je me suis arraché”.

Pour sa onzième participation aux Boucles (il y était venu pour la première fois en 2008), voilà donc le solide gaillard - qui a longtemps connu l’épreuve en Classe 2 - vainqueur en Mayenne grâce à cette étape en ligne inaugurale. Et le comble, c’est que l’athlète préférait l’ancienne version de l’épreuve, avec le traditionnel prologue organisé dans les rues de Laval. “J’aimais bien ce chrono dans la ville ! C’était chouette, pas trop long, donc ça ne créait pas de gros écarts. Mais bon, j’aime bien la nouvelle formule aussi !”, se marre-t-il.  Cerise sur le gâteau, c’est maintenant avec le maillot jaune sur le dos, et seize secondes d’avance sur son premier adversaire au général, qu’il prendra le départ depuis Vaiges, ce vendredi. Avec l’idée de pouvoir tenir jusqu’à dimanche soir ? “Déjà, je suis super content d’avoir gagné ! Maintenant, on va mettre un plan en place pour le général. Il y aura sûrement des arrivées au sprint. On verra si on peut gratter d’autres bonifications. Dans tous les cas, on a déjà une étape, c’est bien”.

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