Tour de France : Sur les traces de... Guillaume Martin

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo

C’est reparti pour un Tour ! Une nouvelle fois, tout au long de la “Grande Boucle”, DirectVelo vous propose de partir “Sur les traces de” coureurs du Tour de France, en évoquant grâce à un coéquipier, un adversaire, un dirigeant ou un proche, ses saisons dans les catégories de jeunes, ou en Amateurs. Pour ce nouveau numéro de notre rubrique, DirectVelo s’est entretenu avec Bruno Lepape, responsable depuis 18 ans du sport-études de Flers (Orne) et qui compte grâce à ses coureurs 763 victoires et 99, 9 % de réussite au baccalauréat. Il a notamment eu sous ses ordres Guillaume Martin. "Je l’ai entraîné de Minimes 2 à Espoirs 2. Il m’avait aussi demandé d’être son directeur sportif, au VC Saint-Hilaire-du-Harcouët, en Juniors", dit-il fièrement à propos du leader de Wanty-Groupe Gobert.

« J’ai rencontré Guillaume pour la première fois à l’arrivée d’une course à Condé-sur-Noireau (Calvados), en 2008. Il était licencié au sein du club local. J’étais venu avec des jeunes du sport-études de Flers. A la fin de l’épreuve Minimes, son papa est venu m’aborder. Il m’a dit : “Je suis le papa du jeune qui a fait 2e et on souhaiterait l’inscrire au sport-études de Flers.” Sa maman m’avait précisé qu’ils n’étaient pas trop lycée privé alors qu’on dépendait d’un lycée privé (sourires). Ils sont venus me voir plus tard pour un entretien. Nous n’étions pas certains de le prendre car Guillaume était encore Minime. Il avait un an d’avance à l’école et devait donc rentrer au lycée, alors que nous commencions avec les Cadets. J’ai demandé à son papa comment Guillaume s’entraînait. Il m’a dit “C’est vous qui l’entraînez”. J’ai répondu que ce n’était pas possible car je ne le connaissais pas ! En fait, l’entraîneur de son club utilisait mes plans et avait donné des photocopies aux coureurs. Il y avait mon nom en bas du document. Ça m’a au moins permis de savoir comment Guillaume s’entraînait en Minimes. Je savais donc qu’il n’en faisait pas trop.

« ON A OUBLIÉ LE GAMIN ! »

J’ai dit à ses parents de remplir un dossier malgré son âge mais je n’étais donc absolument pas certain qu’on le prenne. Côté sportif, en Minime, il avait beaucoup de places dans le Top 5 mais il ne gagnait pas. Il n’était pas rapide. Bon, il ne l’est toujours pas… Côté scolaire, il avait 19,8 de moyenne en 3e. A l’entretien, on sentait qu’il était mature pour son âge. C’était même incroyable. Il y a eu ensuite la sortie-détection. Les Cadets et Juniors font un entraînement de 75 kilomètres. J’avais dit à Guillaume que lui, étant Minime, ne ferait que 45 kilomètres. Il n’avait fait ça qu’à une seule reprise jusqu’alors. J’étais accompagné dans la voiture de Steven Henry, à l’époque CTR de Normandie et aujourd’hui entraîneur national. Après 65 kilomètres, il me dit : “On a oublié le gamin !”. On l’appelait le gamin car il était tellement petit… En fait, on aurait dû l’arrêter depuis 20 kilomètres. Je suis monté à sa hauteur pour m’excuser de l’avoir oublié. Je lui ai alors dit de faire la dernière bosse du parcours à son rythme et qu’il monterait dans la voiture en haut. Un kilomètre plus tard, il lève le bras, comme à l’école. Je pensais qu’il allait me dire qu’il était cramé… Il me dit “Monsieur, je peux attaquer les autres dans la côte ?”. Au sommet, il termine 3e au milieu des Juniors et Cadets ! Il est donc rentré au sport-études de Flers.

120 TOURS/MINUTE

Quand il était jeune, j’ai beaucoup insisté sur sa fréquence de pédalage. Elle était très élevée. Chez nous, en Normandie, il n’avait pas l’occasion de monter des cols… Son papa m’a dit que la famille essayerait d’aller en montagne pendant les vacances. Ils n’ont pas trouvé de course mais une montée chronométrée, celle du relais du Chat, en Savoie. Guillaume termine premier Cadet. Le 2e, le Champion Rhône-Alpes, finit à 8’. Quand je revois Guillaume, il me dit “tu étais chiant avec tes 120 tours/minute". On voit aujourd’hui qu’il tourne bien les jambes. J’ai vite vu également qu’il avait d’excellentes capacités de récupération. C’est énorme ce qu’il est en train de faire. Les gens ne se rendent pas compte de tout le travail qu’il y a derrière quand tu es 15e du Tour de France ! ». 

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