Andrea Mifsud s'apprête à vivre un moment fort dans sa jeune carrière cycliste. Ce vendredi, l'Azuréen va disputer sa première course chez les professionnels. Le tout face à un plateau particulièrement relevé et sur ses routes d'entraînements, qu'il connaît par cœur. Une belle récompense pour un coureur qui a longtemps galéré à cause de grosses blessures (voir son parcours ici). DirectVelo s'est entretenu avec l'athlète de la Swiss Racing Academy, 21 ans - toujours étudiant à la SKEMA Business School de Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes) - juste avant le Tour des Alpes-Maritimes et du Var.

DirectVelo : On t'imagine particulièrement excité à quelques heures de ta première course professionnelle !
Andrea Mifsud : Forcément, c'est super spécial, d'autant que je serai à domicile, dans mon jardin. Je connais chaque centimètre carré des routes de la course par cœur. La motivation est énorme. Mais je reste lucide également. Ce sera une découverte, je vais apprendre le métier.

« J’ABORDE LA COURSE TRÈS CONCENTRÉ, AVEC BEAUCOUP DE SANG-FROID »

Onze WorldTeams font le déplacement. Comment appréhendes-tu la course et ta place dans ce peloton ?
Avec beaucoup de positivité. Forcément, il peut y avoir quelques doutes car c'est la première de la saison. Mais ce sont des doutes que j'aurais aussi pu avoir en amateurs, c'est plutôt dû aux questions que l'on se pose au moment de chaque reprise, quand tu espères que tu as bien travaillé tout l'hiver mais que tu attends la réponse sur le terrain. On a roulé dans de très bonnes conditions en stage à Majorque, fin janvier, pendant deux semaines. Je suis plutôt confiant avant cette découverte.

Tu devais absolument vouloir reprendre sur cette épreuve ...
Oui ! J'avais cette course dans un coin de la tête depuis un moment. J'ai tout fait lors du stage pour montrer que je méritais ma sélection. Ce sera aussi un avantage pour l'équipe que j'y sois car, encore une fois, je connais les routes par cœur. Je pourrai aiguiller tout le monde sur les points critiques de la course, même si on aura déjà la chance de compter sur notre directeur sportif Sylvain Blanquefort qui est quelqu'un de très assidu et très pointilleux aux niveaux des briefings.

Dans quel état d'esprit es-tu avant de vivre cette première expérience face, notamment, à des anciens vainqueurs de Grands Tours ou de Classiques, toi qui rêvais de ce moment depuis des années ?
J'ai ouvert la porte et j'ai fait un premier pas. Maintenant, j'espère qu'il me reste encore de nombreuses pages à écrire dans ce sport. J'aborde la course très concentré, avec beaucoup de sang-froid. Il y aura de très gros clients dans ce peloton, mais il ne faut pas rester sur son petit nuage. La concentration sera primordiale. Il faut laisser les émotions de côté.

« BESSÈGES : ÇA M’A PERMIS DE SWITCHER »

Tu as tout de même dû jeter un oeil à la liste des engagés...
Bien sûr ! J'ai vu que Nairo Quintana a officialisé sa venue. Il y aura Tao Geoghegan Hart, le dernier vainqueur du Tour d'Italie, Geraint Thomas, Tom Pidcock... Une grosse équipe Trek-Segafredo avec Bauke Mollema et d'autres, Greg Van Avermaet pour AG2R Citroën... C'est peut-être le plus beau plateau qu'il n'y a jamais eu sur la course.

As-tu regardé les premières courses françaises de la saison en te projetant sur ce "Tour 06-83" ?
Oui, surtout l'Etoile de Bessèges car je n'ai pas eu trop le temps de regarder le Tour de la Provence. Dans mon canapé, pour Bessèges, je me faisais la réflexion de me dire que dans quelques jours, ce serait à mon tour. Et justement, ça m'a permis de switcher : je ne regardais plus la course en tant que simple spectateur mais déjà en tant qu'acteur. En quelque sorte, ça faisait déjà partie de la préparation mentale.

Plus généralement, qu'espères-tu de cette saison 2021, où tu ne disputeras pas que des courses face aux coureurs d'INEOS Grenadiers ou de Trek-Segafredo ?
C'est la force de la Swiss Racing Academy et de notre calendrier. On aura de tout. On peut prendre de la caisse sur une course comme celle de ce week-end mais on aura aussi des Classe 2 et plein de courses U23 comme le Tour d'Italie, le Tour de Lombardie ou la Ronde de l'Isard. Et sur ces courses-là, on pourra espérer faire des résultats. Lors du stage, j'ai senti une équipe très homogène et ça annonce de belles choses. On devrait pouvoir décrocher quelques résultats sympathiques.