La fin de la Bande

Crédit photo Amélie Barbotin

Crédit photo Amélie Barbotin

Il n'y aura pas de nouvelle saison pour la Bande (ex-Team Payname). Après deux années d’existence, l'entente labellisée en DN3 dispute sa dernière course ce dimanche à l'occasion de la « finale » de la Coupe de France, le Grand Prix de la Tomate à Marmande. Le fondateur et manager de la structure, Max Massat, livre pour livre DirectVelo son état d'esprit avant cet ultime rendez-vous.

« Après deux saisons en Division Nationale 3, nous sommes dans l’obligation de nous retirer. Le projet que j’avais lancé en septembre 2015, le Team Payname, avait pour objectif de faire évoluer les meilleurs coureurs de sept clubs en Haute-Garonne. En dépit des efforts consentis par les coureurs et le bénévolat, notre histoire touche à sa fin. Ce n'est évidemment pas le sort que j'avais imaginé, même si je connaissais les risques. Malgré le sursis du projet cet hiver, notamment avec la perte du sponsor principal Morning où je travaillais, j'avais trouvé une solution pour pouvoir faire la saison, grâce aux divers soutiens. Je savais que cela allait être compliqué de trouver une solution pour 2018 mais j'y croyais.

« LES MOYENS DE MONTER UNE ÉQUIPE PRO EN 2020 »

Avant que la crise au sein de la société n'éclate avec l’un des actionnaires principaux de Morning et au regard du business plan prévu pour les trois saisons à venir, nous avions les moyens pour viser une équipe pro en 2020. Il m’a été très difficile d’accepter cette situation. Nous avons tout perdu en février après des semaines de combat, mais c'est celui qui a l'argent qui dirige malheureusement. Et Morning n'était plus à nous. J'ai négocié mon départ pour sauver ce qui me restait : l'équipe. C’est de cette façon que La Bande a pu sauver sa saison. Il m'a fallu accepter et digérer ça, les coureurs se sont sentis abandonnés alors que tout simplement je passais des journées dans le noir chez moi, mais j'étais toujours présent les week-ends pour les amener sur les courses.

« IL A FALLU SE FAIRE UNE RAISON »

Je m’étais laissé jusqu’au 31 juillet, date que les coureurs connaissaient car c'est aussi jusque là que j'avais estimé le budget, pour trouver quelque chose de concret concernant 2018. Cela n’a pas abouti et il a fallu se faire une raison au mois d’août. Le fait de rouler un peu m'a permis de garder la passion et d'évacuer mentalement. J’étais prêt, je le suis encore mais avec un vrai budget qui permettrait aux coureurs d’être dans des conditions favorables et agréables.
Mais pour moi ce n'est pas respecter le label DN3 quand on n'a pas 50 000€ dans les caisses, pas de camion et un manque de staff. On doit faire de la formation, sans moyen je ne peux pas exercer comme je l'avais imaginé et comme je le souhaite. J'aime le travail bien fait.

« UNE BELLE COUPE DE FRANCE »

On a quand même fait une belle Coupe de France pour notre seconde année. Preuve que le recrutement avait été bon. D'ailleurs trois des quatre recrues seront dans les cinq engagés au départ ce dimanche. Ils semblent tous motivés. L’an passé cela nous avait plutôt bien réussi sur cette épreuve de La Tomate, ils peuvent encore récupérer de gros points là-bas et pourquoi pas remonter à la 4e place. Comme après la première manche (Vienne Classic). Cela ne dépendra que d’eux, on sera cinq dans le staff pour autant de coureurs. C'est la dernière, tout le monde se mobilise. On a qu'une seule victoire en 2017, avec Sébastien Pillon. Je ne sais pas si plusieurs victoires auraient pu m'aider dans mes recherches, peut-être mais dans tous les cas cela ne va pas les aider eux non plus pour rechercher une équipe.

« JE NE REGRETTE RIEN »

À ce jour, je suis le seul responsable dans l’arrêt de l’équipe, et j’essaie de faire au mieux pour que cela se termine sur une bonne note. Je ne regrette rien de ces deux années passées et en particulier de mes huit années de cyclisme. Ce n'est peut être pas long pour certains mais j'ai fait beaucoup plus de choses que d'autres en 20 ans sur ou à côté du vélo. Il y aura certainement des déçus, notamment les clubs de l’entente qui forment les jeunes et que je voulais voir progresser dans mon équipe. Je vais essayer de venir à toutes les AG comme l'an dernier pour assumer. C'est normal...

« ENVIE DE VIVRE »

Je ne sais pas si je vais continuer le vélo. Enfin, ce qui est sûr, ce sera juste par plaisir sans prise de tête, et si je me réinvestis dans une équipe, il faudra voir le challenge. Aujourd’hui, j'essaie de voir les choses différemment. J'ai toujours envie d'apporter et d'aider, mais avec moins de prise de risques. J’ai également envie de vivre. Je remercie les personnes qui ont cru et croient toujours en moi. J'ai toujours voulu montrer que même dans la difficulté on peut réussir, comme dernièrement sur les 24h vélo au Mans. Je ne suis pas issu d'une famille du vélo, j'ai forcément moins d’avantages, en revanche, j'ai une vision plus large des choses.

« ESSAYER DE REBONDIR »

J'ai essayé, mais ceux qui essayent de casser les codes ne sont pas souvent les plus récompensés. Je peux dés lors comparer le monde de l’entreprise et le sport. Je ne vais pas en faire une fatalité, au moins je sais sur qui je peux compter et pour qui j'ai de la reconnaissance aujourd'hui.
Je vais essayer de rebondir et j'espère que mes coureurs trouveront une issue. Cela a été le cas de mon DS et du mécano quand le contrat a pris fin. Je suis le capitaine du navire c'est normal que je sois le dernier à sauter. Je vais avoir encore de l'administratif jusqu'à la fin de l'année.
Bonne chance aux futurs DN, moi je n'ai jamais appris autant de choses sur moi, et dans la vie, que pendant ces deux ans. »

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