Audrey Cordon-Ragot : « J’ai pensé à ma gueule, pour une fois »

Crédit photo Team Wiggle-High 5/Velofocus

Crédit photo Team Wiggle-High 5/Velofocus

Audrey Cordon-Ragot l’avait annoncé, elle faisait de l’Amstel Gold Race l’une de ses grandes priorités de la saison (lire ici). Et la Bretonne a répondu présent en prenant la 6e place de la Classique néerlandaise, dimanche dernier. “C’est toujours bien de se fixer des objectifs mais c’est encore mieux de réussir sur le terrain. Je suis heureuse de ne pas être passée à côté. Bien sûr, je pouvais toujours faire cinq places de mieux, je n’ai pas la victoire… Mais avec les forces du jour, je suis satisfaite”.

« CONCRÉTISER TOUS MES EFFORTS »

Clairement, la sociétaire du Team Wiggle-High 5 a préféré assurer une place dans le Top 10 plutôt que de jouer la victoire quitte à prendre le risque de tout perdre. Et elle l’assume totalement, pour différentes raisons. “Déjà, il m’est arrivé beaucoup trop souvent dans ma carrière de me retrouver devant et de me faire rattraper dans les derniers kilomètres alors que j’avais eu le temps de rêver à un gros résultat. En d’autres termes, de jouer avec le feu et de me brûler. C’était encore le cas l’automne dernier à Bergen, sur les Championnats du Monde. Cette fois-ci, je voulais assurer un résultat et concrétiser tous mes efforts”, développe celle qui est sortie à une soixantaine de kilomètres de l’arrivée avec un groupe de costaudes, qui aura donc résisté jusqu’au bout à ce qu’il restait du peloton.

Deuxièmement, elle n’avait pas d’infos sur la situation précise de la course. “On nous a annoncé un contre à 55” dans le final. En fait, ce n’était que les deux filles en chasse patate mais je pensais qu’il s’agissait des favorites et je me suis dit qu’elles allaient boucher le trou si l’on se regardait trop”. Enfin, l’athlète de 28 ans n’avait pas de coéquipière capable de faire mieux qu’elle dans le final. “Elisa (Longo-Borghini, finalement 12e) m’avait dit qu’elle n’était pas dans un grand jour et après l’arrivée, personne ne m’a reproché d’avoir fait ma course et d’avoir roulé pour que l’échappée aille au bout. J’ai pensé à ma gueule, pour une fois. A table, le soir, j’ai demandé aux filles droit dans les yeux si l’une d’elle pensait avoir eu les jambes pour faire mieux que 6e, elle n’avait qu’à se lever. Mais personne n’a dit quoi que ce soit”.

« J’EN AVAIS MARRE DE CE SCÉNARIO »

Si cette place d’honneur fait tant de bien à Audrey Cordon-Ragot, c’est que cette dernière avait besoin d’un gros résultat de référence au plus haut niveau mondial, elle qui a tant tourné autour jusqu’à présent. “Je faisais une overdose de discussions avec des gens qui me disaient que j’avais fait une superbe course etc. Sauf qu’il n’y avait jamais de résultat au bout. On ne va pas retenir une 55e place même si t’as fait 120 bornes devant et que tu as été reprise à 500 mètres de l’arrivée. J’en avais marre de ce scénario”. Il était ainsi inconcevable pour elle de prendre le risque de tout perdre une nouvelle fois. “De toute façon, dans la première ascension du Cauberg, j’ai vite compris que je n’allais pas faire partie des trois filles sur le podium”, concède celle qui avait été lâchée avant de faire l’effort pour revenir quelques hectomètres plus loin, après la bascule.

Place désormais à la Flèche Wallonne et cette fois-ci, la triple Championne de France du contre-la-montre en titre tiendra sans doute un rôle différent au sein de sa formation. “J’avais terminé 11e l’an passé. C’est une course qui est dans mes cordes mais la priorité sera de jouer la gagne avec Elisa. Je n’hésiterai pas à travailler pour le groupe, même si je devrais être la dernière relayeuse. Enfin bon, s’il y a une opportunité, pourquoi pas…”, sourit-elle pour conclure. 

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