Joris Vincent, une victoire et puis s’en va

Crédit photo Zoé SOULLARD / DirectVelo

Crédit photo Zoé SOULLARD / DirectVelo

La dernière image de Joris Vincent sur le vélo restera donc celle de sa victoire sur le Tro Bro Ploeur. Le 8 mars dernier, quelques jours avant l’arrêt des compétitions pour plusieurs mois - la faute à la pandémie de coronavirus -, le garçon franchissait la ligne d'arrivée de l’épreuve Toutes Catégories le premier, devant deux de ses coéquipiers de l’UC Nantes Atlantique (voir classement). “Ce triplé avec les copains, c’était top”, se souvient-il pour DirectVelo. En réalité, à ce moment-là, le coureur de 23 ans n’imaginait pas du tout qu’il s’agirait de sa dernière course. Mais beaucoup de choses se sont passées depuis. “J’avais déjà songé à arrêter l’hiver dernier. On ne gagne pas des mille et des cents dans le cyclisme amateur. J’ai 23 ans, bientôt 24… Mais bon, j’étais reparti pour une saison et je comptais la finir. Puis il y a eu cet arrêt à cause du coronavirus. Et là, tout s’est accéléré”.

Joris Vincent décide en effet de passer le confinement chez lui, à Annecy. Conscient qu’il ne pourra plus disputer la moindre course pendant des mois, il contacte l’entreprise Vinatis - spécialisée dans la vente de vin et de champagne sur internet -. Il y a déjà travaillé plusieurs fois et compte bien y retourner en attendant le retour des compétitions. Finalement, c’est une proposition de CDI qui s’offre à lui. L’occasion est trop belle pour l’ancien sociétaire de Bourg-en-Bresse AC, du Team Vulco- VC Vaulx-en-Velin et du VC Villefranche Beaujolais. “C’est l’assurance d’avoir une situation financière plus stable. J’arrive à un moment de ma vie où je veux pouvoir m’acheter mon appartement, ma voiture… Je veux aussi pouvoir être chez moi, à Annecy, près de mes lacs et de mes montagnes”, sourit celui qui avait fait 800 kilomètres jusqu’à Nantes pour se donner toutes les chances de passer pro dans le monde du cyclisme.

« POUR LES AMATEURS, ÇA VA ÊTRE DUR »

Au coeur de cette période si particulière, Joris Vincent aura donc pris la décision de changer de vie. Le vélo, c’est fini. “Un CDI, par les temps qui courent, ça vaut de l’or. Je suis plus serein pour l’avenir”, se réjouit celui qui admet tout de même que “les émotions du vélo” vont lui manquer. “Le cyclisme, c’est une belle école de la vie. Il faut travailler dur et faire beaucoup de sacrifices pour y arriver. Lorsque j’ai commencé le vélo, je n’étais pas très bon ( rires). Je n’arrivais même pas à tenir les roues dans le peloton. Et quelques années plus tard, je me retrouve à faire Top 10 sur le Tour de l’Avenir (9e sur l’étape de Levroux en 2018, NDLR). J’ai bien progressé”.

Aurait-il pu aller plus loin et plus haut ? “Je ne saurai jamais jusqu’où j’aurais pu aller. Je n’étais peut-être pas super loin de passer pro mais d’un autre côté, ça semblait quand même encore loin. Et dans les circonstances actuelles, je ne m’imaginais pas du tout pouvoir passer l’hiver prochain. Si deux ou trois équipes WorldTour arrêtent, qu’il y a 90 coureurs sur le marché, les autres équipes vont se diriger vers ces mecs-là. Pour les amateurs, ça va être dur”. Pas de regrets, donc, pour Joris Vincent. “Je ne voulais pas passer encore deux ou trois ans à essayer de passer pro, le temps passe vite et il ne faut pas le gâcher”. L’athlète a plein de projets en tête. Outre son nouvel emploi, il compte d’ailleurs lancer prochainement sa marque de bobs et de casquettes, « Bear and Beer ». D’ici-là, il retournera sûrement “voir les copains” sur plusieurs courses en fin de saison. “J’ai vu qu’il y avait des courses pas loin de la maison, notamment des manches de la Coupe de France. Je passerai !”

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