Routes en mauvais état au TRW : L'organisateur s'excuse

Crédit photo TRW Organisation

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Chute, crevaison, chute, crevaison... Le speaker RadioTour Freddy Havelange s'est répété durant la deuxième étape du Tour de Wallonie ce lundi. Les incidents de course ont été nombreux. En cause, le mauvais état de certaines routes empruntées qui a suscité le mécontentement des coureurs. "Un scandale, une honte, ce ne sont pas des routes pour le vélo", était le refrain à l'arrivée. Au Nieuwsblad, Philippe Gilbert synthétisait de la sorte : "Nous avons toutes les mauvaises routes de Wallonie en une étape." Les réactions sur les réseaux sociaux, notamment d'Iljo Keisse, Florian Sénéchal, Luke Rowe ou encore Stijn Steels, ne furent pas moins tendres. "J'ai reçu un nombre incroyable de plaintes de la part des coureurs à l'issue de cette étape", s'indigne Staf Scheirlinckx, le Président du syndicat des coureurs belges (Belgian Professional Cycling Association), qui a surtout remarqué le manque de signalement des dangers. "Que les routes wallonnes ne soient pas géniales, ce n'est pas nouveau. Cela a toujours été ainsi. Sinon, dans ce cas, annulons directement Paris-Roubaix", ironise-t-il avant de reprendre son sérieux : "Mais je trouvais qu'il n'y avait pas assez de prévention, pas assez de signaleurs".

UNE GRÈVE ? SI ÇA CONTINUE AINSI ...

Ce point n'a pas échappé à l'organisation du Tour de Wallonie, qui a d'ailleurs présenté des excuses publiques ce lundi soir via un communiqué, tout en expliquant que ces routes n’étaient pas le premier choix de parcours. "Les forces de police des zones et communes traversées dans l’étape de lundi ont été mobilisées pour sécuriser la zone d’arrivée, à huis clos en raison de la crise sanitaire (...). Cela a fait que les axes importants n’ont pas pu être empruntés comme initialement prévu, ce qui a obligé les organisateurs à opter in extremis pour des routes secondaires, dont certaines étaient en mauvais état", explique Christophe Brandt, lui-même ancien coureur. Un geste apprécié par Staf Scheirlinckx. "Voilà, c'est une très bonne réaction. Cela montre son implication. C'est la raison pour laquelle c'est positif de voir des anciens coureurs dans l'organisation, ils ont cette sensibilité. Les coureurs vont apprécier ces excuses". Oliver Naesen, coureur d'AG2R La Mondiale, semble abonder et réalise la difficulté d'organiser : "Merci Christophe. Nous nous rendons compte que sans toi, on ne pourrait pas courir maintenant".

Ces protestations sur le parcours interviennent aussi dans une période où les courses cyclistes sont marquées par de graves chutes : Fabio Jakobsen au Tour de Pologne, Remco Evenepoel au Tour de Lombardie, la chute collective dans la descente du col du Plan Bois au Dauphiné, "sur un chemin à chèvres", dixit Wout Van Aert. Du coup, les nerfs sont également à fleur de peau. "Oui, ça marque évidemment les esprits, sans parler de l'énorme envie des coureurs de rouler après ces mois de confinement. Ce sujet vit vraiment dans le peloton. Il y a un ras-le-bol qui s'installe avec les années, les coureurs sont de plus en plus engagés. Peut-on arriver à une grève un jour ? Si ça continue ainsi, oui". Avant la grève, les coureurs du Dauphiné ont neutralisé les dix premiers kilomètres de la dernière étape du Critérium. Au Tour de la Bataille de Varsovie 1920, les directeurs sportifs ont obtenu la neutralisation de la 2e étape en raison de l'état des chemins empierrés proposés.

DES SANCTIONS APPROPRIÉES POUR LES COUREURS DANGEREUX

Staf Scheirlinckx pointe du doigt, entre autres, les organisateurs. "Je ne parle pas du Tour de Wallonie, mais pour beaucoup d'organisateurs, la sécurité des coureurs n'est pas une priorité. On pense souvent plus à l'emplacement des invités qu'autre chose". Il y a douze mois, le CPA s'indignait de la dangerosité du parcours du BinckBank Tour. Comment dès lors rendre les parcours plus sûrs ? L'ancien coureur en appelle aux instances supérieures. "Les gouvernements ont un rôle à jouer. Ils investissent dans des infrastructures sportives. Ce dont le cyclisme n'a pas besoin. Par contre, ils pourraient peut-être penser à rendre les routes plus adaptées aux cyclistes, en donnant la possibilité de démonter les obstacles de la route (poteaux, casse-vitesses, etc.) lors du passage d'une manifestation cycliste. Je pense que c'est malheureusement une question de budget". Autre idée lancée par Staf Scheirlinckx :"il faut un contrôle accru des parcours, pas uniquement en Belgique, mais dans tous les pays". Gianni Bugno, le Président du syndicat international des coureurs, dont Staf Scheirlinckx est le représentant au Tour de Wallonie, a aussi rappelé, après la chute de Fabio Jakobsen, le pouvoir dont disposent déjà les groupes sportifs de changer les réglements par la présence de leur représentant dans la commission route de l'UCI. Or le CPA ne bénéficie pas de cette représentation.

Toutefois, rejeter la faute sur l'organisateur serait trop simple. "La plupart des chutes sont aussi dues au fait que les coureurs se battent pour leur place", rappelle le coureur de Tarteletto-Isorex Gianni Marchand. Staf Scheirlinckx, ancien pro, n'ignore pas ce problème. "Bien sûr, il y a également le comportement des coureurs qui entre en compte. On peut faire ce qu'on veut pour sécuriser le parcours. Quand il y a des manœuvres illicites et qu'il y a des dégâts physiques, on est un peu impuissant". Dès lors, il faut un régime de sanctions adéquates. "Quand un coureur est pris pour dopage, il prend entre deux et quatre ans de suspension. Je ne dis pas que Dylan Groenewegen doit prendre le même tarif car ce serait exagéré, mais il est temps d'envoyer un message fort avec des sanctions appropriées. Utiliser son coude est une forme de tricherie. Un mois serait un minimum dans ce cas-ci, mais c'est juste mon avis. Des sprints comme celui du Tour de Pologne, il y en a eu d'autres. En tout cas, ça discute beaucoup en ce moment et les choses vont changer", prévient Staf Scheirlinckx. Même si le mot de la fin revient au coureur de Tarteletto-Isorex Julien Van den Brande : "Le vélo est, de nature, un sport dangereux, point barre". 

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