Rétro : Le virus du chrono

Crédit photo Noémie Morizet

Crédit photo Noémie Morizet

L’année 2020 restera dans tous les esprits. Un mot à lui seul pourrait résumer cette saison pas comme les autres : coronavirus. Organisateurs, staff, coureurs, bénévoles ou simples passionnés : toutes et tous ont été grandement impactés par ce violent tremblement de terre dont les premières grosses secousses ont été ressenties début mars, et qui n’a depuis guère laissé de répit. À l’occasion de ces derniers jours de l’année, DirectVelo vous propose de revenir sur quelques-uns des événements marquants de cette année pas comme les autres, afin de comprendre comment les acteurs du monde du cyclisme ont vécu cette période si particulière.
Ce samedi 27 décembre, coup de projecteur sur le contre-la-montre qui a permis de relancer l'activité.


Cette année, le vélo de contre-la-montre de Julian Lino n'a pas eu le temps de prendre la poussière. Enfin, à partir du moment où le coureur du CC Nogent-sur-Oise est remonté dessus, en juillet. "Je n'y avais plus touché depuis octobre, jusqu'à mon premier contre-la-montre de SportBreizh (le 5 juillet à Plouhinec, NDLR)", indique-t-il à DirectVelo.

ADAPTÉ AUX TEMPS DE COVID

Dans cette année de coronavirus et de gestes barrières, la course individuelle contre le temps a eu le vent en poupe. "L'avantage du contre-la-montre est d'être le plus simple à adapter en temps de covid. On ne signait pas. On se tenait à une barrière qui était désinfectée pour partir", ajoute-t-il.

Juste avant le déconfinement du 11 mai, le ministère des sports prévoit le retour des compétitions pour le mois d'août mais accepte des "confrontations contre-la-montre" sur des routes non-fermées à la circulation. Une autre idée circule, faire des contre-la-montre avec l'application Strava. Le but est d'étaler sur une journée la fréquentation d'un parcours donné. "Mais ce n'était pas terrible", juge Julian Lino. En revanche les confrontations vont raffler tous les suffrages. SportBreizh lance la tête de pont de la reprise à Argol, le 14 juin. Eddy Le Huitouze répond à l'appel. Il ne va manquer aucune des quatre confrontations en Bretagne. "J'en ai profité pour recourir au plus vite et reprendre du rythme", dit-il. Un coureur avec un dossard, une ligne de départ et d'arrivée, ça reste un coureur, pas un « confrontateur ».

Pour son arrivée chez les Juniors, le coureur suivi par la Groupama-FDJ reçoit un vélo de chrono. "J'ai reçu mon vélo Lapierre avant le début de saison. J'ai commencé à rouler dessus aux vacances de février. Après le déconfinement, je roulais moitié-moitié sur mon vélo de route et mon vélo de contre-la-montre". Le sociétaire de l'EC Pluvigner termine premier Junior mais aussi 3e parmi les Elites, derrière Thibault Guernalec et Fabien Schmidt (voir le classement). "Au niveau Juniors, je m'attendais à ce résultat mais je me suis surpris à pouvoir jouer la gagne avec les Elites", analyse-t-il.

« BIEN POUR PROMOUVOIR LA DISCIPLINE »

La Bretagne n'est pas la seule à avoir proposé ces confrontations. "Il y en a eu plusieurs en FFC avant la première course en ligne. C'était bien pour promouvoir la discipline", apprécie Julian Lino. Le comité Centre-Val de Loire a pris le relais une semaine après Argol avec une confrontation à Issoudun.

L'année 2020 a ainsi été riche en contre-la-montre. "On en a fait plus que d'habitude, une dizaine. Le dernier, c'est le Duo Normand", constate le rouleur de Nogent. Chez les Juniors, après les confrontations de juillet et les tests de détection de Julien Thollet (lire ici), les spéciales chronométrées se sont raréfiées à cause de l'annulation des Fédérales Juniors, habituées de proposer une demi-étape contre-la-montre. "Au mois d'août, je n'ai disputé que celui du Championnat d'Europe" poursuit Eddy Le Huitouze. A Plouay, il se classe 8e. Le Breton va devoir attendre deux mois avant de se lancer à nouveau du tremplin, à Gray, pour remporter le titre de Champion de France Juniors. "Entre-temps, il y a eu le Championnat d'Europe sur piste qui m'a aussi donné du rythme. Le chrono et la piste sont complémentaires. Je n'ai fait que deux sorties contre-la-montre avant le championnat de France" précise le médaillé de bronze du Championnat d'Europe d'Omnium.

Chez les Elites, les rendez-vous avec l'horloge étaient plus fréquents. Au CC Nogent-sur-Oise, Julian Lino est aussi entouré de grosses motos. "J'ai fait des stages de contre-la-montre avec Romain Bacon et Conn McDunphy. Le groupe s'est tiré vers le haut. Je prenais le vélo de chrono deux fois par semaine". Le confinement a aussi été favorable au travail de qualité. "J'ai augmenté mon seuil en travaillant par bloc". Le coureur de 25 ans a gagné deux contre-la-montre individuels cet été : au Rouillacais et aux Achards.

Parfois, Julian Lino a choisi de laisser au garage son vélo à prolongateurs. "À Montbéliard, pour le chrono en côte, à 30 de moyenne, le vélo de contre-la-montre ne servait pas à grand chose à mon avis. C'était au choix de chacun. Les deux premiers ont fait pareil". De son côté, Eddy Le Huitouze se sent à l'aise posé sur sa machine spéciale chrono. Et il ne s'imagine pas terminer l'année sans monter encore une fois dessus mais "quand il fera beau, pour ne pas le salir".

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