Jaakko Hänninen, le Finlandais qui aime les grosses chaleurs

Crédit photo Philippe Pradier - http://ecsel-cyclisme.fr

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Jaakko Hänninen est Finlandais et pourtant, personne ou presque dans le peloton du Grand Prix de Saint-Etienne Loire ne connaît mieux le parcours de ce samedi que lui. “Je suis à la maison”, s’amuse-t-il. Le néo-sociétaire de l’EC Saint-Etienne Loire, débarqué dans l’Hexagone l’an passé à l’AC Bisontine, habite aujourd’hui à Saint-Etienne, à un kilomètre seulement de la ligne d’arrivée de l’épreuve Elite Nationale, qui aura des parfums de Ligue 1 et de Stade Geoffroy-Guichard (lire ici). Auteur d’une saison très intéressante en 2017, l’Espoir de 20 ans pourrait bien être l’une des attractions de cette saison dans le peloton amateur français. DirectVelo est parti à la rencontre du grimpeur finlandais.

DirectVelo : Tu vas être attendu ce samedi sur les routes du Grand Prix de Saint-Etienne, une course très importante pour ton équipe !
Jaakko Hänninen : C’est une course sympa. Je me suis beaucoup entraîné sur ces routes-là, je les connais très bien. Par contre, je ne l’ai jamais faite donc ce sera une découverte mais sur le papier, c’est un parcours intéressant pour moi car il y aura quelques difficultés, même si ce n’est pas non plus de la haute-montagne. Pour ce qui est d’Annemasse-Bellegarde dimanche, je sais que c’est une belle course aussi et je l’avais déjà faite l’an passé. Mais je n’en garde pas de bons souvenirs. Tout était nouveau pour moi à ce moment-là et ça ne marchait pas très bien en début de saison. Je me souviens que j’étais souvent très mal placé dans le peloton et je m’étais fait piéger.

Beaucoup de choses ont changé en un an ?
Bien sûr ! J’ai eu le temps de m’adapter au cyclisme français, j’ai pris mes marques et j’ai progressé. Surtout, l’an passé, j’étais encore occupé avec la fin de mes études en Finlande. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas : je peux me concentrer à 100% sur le cyclisme. Je ne perds pas d’énergie sur d’autres choses. Et c’est très positif pour espérer être performant. Pour le reste, j’ai toujours aussi froid à Saint-Etienne…

« J’ATTENDS QU’IL FASSE 30 DEGRÉS »

“Toujours aussi froid” ? Mais tu es Finlandais !
Oui, c’est difficile à croire je sais (rires). Je suis petit et j’attrape très vite froid… C’est pour ça que je ne suis pas très bon à cette période de l’année. Je préfère quand les températures sont plus douces, je suis plus à l’aise. J’attends qu’il fasse 30 degrés pour être au top (sourires). Pour le moment, je cherche seulement à monter en puissance au fil des semaines. A long terme, bien sûr, j’espère devenir coureur professionnel. Mais je n’ai que 20 ans, j’ai encore le temps de me construire.

Tu as déjà démontré de très belles choses dans le peloton français l’an passé et sur ce début de saison, où tu dis être loin de ton meilleur niveau, tu as déjà terminé 2e du Grand Prix de Puyloubier (Elite Nationale). Voilà qui promet pour la suite !
Evidemment j’espère que cette année sera encore bien meilleure que 2017 même si j’étais déjà très content de ce que j’avais fait l’an passé. Ce qui me réjouit, c’est que sur ce début de saison, je suis bien plus en avance que l’an dernier à la même époque. Je sais que ça va venir…

« JE SUIS TRÈS CURIEUX »

Quels parcours te conviennent le mieux ?
Je suis un grimpeur. J’aime l’enchaînement des difficultés, quand c’est très dur et que l’on peut faire la sélection. Le problème, c’est qu’il n’y a pas beaucoup de courses très dures dans le calendrier et je le comprends parfaitement. J’essaie simplement de m’adapter. De toute façon, si tu veux devenir un coureur professionnel, tu dois être bon dans tous les domaines. Aujourd’hui, quand je me présente au départ d’une course toute plate, je ne me dis pas que ce n’est pas pour moi, que ce n’est pas la peine… Il faut essayer, ça peut marcher !

