Camille Guérin : « J’étais au fond du trou »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Plus que jamais, Camille Guérin avait besoin d’un nouvel air. En grande difficulté ces deux dernières saisons au VC Pays de Loudéac, le coureur de 24 ans a trouvé refuge au sein du club voisin de Côtes d’Armor-Marie Morin-Véranda Rideau pour la saison à venir. En plein doute, il cherchait un nouveau départ et se dit très heureux d’être entouré de Mickaël Leveau et de Sébastien Cottier pour cette aventure qu’il espère épanouissante. Le Breton a trois souhaits pour 2019 : retrouver le plaisir, le mental, et son niveau de 2016. Camille Guérin fait le point avec DirectVelo en pleine trêve hivernale.

DirectVelo : Après une saison 2017 très délicate, tu espérais te relancer cette année. Qu’en a-t-il été ?
Camille Guérin : Je n’avais effectivement pas été épargné en 2017 et je comptais sur cette saison pour me relancer. Mais finalement, ça n’a pas vraiment été le cas. Ce n’était pas dû à un manque d’investissement car j’avais tout fait pour que ça se passe bien. Ce qui a beaucoup joué, c’est l’aspect moral et mental… J’ai mal débuté la saison et ça s’est enchaîné… Je me suis encore pété la gueule. Parfois, j’étais bien, mais sans plus. Je n’ai jamais vraiment été à mon niveau. C’était un tout… J’étais moins épanoui dans mon club car on rigolait un poil moins, à vrai dire. Mes meilleurs résultats, je les ai obtenus quand on rigolait bien à côté. Je m’éclatais moins et ça se ressentait en course, même si ce n’est pas une excuse. J’ai sorti la tête de l’eau fin août, lorsque j’ai failli gagner le Pertre (voir classement). La fin de saison n’a pas été top après cela, notamment à cause d’un incident sur les 3 jours de Cherbourg, où l’on s’est accroché avec le staff. C’est comme ça.

« C'ÉTAIT TELLEMENT UN RÊVE DE GAMIN... »

Tu as donc décidé de quitter Loudéac pour rejoindre une autre DN1 bretonne, également réserve d’une formation professionnelle…
Soit je refaisais une année en DN1, soit j’arrêtais tout. J’ai eu la chance d’être en bonnes relations avec Mickaël Leveau et j’ai très vite été attiré par le projet de l’équipe Côtes d’Armor. En plus, le siège de l’équipe est à Saint-Brieuc, là où j’habite. C’était très intéressant pour moi. Je me suis décidé fin août pour repartir à bloc sur un an. Je veux retrouver ce côté familial que j’ai déjà découvert la semaine passée en stage. Je retrouve notamment un bon copain en la personne de Julien Jégou. Je fais confiance à Mickaël, je sens qu’il va beaucoup m’apporter. J’en profite pour le remercier, comme Sébastien Cottier, de me faire confiance. J’avais besoin de personnes comme ça. Je me sens bien entouré et ça me donne moi-même confiance. Cela ne peut être que positif.

Comment expliques-tu avoir traversé un tel trou noir, toi qui a été stagiaire chez Fortuneo-Vital Concept il y a deux ans à peine ?
C’était une belle période. J’étais stagiaire avec mon pote Justin Mottier, mais ça ne l’avait pas fait pour moi, au contraire de Justin qui est passé pro chez Vital Concept. J’étais un peu blasé, car je travaillais beaucoup à l’entraînement. Enfin… Comme beaucoup de coureurs, mais je ne voyais pas trop quoi faire de plus. A certains moments, j’étais au fond du trou. Quand tu prends branlée sur branlée… Tu n’as plus envie et ça se ressent sur les résultats. C’est toute une spirale. Il faut que je retrouve mon vrai niveau et que je joue la gagne sur de grosses courses. Ca passera par un bon moral et une grosse part de plaisir. Je me suis remis en question avant de rejoindre Côtes d’Armor.

Après quoi cours-tu aujourd’hui, toi qui a donc expliqué plusieurs fois être tout près d’arrêter le vélo ? As-tu toujours des objectifs élevés malgré tout ?
C’est une bonne question car en réalité, c’est la base de tout dans mon cas personnel. Je me suis posé ces questions-là. En y réfléchissant, je crois que je me suis trop mis la pression par le passé. C’était tellement un rêve de gamin de passer pro que je me suis bloqué avec ça. Je pense avoir des qualités pour passer pro, même si je ne les ai pas trop montrées récemment.

« JE NE SUIS PAS ENCORE FINI »

Et c’est encore possible ?
Je ne veux plus me prendre la tête. Quand je pars à l’entraînement, c’est avec l’envie de gagner des courses et plus pour passer pro à tout prix. Je veux vivre des émotions. Je suis moins dans la démarche de passer pro. Je sais que ce sera difficile et que je ne ferai pas non plus du vélo chez les amateurs jusqu’à 30 ans. Je peux encore vivre de ma passion. Je ne suis pas encore fini. Quand on voit des Ferasse, Bouchard ou Schmidt… Rien n’est terminé, mais il faut mettre toutes les chances de son côté.

L’aspect mental pourrait encore être prépondérant à l’abord de ta saison 2019. Il semble qu’il te sera crucial de bien entamer la saison...
C’est bien possible. J’ai fait de bons résultats dès le début de saison par le passé. Je me connais et je sais que même une “placette” sur une belle course en février me motiverait beaucoup et amènerait du positif. Mais je ne vais pas me préparer comme un fou pour être à bloc en février. Il y a un juste milieu à trouver mais oui, il faudrait être bien d’entrée, pour la confiance. C’est important. Les objectifs resteront les manches de Coupe de France, Manche-Atlantique et le Tour de Bretagne. Le but sera de retrouver mon niveau de 2016.

Tu y crois ?
Ca ne pourra pas être pire que ces deux dernières années. Je sais que je suis capable de bien mieux. Je suis encore plus motivé que les années précédentes.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Camille GUÉRIN