Europe - Kosovo : Des visas, et la liberté de courir

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

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La lutte ne fait que commencer. Début juillet, Blerton Nuha, Zani Sylhasi et Samir Hasani ont tenté de représenter du mieux qu’ils le pouvaient les couleurs du Kosovo à l’occasion des Championnats d’Europe Juniors et Espoirs sur route à Brno et Zlin, en République tchèque. Sportivement parlant, les trois coureurs se sont montrés très inférieurs aux meilleurs concurrents du Continent. Lors du contre-la-montre Juniors, Zani Sylhasi a terminé 46e à 5’27” du phénoménal Remco Evenepoel. Blerton Nuha, pour sa part, a même terminé dans les abysses du classement, à la 54e et dernière place, à 7’13”. Les deux hommes n’ont ensuite pas pu terminer la course en ligne, deux jours plus tard, après avoir vu le même Evenepoel leur prendre un tour. Chez les Espoirs, Samir Hasani n’a pas pu faire mieux. Mais l’essentiel est, au moins pour l’instant, ailleurs pour les trois garçons. “Je suis très fier d’être ici avec mes amis pour représenter le Kosovo pour la deuxième fois consécutive sur un Championnat d’Europe”, se réjouit Samir Hasani auprès de DirectVelo.

Car le garçon ne connaît que trop bien l’importance de l’événement. Sa présence sur les routes tchèques est un petit miracle, et elle est pleine d’espoir pour l’avenir. “Nous restons un Etat très fermé. Pour se déplacer, il faut un visa mais cela prend des mois à chaque fois. C’était très compliqué de pouvoir venir ici, en République tchèque, car on est bloqué au Kosovo. On aimerait pouvoir venir dans d’autres pays, pour découvrir, pour apprendre”. Le 18 juillet dernier, le commissaire européen aux Migrations, Dimitris Avramopoulos, a annoncé que Pristina - la capitale du Kosovo - avait satisfait à toutes les exigences requises pour la levée des visas, promise depuis longtemps par l’Union Européenne. “Ca va de mieux en mieux. Ca reste dur, mais ça progresse”, se félicite Zani Sylhasi. Il faut dire que la situation est particulièrement frustrante pour ces jeunes athlètes pour le moment.

DES PROPOSITIONS DE CLUBS ITALIENS

Blerton Nuha, par exemple, avait l’occasion de filer à l’étranger pour découvrir le métier. Mais cela n’a pas été rendu possible par les autorités du pays. “On a fait quelques courses en Suisse, puis j’ai eu des propositions pour courir dans un club en Italie, mais je n’avais pas les autorisations. Donc je reste au à la maison… C’est un gros problème !”, peste l’actuel Champion du Kosovo Juniors sur route.

Blerton et ses coéquipiers ne demandent qu’une chose : une plus grande liberté de déplacements, pour tenter de réaliser leur rêve de faire carrière dans le cyclisme. “On devient chaque année un peu plus fort et je suis sûr qu’un jour, nous parviendrons à atteindre le niveau des autres nations”, s’enflamme Samir Hasani. Qui poursuit : “Nous étions donc déjà au Danemark l’an dernier, au Championnat d’Europe d’Herning. Et nous sommes déjà plus forts que l’an dernier ! On progresse !".

UNE TRENTAINE DE COUREURS AU PAYS

Pour continuer leur progression, les trois jeunes hommes devront forcément courir plus régulièrement hors du pays. Car au Kosovo, le peloton national n’est composé que d’une petite trentaine de coureurs. Quant aux stages ? Ils sont au nombre de deux dans la saison, à la frontière albanaise, et le groupe n’est composé que de six ou sept compétiteurs. “Du coup, on connaît vite tout le monde !”, sourit Hasani, qui ne peut pas espérer progresser face à des concurrents d’un niveau très limité. Petit exemple à l’appui : lors du dernier Championnat national Juniors, Blerton Nuha l’a emporté dans un sprint à deux face à Zani Sylhasi. Le médaillé de bronze, Adnan Haradini, a coupé la ligne seize minutes plus tard. Un véritable gouffre. “On a un calendrier national assez léger, en plus de n’être que 25 ou 30 par compétition. On a environ une course toutes les trois semaines”.

Blerton, Zani et Samir rêvent désormais d’Europe occidentale. “Je suis sûr que nous avons du potentiel. Nous sommes des costauds, on peut faire quelque chose si on nous donne les moyens de réussir. Mais avant même de nous donner les moyens, il faut nous donner notre chance. Nous sommes un nouvel Etat qui doit prendre le temps de grandir. Et on espère grandir avec lui”.

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