Les équipes vont « serrer les fesses » jusqu'au 20 septembre

Crédit photo DirectVelo

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Le public est resté à l’extérieur. Ce dimanche matin, les passionnés et les familles des coureurs n’ont pas pu entrer dans les trois parkings où se trouvaient les différents véhicules des équipes professionnelles avant le départ du Championnat de France. À moins d’une semaine du grand départ du Tour de France, la tension est grande. Surtout depuis qu’ASO a annoncé qu’une équipe serait exclue pour deux cas positifs en l’espace de sept jours. “Tout le monde a peur”, a-t-on entendu à plusieurs reprises du côté du Grand-Champ (Morbihan). La semaine a été compliquée pour AG2R La Mondiale, avec le test positif de Larry Warbasse, et pour le Team Ineos, qui a dû faire face au cas positif de Leonardo Basso. “Tout le monde serre les fesses, dit Frédéric Adam, relation-presse chez B&B Hôtels-Vital Concept. Je pense que chacun fait vraiment gaffe, notamment ceux qui sont dans la présélection du Tour. Ça change mais on est tellement attaché au fait que le Tour ait lieu… On desserrera les fesses le 20 septembre au soir…”.

La crainte d’un cas positif est dans toutes les têtes. Au-delà des gestes barrière, comment l’éviter ? “S’il y a un soucis dans l'équipe, on doit ne pouvoir s’en prendre qu’à nous-mêmes, indique Julien Pinot, l’un des entraîneurs de la Groupama-FDJ. On doit éviter la malveillance, même si on sait que les coureurs n’ont pas le choix au sein du peloton. C’est clairement le plus gros risque”.

UNE BULLE INTERNE AU SEIN MÊME D’UNE ÉQUIPE

Chacun a bien conscience que le risque zéro n'existe pas. “Tout le monde est dans le même bateau”, résume Frédéric Adam. Alors personne ne se regarde en chien de faïence. Directeur sportif de la Continentale St-Michel-Auber 93, Stéphan Gaudry ne sent pas du dédain de la part des équipes qui participeront au prochain Tour de France. “On a tous le même protocole à suivre. Il n’y a pas de méfiance”, fait-il savoir. Mais sur les parkings, les staffs des équipes ne se mélangent plus. “On prend naturellement nos distances, dit Benoît Génauzeau, directeur sportif de Total Direct Energie. Les mesures font qu'on se coupe du monde extérieur et donc aussi des autres bulles équipes. Ça sort moins du bus, il y a plus de distanciation par rapport aux autres équipes”. Pour Christian Guiberteau, directeur sportif de la Cofidis, “les relations sont moins conviviales”.

Au sein même des équipes, il peut exister des découpages. Ainsi, selon nos informations, une équipe WorldTour a séparé ce week-end au maximum les coureurs présents sur le prochain Tour de France des autres éléments. Ils n’ont pas mangé à la même table à l’hôtel, et n’ont pas fait le déplacement jusqu’au départ dans le même bus. Du côté de B&B Hôtels-Vital Concept, certains coureurs rejoindront Nice dès ce lundi, et ce sans passer par leur domicile. “Il faut rappeler aux coureurs que les familles n’ont pas le droit de venir aux hôtels, indique de son côté Julien Pinot. Au Tour de France, on sera 30 par équipe, et normalement on ne doit voir personne de l’extérieur… Mais nos assistants vont bien aller faire des courses au supermarché…”. Si chacun voit des limites, tout le monde s’accorde une nouvelle fois sur le fait que les contraintes deviennent de moins en moins pénibles à vivre. “On vit bien les différentes mesures, on s'est mis au diapason, dit Benoît Génauzeau. Depuis l'Occitanie, on connaît l'enjeu pour le vélo et pour l'équipe”. 

« PERSONNE NE PEUT SOUHAITER AU VOISIN UN CAS POSITIF »

Si les équipes vivent dans une bulle, elles ont besoin de faire parler d’elles. Sur et en dehors du vélo. Il y a cette fois-ci deux écoles. L’équipe Arkéa-Samsic a ainsi organisé vendredi soir une visio-conférence avec le tenant du titre, Warren Barguil, et ce pendant que la formation B&B Hôtels-Vital Concept accueillait les journalistes à son hébergement. “On sait ce qui est dangereux et ce qu’il ne faut pas faire, justifie Frédéric Adam. Parler à un mètre d’un journaliste, ce n’est pas dangereux. Cela rentre dans notre com’ de regarder les gens dans les yeux… Ça sera moins facile sur le Tour bien sûr. Bryan (Coquard) ne passera pas forcément par la bulle après un sprint. Un sprinteur ne peut pas répondre deux minutes après l’arrivée. On va sûrement devoir utiliser des trucs comme WhatsApp...”.

Pour la bonne cause, chacun est donc prêt à s’adapter. Et si un cas positif arrivait ? “On fera preuve de sang-froid, comme pour un autre fait de course, comme une chute”, dit Benoît Génauzeau. Dans un milieu où beaucoup de choses ont longtemps été cachées, il paraît aujourd’hui impossible de masquer un cas positif. “On ne peut rien camoufler. AG2R La Mondiale a même communiqué alors qu’elle n’était pas obligée de le faire, observe Frédéric Adam. De l’extérieur, on se dit que c’est la guerre entre les équipes… Mais en fait, chacun est passé dans plusieurs formations… Tout le monde connaît tout le monde. Et pour le vélo, personne ne peut souhaiter au voisin d’avoir un cas positif”. 

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