Remco Evenepoel a résigné tous les Juniors

Crédit photo Régis Garnier - DirectVelo

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Tout a été dit, et tout a été écrit sur Remco Evenepoel. Mais rien ne s’oublie : ni son doublé au Championnat d’Europe, en juillet dernier, ni celui plus récent au Championnat du Monde, la semaine passée à Innsbruck (Autriche). Encore moins la façon avec laquelle il a, lors de chacune de ces occasions, écrasé la concurrence. Des images ancrées dans la mémoire des suiveurs, curieux de voir ce que va désormais réaliser le jeune belge dès 2019, au sein de l’équipe WorldTour Quick-Step Floors. Mais qu’en pensent ceux qui ont subi la loi de Remco Evenepoel tout au long de l’année, dans les rangs Juniors ? Il est spécial. Peut-être que je n’aurai pas l’occasion de voir beaucoup de coureurs comme lui dans toute ma vie. C’est particulier de rouler à ses côtés. De grandes choses l’attendent et peut-être que dans quelques années, je pourrai me vanter d’avoir roulé avec lui”, résumait l’Américain Kévin Vermaerke auprès de DirectVelo, après l’arrivée du Mondial sur route Juniors, jeudi dernier. “Il a montré encore une fois que c’était le meilleur. C’est un phénomène”, constate l’Italien Antonio Tiberi.

PERSONNE N’A SOUHAITÉ PROFITER DE SA CHUTE

La Squadra Azzurra ne voulait pas revivre le même scénario qu’en République tchèque, lorsque les Italiens n’avaient pas eu le temps de mettre quelconque stratégie en place, Remco Evenepoel attaquant dès le début du deuxième tour. “Ce n’est pas un secret : on voulait anticiper avant les tours de circuit”. Mais sur le tracé d’Innsbruck, une grosse chute à massive, à quelques 70 kilomètres de l’arrivée, aurait pu tout changer. Piégé dans l’affaire, Remco Evenepoel est reparti près de deux minutes derrière le peloton principal. Une occasion rêvée pour ses adversaires de se faire la malle. “Nous avions mis deux mecs à rouler à l’avant du peloton, non pas pour accélérer l’allure, mais simplement pour se mettre à l’abri d’un éventuel problème, puisque nous arrivions dans une partie stratégique et importante de la course. Puis il y a eu cette grosse chute à un kilomètre du pied de la côte. C’est exactement la raison pour laquelle il valait mieux courir devant”, explique Kévin Vermaerke. “L’idée n’était pas de profiter de cette chute. On ne va pas tout donner pendant que des coureurs sont à terre. Le plus important était de rester calme, de retrouver ses esprits et de rester lucide sur la situation de la course. Sean (Quinn) était derrière la chute et a été gêné mais finalement, tout s’est bien passé pour nous à ce moment-là”, ajoute l’Américain.  

PAS SURPRENANT, MAIS FRUSTRANT

Même son de cloche pour le Britannique Ben Tulett. “Il y a eu cette chute et en nous retournant, on a vu que nous n’étions plus qu’une cinquantaine dans le peloton. C’est vraiment dommage qu’il arrive ce genre de choses, on ne le souhaite à personne. Sur le coup, c’était assez stressant, mais en fait cette chute n’a pas changé grand-chose”. Car personne n’en a donc profité pour tenter d’écarter le Belge qui, une ascension plus tard, était déjà de retour dans ce qu’il restait du peloton principal. En difficulté dans cette même côte, le Luxembourgeois Gilles Kirsch a vu le phénomène de près, mais très furtivement. “Je l’ai vu passer à fond à côté de moi… Sa vitesse était incroyable ! Je l’ai vu dominer toutes les courses cette année donc je n’étais pas surpris, mais c’est un peu frustrant d’être à fond, dans le dur, dans une ascension pendant que lui à l’air si facile…”.

PAS LE TEMPS D’Y CROIRE

Remco Evenepoel s’est ensuite occupé de déposer ses derniers adversaires, comme il a eu l’habitude de le faire toute la saison, pour l’emporter en solitaire, sans grande difficulté. Une situation à laquelle le reste du peloton est maintenant habitué. De quoi résigner Antonio Tiberi : “On avait vraiment prévu de tenter des choses, mais il est tellement fort… Remco est rentré très vite, on n’a pas eu trop le temps de réfléchir à tout ça. Courir face à quelqu’un d’aussi fort, c’est bizarre. Mais tu finis par te dire que tu vas te battre pour la deuxième place car tu ne peux pas gagner face à lui”. Kévin Vermaerke n’a lui non plus pas eu l’occasion d’y croire longtemps. “Il n’y a pas d’excuses. C’est le meilleur de tous, on ne peut pas le cacher. On n’aurait rien pu faire de mieux…”. Le Luxembourgeois Gilles Kirsch se dit pour sa part admiratif. “Peut-être qu’il va gagner six fois le Tour de France, ou qu’il ne fera rien. On ne peut pas savoir. Mais c’est déjà impressionnant quoi qu’il arrive !”, lance-t-il. Le Britannique Ben Tulett est également époustouflé, mais il tente de rester un brin mesuré. “C’est beau de voir ce qu’il a fait cette année. Cela dit, ça ne lui garantit pas de faire carrière à l’avenir. Ce n’est pas encore une superstar”.

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