GP de Valence : Lorrenzo Manzin et la peur du lendemain

Crédit photo Grand Prix de Valence

Crédit photo Grand Prix de Valence

La saison européenne a officiellement débuté ce dimanche avec le Grand Prix de Valence (1.2), qui avait disparu du paysage cycliste après l’édition 2005 et dont l’Italien Alessandro Petacchi était jusque-là resté le dernier vainqueur de l’épreuve qui s’appelait alors Trophée Luis Puig. Mais les organisateurs ont tremblé jusqu’au bout en espérant de pas avoir à renoncer à l’organisation de cette épreuve réunissant quatorze équipes : aucune WorldTeam - épreuve de Classe 2 oblige - mais plusieurs ProTeam parmi lesquelles deux représentants français, Arkéa-Samsic et Total Direct Energie. “Jusqu’au bout, on s’est demandé si ça allait avoir lieu”, concède Romain Hardy. L’expérimenté coureur d’Arkéa-Samsic précise qu’une dernière réunion entre l’organisation et les équipes s’était tenue jeudi. Une discussion lors de laquelle les organisateurs auraient définitivement assuré aux participants la bonne tenue de l’événement.

Il a pourtant fallu encore s’adapter au dernier moment, la faute à l’épidémie de coronavirus, encore et toujours. Peu avant la course, un communiqué officiel des organisateurs - avec à sa tête Antonio Molina, qui était coureur professionnel il y a encore un an et demi de cela, chez Caja Rural - annonçait en effet que la course était réduite de 150 à 98 kilomètres, avec un lieu d’arrivée modifié pour éviter un final dans Valence, quatrième ville d’Espagne de par sa population. “C’était particulier mais on est vraiment content d’avoir pu courir, c’était super agréable, d’autant qu’il faisait très beau et doux. Il y avait une grosse envie de courir et de performer pour tout le groupe”, ajoute Romain Hardy. 

CONSCIENTS DES RISQUES QUE TOUT S’ARRÊTE

Après un peu plus de deux heures de course, et malgré le Coll de Rates et ses 14.2 kilomètres d’ascension - en début de parcours -, c’est comme de coutume sur cette épreuve ressuscitée lors d’un sprint massif que la victoire s’est jouée. Et c’est un Français, Lorrenzo Manzin, qui l’a emporté (voir classement). “Au briefing, on s’est dit qu’on ne savait pas quand on allait recourir, alors il fallait se concentrer à fond sur cette course et donner le maximum. Il fallait prendre ce qu’il y avait à prendre, car on ne sait pas si les prochaines courses se tiendront ou non”, explique le lauréat du jour auprès de DirectVelo, à chaud. “Le format était spécial, c’était court et intense mais surtout agréable”.

Et maintenant ? Gros point d’interrogation et véritable peur du lendemain pour Lorrenzo Manzin et tous les coureurs du peloton. Le sprinteur de Total Direct Energie devait enchaîner avec le Tour d’Andalousie, mais l’épreuve espagnole fait partie de celles qui ont été supprimées du calendrier de février ces derniers jours. “Théoriquement, je reprendrai à Almeria. Mais bon… On s’adaptera si ça doit encore changer”. Ces derniers jours, durant le stage des hommes de Jean-René Bernaudeau, la situation sanitaire et la fragilité du calendrier cycliste étaient forcément dans tous les esprits, et dans les discussions. “L’enchaînement des annulations nous inquiète. Tous les jours, le staff cherche à obtenir des informations sur le programme des courses. C’est dur pour tout le monde”. Le groupe se pose des questions sur la future bonne tenue des premières courses françaises, à commencer par le Grand Prix La Marseillaise. On ne prend rien pour acquis. On part avec l’idée que ça aura lieu mais en ayant conscience que ce ne sera pas forcément le cas. C’est compliqué, même si le staff essaie de nous rassurer”, insiste le Réunionnais.

UNE PRIORISATION (TEMPORAIRE) CHEZ TOTAL DIRECT ENERGIE

Mêmes questionnements et inquiétudes similaires du côté d’Arkéa-Samsic, bien sûr. Certains devront attendre le Haut-Var pour retrouver la compétition, voire plus tard. Avec un effectif de quasi 30 coureurs, ce n’est pas facile de faire courir tout le monde. Et encore, on ne sait même pas si ce sera possible. On attend les nouvelles mesures gouvernementales. On se pose tous des questions, on voit tous la liste des annulations sur les réseaux sociaux”, synthétise Romain Hardy, dont le nouveau coéquipier belge, Amaury Capiot, a pris la 3e place de dimanche. L'Ornais de 32 ans imagine malgré tout que les épreuves professionnelles ont plus de chance de tenir que les organisations amateurs. Mais sans certitudes pour autant. “Théoriquement, on a cette chance d’être un peu plus protégé que les amateurs. Peut-être aurons-nous des autorisations de courir que les amateurs n’auront pas. Dans tous les cas, c’est un gros coup dur pour notre sport. Mais on ne veut pas se plaindre, il y a beaucoup d’autres secteurs durement touchés”.

Chez Total Direct Energie, l’annulation de différentes courses a d’ores-et-déjà obligé le staff technique à faire des ajustements. Ainsi, certains coureurs risquent de très peu courir dans les semaines à venir. “Ils nous ont prévenus pour nous dire que certains coureurs seront prioritaires”, explique Lorrenzo Manzin. Ces coureurs prioritaires, ce sont les chasseurs de Classiques du printemps, et les spécialistes de courses par étapes qui visent notamment Paris-Nice, à l’image de la recrue Pierre Latour. “Ils feront courir ces coureurs-là en priorité. Pour les autres, il faudra patienter. Dans tous les cas, ça finira par tourner et on devrait avoir beaucoup de courses au mois de mai, notamment !”. Mais la situation pourrait encore évoluer dans les jours et les semaines à venir.

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