Habitué aux titres nationaux depuis quatre ans, Stefan Küng a décroché pour la première fois le titre continental, au Championnat d’Europe de Plouay. Le Suisse de la Groupama-FDJ a infligé 17 secondes de déficit à son dauphin, Rémi Cavagna, fraîchement champion de France de la spécialité (voir classement). Il revient pour DirectVelo sur les raisons de son succès dans le Morbihan.

DirectVelo : L'objectif est atteint avec ce titre !
Stefan Küng : Absolument, j'avais un plan en tête. Avec les entraîneurs, on a regardé le parcours, je savais exactement ce que je voulais faire. J'avais de très bonnes sensations aujourd'hui (lundi). Je l'ai senti dès le départ, c'est comme si j'avais le vent de dos tout le long. Ça allait presque tout seul. Je n'étais jamais vraiment dans le rouge. J'étais toujours à la limite. C'est là que tu veux mettre le curseur dans un chrono.

N'as-tu pas trouvé le chrono un peu court ?
Au final, c'était un chrono usant tout le long, il fallait toujours maintenir la puissance. C'est une course typique de Bretagne avec des montées-descentes et des routes étroites. Tu dois toujours rouler à bloc. C’est un chrono très “honnête”, tu ne peux pas mentir dessus, tu dois te donner à 100%. C’est ce que j’ai fait et j’ai été capable de maintenir mon tempo jusqu’à la fin. Je savais déjà à mi-course que j’étais sur la bonne voie pour gagner. En fait, ce n'est pas le chrono le plus long, mais c'est quand même 30 minutes usantes. Et j'aime bien quand il faut appuyer tout le temps.

« MON VÉLO ÉTAIT COMPLÈTEMENT DÉTRUIT »

Que représente ce maillot pour toi ?
J'ai beaucoup bossé le chrono pendant cette période de confinement, j'avais les Mondiaux comme objectif en tête. Tout le temps. Et quand ils ont été annulés, on a décidé avec l'équipe nationale que j'allais faire ce chrono ici, au Championnat d'Europe. J'ai pu montrer ce que j'étais capable de faire. Merci au staff et aux mécanos qui ont fait un super boulot, le vélo était parfaitement préparé, ils ont mis tous leurs efforts dedans. Je les remercie comme ça. Surtout qu'on a eu des problèmes hier (dimanche). 

Que s'est-il passé ?
Mon vélo de réserve est tombé de la voiture. Il était complètement détruit. On a reçu le nouveau vélo Lapierre il y a peu, mais avec le covid on n'a pas tellement de cadres. Et je ne roule qu'avec trois vélos. Donc mon mécano est allé au service course à Paris pour aller chercher un nouveau vélo. Il a fait dix heures de route pour que j’aie un vélo de rechange. Il m'a dit "tu es là pour le titre, tu as ta chance pour gagner, il faut que tout soit parfait, mais tu me promets demain de penser un peu à moi sur le vélo" (rires). Même si ce n'est que le vélo de réserve, il m'a dit "s'il t'arrive quelque chose avant le départ ou sur la course, on n'aura pas l'air professionnel". Ça montre comme tout le monde est impliqué. Ce sont des choses comme ça qui motivent encore plus et donnent un peu plus de force. Tu sais que tout le monde est là à 100% pour toi.

« NE PAS SE CASSER LA TÊTE »

Dans quel état d'esprit es-tu depuis l'annonce de l'annulation du Mondial suisse ? 
C'était le premier jour du Dauphiné. Bien sûr, ça a été une déception, car ils auraient été à la maison. Mais à ce moment-là je me suis dit qu'il ne fallait pas se casser la tête, que la situation était comme ça. On peut déjà être content de recourir. Ce n'est pas évident avec toutes les mesures mises en place. Du coup j'ai voulu faire les Championnats d'Europe.

Et tu as donc voulu compenser...
Je n'avais pas prévu de les faire, car avec l'enchainement Dauphiné, Championnat de Suisse et le Tour, c'était suffisant. La course en ligne de mon Championnat national devait avoir lieu sur le même parcours que les Mondiaux, mais comme les deux ont été annulés... Je me suis dit que c'était une bonne opportunité de prendre le départ ici. Ça ne peut pas remplacer les Mondiaux, bien sûr, mais au moins c'est un maillot distinctif, et je peux me mesurer aux meilleurs Européens.