Es-tu satisfait de ton intégration au sein de l’EC Saint-Etienne Loire, après avoir passé l’année 2017 à l’AC Bisontine ?
Mon niveau de Français n’est pas encore très bon mais je progresse petit à petit. J’essaie vraiment de faire l’effort. Je suis très curieux. J’apprends la langue chez moi, sur des logiciels. C’est important de parler plusieurs langues selon moi, surtout si tu veux faire carrière dans le cyclisme, bouger dans pas mal de pays. Aujourd’hui, je parle bien sûr le Finlandais mais aussi le Suédois, l’Allemand et l’Anglais (l’entretien est réalisé en anglais, NDLR). Mon niveau de Français n’est pas du tout comparable avec les autres langues pour l’instant mais j’espère que l’on pourra se parler en français d’ici la fin de la saison (sourires).

« LE PARCOURS DU MONDIAL M'INTÉRESSE »

Ce dimanche, pendant que tu seras sur Annemasse-Bellegarde, six Espoirs finlandais participeront à Gand-Wevelgem. Sur le papier, tu sembles avoir ta place en équipe nationale. Qu’est-il prévu pour 2018 avec la Finlande ?
Je participerai uniquement aux Championnats d’Europe et du Monde avec la sélection nationale. Pour le reste, j’ai déjà un bon calendrier avec Saint-Etienne. Le Mondial sera le vrai gros objectif de cette saison. Je suis un grimpeur et forcément, le parcours en Autriche m’intéresse.

Dans d’autres pays scandinaves, le Danemark et la Norvège, on ne compte pas le nombre de nouveaux talents qui font leur apparition dans le peloton international chaque année. Ce n’est pas du tout le cas en Finlande, où les coureurs qui émergent se font très rares : pourquoi ?
Le cyclisme n’est pas un sport très populaire en Finlande. Ici, les gens sont passionnés par deux trois sports en particulier, comme le ski de fond ou le hockey sur glace. Pratiquement tous les grands sponsors ont des partenariats dans ces sports-là et du coup, il ne reste plus grand-chose pour les autres disciplines. Mais je pense quand même que l’on progresse un peu. Lotta Lepistö apporte une certaine popularité au cyclisme dans notre pays. Elle fait partie des meilleures mondiales et c’est une bonne chose. De mon côté, je peux compter sur l’expérience de garçons comme Jussi Veikkanen ou Kjell Calström, qui ont fait une belle carrière chez les pros et qui sont toujours dans le milieu.

« FAIRE L’ALLER-RETOUR QUAND JE LE PEUX »

Dans ce contexte : pourquoi as-tu choisi le cyclisme et non pas le ski de fond ou le hockey ?
Mon père a couru chez les amateurs, mais seulement au niveau national. Mon grand-frère lui aussi a fait du cyclisme, en VTT. Moi-même, j’ai commencé avec le VTT puis la route, vers 2006. C’est eux qui m’ont donné envie d’essayer. A ce moment-là, je n’imaginais pas du tout pouvoir venir en France un jour et essayer de faire du cyclisme mon métier…

Prends-tu le temps de retourner en Finlande au cours de la saison ?
Oui, j’essaie de faire l’aller-retour quand je le peux. Sur les prochains mois, j’ai prévu d’y aller deux fois. D’abord en avril, quelques jours, lorsque nous n’avons rien de prévu de particulier à notre calendrier. Puis j’y retournerai en juin pour les Championnats nationaux (il est double Champion national en titre chez les Espoirs, contre-la-montre et sur la route, NDLR). Ça fait du bien de voir ma famille, mes amis… Et retrouver la culture finlandaise ! (sourires).

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