Shara Marche : « C’est le bon moment pour arrêter »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Shara Marche ne fera plus partie de l’effectif de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope en 2021. D’ailleurs, elle ne fera plus partie du peloton tout court. L’Australienne a pris la décision de mettre un terme à sa carrière cycliste, à 32 ans. Bien qu’elle se tienne prête à remplacer une autre concurrente sur les dernières courses du calendrier, Shara Marche a très probablement disputé la dernière course de sa carrière samedi dernier, à l’occasion du Championnat du Monde sur route, à Imola. Entretien pour DirectVelo.

DirectVelo : Tu viens sans doute de disputer la dernière course de ta carrière cycliste au Mondial…
Shara Marche : C’était un moment très spécial, rempli d’émotions. Je venais de prendre ma décision d’arrêter quelques jours plus tôt seulement, même si j’y pensais depuis un bon moment. Cette fois, la décision a été mûrement réfléchie et prise. Je me sens plus en paix depuis que j’ai fait ce choix. J’ai consacré les douze dernières années de ma vie au cyclisme, dont une bonne partie en Europe. Tout avait commencé avec Orica-GreenEdge, puis à la Rabobank et enfin avec la FDJ. J’ai repensé à tout ça pendant le Mondial. Je me suis dit que j’ai réalisé une belle et longue carrière, en restant impliquée à 100% du début à la fin. Mais maintenant, c’est le bon moment pour arrêter. Je ne le regretterai pas. Chaque jour qui passe me conforte dans ce choix.

« JE NE M’Y ATTENDAIS PAS ET ÇA M’A BEAUCOUP TOUCHÉE »

Qu’as-tu ressenti lors de ce Mondial ?
Je crois que c’était la course la plus émouvante pour moi. Les trois premiers tours de circuit ont été particuliers. Je n’ai pas fini la course mais j’ai eu le temps de vivre beaucoup d’émotions. Je savais qu’il s’agissait sûrement de ma dernière. Je l’avais déjà décidé mais là, ça devenait concret. Après l’avoir officialisé, j’ai reçu énormément de messages de félicitations, de messages bienveillants, des quatre coins du globe. C’était incroyable. Je ne m’y attendais pas et ça m’a beaucoup touchée.

Est-il possible que tu portes encore le maillot de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope avant la fin de saison ?
Ce n’est pas impossible. Je suis remplaçante pour les trois-quatre courses qu’il reste au calendrier. Mais normalement, je n’ai plus rien de prévu. Je me tiens prête au cas où, je continue de faire le job. J’ai un contrat qui va jusqu’au 31 décembre et je vais m’y tenir (sourire). Mais je ne souhaite pas qu’une autre fille se blesse ou autre. Si tout va bien pour le groupe, je ne devrais plus courir.

Lors du récent Mondial, la désormais double Championne du Monde Anna Van der Breggen a déclaré que pour les femmes, il était peut-être plus difficile de gérer une carrière cycliste et les à-côté, comme le fait de fonder une famille, par exemple…
Je suis d’accord avec elle. Pour nous, les femmes, c’est différent. Ce n’est pas la même vie, pas les mêmes salaires. On aimerait que les choses changent, mais c’est quand même déjà un peu le cas. J’ai vu le cyclisme fémnin évoluer au fil des saisons. Les choses continuent de bouger. En 2022, il y aura un Tour de France féminin alors que durant ma carrière, j’aurai finalement disputé onze fois d’affilée le Tour d’Italie, entre 2009 et 2019 (trois Top 10 au général final dont une 4e place en 2013, NDLR).

« C'ÉTAIT DEVENU PLUS COMPLIQUÉ »

Tu n’as pas réalisé tes deux meilleures saisons en 2019 et 2020. Te sentais-tu sur le déclin ?
L’année 2020 a été étrange. Je ne vais certainement pas me plaindre de la situation avec la Covid car c’était la même chose pour tout le monde, mais c’est vrai que j’ai eu du mal à être totalement dedans. J’ai pas mal cogité pendant les deux mois de confinement à la maison. J’en ai profité pour faire d’autres choses et notamment en me passionnant pour la cuisine. C’était déjà une occupation durant les trêves hivernales mais cette fois-ci, je m’y suis vraiment mise à fond. D’un point de vue purement sportif, le début de saison en Australie avait quand même été plutôt bon mais ensuite, lors de la reprise en Europe, c’était devenu plus compliqué. Dans tous les cas, je n’étais pas au niveau de 2017, c’est sûr.

Ton équipe actuelle ne t’a pas proposé de nouveau contrat pour 2021. Si tel avait été le cas, aurais-tu imaginé poursuivre ta carrière plus longtemps ?
Non, franchement, ça n’aurait rien changé. Au fond de mon coeur, je sentais que je devais arrêter. C’est aussi le bon moment pour arrêter l’aventure avec la FDJ. Comme dans toutes les équipes, il y a eu des hauts et des bas mais je me souviendrai uniquement des bons moments. Franchement, on a partagé de très belles choses. J’ai passé de superbes moments avec ce groupe, notamment lors de ma première saison en 2017 qui restera comme l'une de mes saisons de référence. 

Comment imagines-tu ton avenir ? De quoi as-tu envie ?
C’est une grande question (rires). J’ai quelques idées, quelques projets. Je vais attendre avant de développer sur la question car je ne suis sûre de rien à l’instant-T. Tout ce que je peux dire, c’est que pour l’instant je vais continuer de bien rouler. Je me suis mise à la course à pied également, pour m’amuser. La pratique sportive a toujours fait partie de mon quotidien et le restera sûrement encore un moment. Comme je le disais, je me suis récemment passionnée pour le côté cuisine et nutrition. Il y a peut-être quelque chose à faire là-dedans. Ce serait sympa de mêler ces deux passions, culinaire et sportive. 

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