Julien Bernard a voulu croire en ses chances

Crédit photo William Canneralla - DirectVelo

Crédit photo William Canneralla - DirectVelo

Les efforts de Julien Bernard ont enfin été récompensés. Infatigable baroudeur, le coureur de la Trek-Segafredo avait pour habitude de multiplier les kilomètres en tête de course sans parvenir à décrocher la victoire. À l’issue de cette troisième et dernière étape du Tour des Alpes-Maritimes et du Var, c’est désormais chose faite. Le Bourguignon a eu le plaisir de lever les bras, pour la première fois chez les professionnels, au sommet du Mont Faron (voir classement). Comblé, il s’est livré auprès de DirectVelo.

DirectVelo : Que représente ce succès ?
Julien Bernard : C’est vraiment super. C’est ma première victoire chez les pros. J’ai beaucoup donné à l’équipe et ils m’ont toujours soutenu et poussé pour que j’aille dans les échappées et pour que j’aie ma carte. Je suis content de montrer que je peux aussi gagner. Cette victoire représente tout… Ça fait cinq ans que je suis chez les pros et je n’avais pas encore gagné. Forcément, je me posais des questions et me demandais si je n’allais pas faire une carrière chez les pros sans gagner.

Tu as pris le risque de partir d’assez loin !
Je suis sorti tout seul à vingt kilomètres de l’arrivée. J’avais peur que le peloton parte assez vite dans la montée et que je me fasse reprendre. Du coup, j’ai décidé d’y aller tout seul. J’ai un peu joué avec le feu parce que Nans Peters est rentré assez fort dans la dernière montée. Je suis toujours resté à mon tempo. Quand il était à cinq ou six secondes, je l’ai laissé rentrer pour lui faire croire que j’étais mort et pour pouvoir récupérer.

« J'AVAIS CONFIANCE »

Puis la victoire s’est jouée entre vous...
Quand il est rentré, on s’est jaugé. J’avais confiance en mon explosivité dans la bosse. Derrière, je savais que ça ne rentrait pas et l’on a pu s’expliquer dans les derniers 300 mètres. Dans le dernier kilomètre, j’avais vraiment bien récupéré. J’ai pu suivre ses attaques. Au sprint, on m’avait bien dit de prendre le dernier virage en tête. J’ai essayé d’anticiper et j’ai fermé la porte. J’avais juste à sprinter.

T’imaginais-tu gagner, ce matin ?
C’était une étape assez courte. Je n’étais pas hyper confiant au début. Je me disais que je préférais les étapes plus longues où les coureurs sont essoufflés en fin de parcours. Au final, il y avait déjà eu deux grosses journées pour tout le monde et je pense que c’est grâce à ça que j’ai tiré mon épingle du jeu. Je récupère assez bien. Je me sentais encore très bien. Je sentais que j’avais de bonnes jambes ces derniers jours. Quand je suis allé dans l’échappée, j’ai voulu croire en mes chances et j’ai eu raison.

Le fait de gagner au Mont Faron rend-il cette victoire plus belle ?
Je n’avais jamais gagné chez les pros. Si ça avait été une étape toute plate et que l’on était arrivé avec quinze minutes d’avance, je n’aurais pas craché dessus. Le Mont Faron, c’est une belle montée, mais je retiens surtout que c’est ma première victoire. Sur n’importe quelle autre course, je pense qu’elle serait aussi belle pour moi.

« ILS ONT CONFIANCE EN MOI DEPUIS CINQ ANS »

Les gens te parlent beaucoup de ton père, Jean-François...
Je viens de l’avoir au téléphone. Ce n’est pas facile de passer derrière mon père. Au moins, on arrêtera peut-être d'énoncer son palmarès quand je monterai sur un podium de présentation. Peut-être que l’on dira : “Julien Bernard, qui a gagné au Mont Faron”. Ça me suffira.

Tu sembles avoir de plus en plus de responsabilités, petit à petit...
L’équipe me fait de plus en plus confiance et me laisse aller dans des échappées qui peuvent jouer la gagne. Ils ont confiance en moi depuis cinq ans. C’est super. Je suis vraiment dans une équipe où je grandis à mon rythme. On me laisse tranquille et c’est pour ça que je peux continuer à progresser et à faire de belles courses. Je veux les remercier avec cette victoire.

Quelle sera la suite de ton programme ?
Je vais disputer le week-end Drôme-Ardèche, le Tour de Catalogne, le Tour du Pays Basque et les Ardennaises. Il va falloir récupérer, puis enchaîner avec le week-end prochain avant de refaire un bon bloc de travail pour les grosses courses. Je serai plus dans un rôle d'équipier pour mes leaders.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Julien BERNARD