Maxime Chevalier : « Je me suis découvert »

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

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Maxime Chevalier pensait mettre un terme à sa saison ce mercredi soir, au terme de la Flèche brabançonne. Il n’en sera rien. Le Breton est finalement retenu par sa formation B&B Hôtels-Vital Concept pour disputer Paris-Tours. L’occasion de terminer en beauté, avec une Classique de prestige, une saison 2020 extrêmement riche pour le garçon de 21 ans, qui sera passé du VCP Loudéac aux routes du Tour de France en six mois d’intervalle. Entretien.

DirectVelo : Comment s’est déroulée la Flèche brabançonne pour toi ?
Maxime Chevalier : Pour une reprise, j’étais plutôt content de mes sensations. J’ai senti que j’ai pris en puissance et en force, surtout dans les relances. C’était mon point faible depuis mes débuts chez les pros mais hier (mercredi), j’ai senti que j’étais vachement bien. C’est une course sur laquelle il faut toujours être placé et sur quelques tours, j’ai abordé les monts pas très bien placé. J’y ai donc laissé des cartouches. Mais je ne suis pas déçu. C’était ma première expérience sur cette course, je continue d’apprendre à chaque fois.

« J’AI GALÉRÉ PENDANT QUELQUES JOURS »

Tu as bouclé ton premier Tour de France fin septembre, sept mois seulement après être passé pro. Qu’en retiens-tu ?
Franchement, ça a été une superbe expérience, j’en garde un superbe souvenir. Disputer le Tour était un rêve et je l’ai fait. Je suis content d’avoir pu le terminer. Pourtant, ce n’était pas écrit d’avance. Je suis tombé dès le premier jour à Nice, puis une nouvelle fois sur l’étape de l’Île de Ré. J’ai galéré pendant quelques jours, après cette chute. On n’était qu’à mi-Tour et je me suis dit que je n’allais pas voir Paris. C’était tellement dur… Mais au final, ça l’a fait, en prenant jour après jour. J’ai réussi !

Qu’est-ce qui a été le plus dur ?
Les jours qui suivaient mes deux chutes, surtout la seconde fois. J’avais du mal à m’en remettre. J’ai réalisé que je récupérais beaucoup moins bien entre les étapes. J’ai vraiment galéré mais je me suis accroché. Une fois arrivé à Paris, j’ai savouré.

On imagine que c’était une grande émotion !
C’était vraiment quelque chose… J’ai eu les frissons en arrivant à Paris, lorsque j’ai vu les monuments, la patrouille de France… C’était émouvant, j’ai réalisé que je l’avais fait. C’était dur, mais ça valait vraiment le coup.

« DE BONNES INFOS POUR LA SUITE »

Tu as découvert, à l’occasion de ton premier Grand Tour, la vie en groupe pendant un peu plus de trois semaines…
C’était très enrichissant. Il y avait une superbe ambiance dans l’équipe. Les gars étaient hyper cool et plein de bons conseils. On ne s’est jamais ennuyé (sourire). C’est super agréable de faire partie d’un groupe qui vit bien car trois semaines, c’est long. J’ai appris à bien connaître les gars, c’était top.

Comment as-tu géré l’enchaînement de 21 étapes à un tel niveau, alors que tu n’avais jamais disputé une course de plus de six jours jusque-là ?
Je me suis découvert et j’ai fait comme j’ai pu. J’ai remarqué qu’à partir d’un certain moment dans la course, on ne peut pas être plus fatigué qu’on ne l’est déjà. On compte les étapes restantes, et on enchaîne. Je trouve que j’ai bien fini la course, vu ma prestation sur le contre-la-montre, l’avant-dernier jour (38e à 6’02” de Tadej Pogacar, NDLR). Encore une fois, la partie la plus dure a été vers le milieu du Tour. J’étais déjà bien entamé et j’avais du mal à me dire qu’il en restait encore la moitié. Même après trois journées seulement, ça faisait bizarre de se dire qu’il en restait encore 18. Mais bon, j’ai bien négocié cet enchaînement et ça me donne de bonnes infos pour la suite de ma carrière.

N’as-tu pas eu peur de te “cramer”, comme on dit dans le milieu, en disputant le Tour si tôt dans ta carrière, toi qui portais encore le maillot du VCP Loudéac en février dernier ?
Je n’ai aucun regret, non. C’était top de faire le Tour dès cette année, c’était une superbe opportunité. Mais c’est vrai qu'avant la course, il y avait de l’appréhension. Au final, on ne regrette rien, ni moi ni le staff. C’était tout bénéf. J’ai pu emmagasiner un maximum d’expérience. Il n’y a que sur un Grand Tour que tu peux apprendre autant. J’ai pris de la caisse, j’ai progressé… Tout ça va m’aider à passer un cap pour la suite. Ce Tour ne m’a pas cramé, ce n’est que du positif.

« ON M’A DIT QUE C'ÉTAIT L’UN DES PLUS COMPLIQUÉS DE CES DERNIÈRES ANNÉES »

Comment as-tu géré l’après-Tour, ces deux dernières semaines ?
J’ai continué de roulotter. Il ne fallait surtout pas s’arrêter d’un coup. C’est vrai que les premiers jours, ce n’était pas toujours facile de trouver la motivation d’aller rouler, après une journée de repos le lundi, au lendemain de la dernière étape à Paris. Mais je l’ai fait. C’était important.

Ce Tour de France était aussi l’occasion pour toi de côtoyer tout le gratin du cyclisme mondial !
J’ai eu la chance d’échanger avec certains d’entre eux, c’était super. Des gars m’ont dit que pour une première, à mon âge, ce Tour de France là n’était pas un cadeau. On m’a dit que c’était l’un des plus compliqués de ces dernières années. J’ai senti une belle solidarité entre les coureurs, des encouragements, des félicitations… Tout ça m’a fait plaisir. Pour la petite anecdote, lorsque je suis tombé la seconde fois, je n’étais pas très bien et Julian (Alaphilippe) est venu me voir et m’a demandé comment ça allait. Il m’a encouragé. C’était vraiment cool de sa part, j’ai beaucoup apprécié. Disons que ça confirme ce que je pensais déjà de lui. On voit que c’est un super coureur mais aussi qu’il doit être un super gars dans la vie de tous les jours.

Il te reste désormais une épreuve avant de mettre un terme à ta saison…
Je pensais arrêter à la Flèche brabançonne mais je viens d’apprendre que je disputerai Paris-Tours. J’avais fait cette course chez les Espoirs l’an passé (4e) et je l’avais bien aimée. Maintenant, chez les pros, ce sera peut-être différent (sourire). Ce sera encore l’occasion de prendre de l’expérience sur une très belle Classique. 

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