Des athlètes tombant de machine une fois l'arrivée ralliée, suffoquant dans le brasier de Doha. Un cagnard frôlant les 40 degrés à l'ombre sur le coup de midi, et un taux d'humidité variant allègrement entre les 20% au plus chaud de la journée pour titiller les 70% une fois le soleil couchant. "C'est de la grosse connerie d'organiser un Championnat du Monde ici", rageait Alexys Brunel après son contre-la-montre perturbé par une insolation.

VISAGES EPUISES, CHUTES ET MEME HALLUCINATIONS

"Le Belge Jasper Philipsen est dans l'ambulance, certains se sont effondrés à l'arrivée. La Néerlandaise de Rabo-Liv tombe car elle ne devait plus être lucide, moi même je prenais les virages super lentement. C'est dangereux pour les coureurs", continue le Champion d'Europe Juniors de l'effort en solitaire.

Certaines images ont attisé de vives réactions. La Biélorusse Amialusik (Canyon-Sram) a  eu besoin de longues minutes avant de retrouver ses esprits. La Néerlandaise Anouska Koster (Rabo-Liv) a fini dans les barrières après avoir touché la roue d'une coéquipière pendant le chrono par équipes. Et surtout, il y a ces visages épuisés une fois la ligne franchie. Le Belge Jasper Philipsen en a même eu des hallucinations. Il a été emmené à l'hôpital de manière préventive après l'épreuve Juniors.

J'AURAIS DU ETRE CLOUE AU LIT

"Ce n'est pas seulement la chaleur, c'est un tout", juge pour DirectVelo Audrey Cordon-Ragot, agacée par ce Mondial au Moyen-Orient. "Ce n'est pas digne d'un Championnat du Monde", ajoute-t-elle se plaignant du manque d'engouement du public local (lire ici). 

Chez les Elites, les scènes étaient moins extrêmes. Les cyclistes professionnels sont peut-être plus habitués à courir dans ces conditions ou mieux préparés. "Chacun doit cibler la bonne puissance pour ne pas exploser en plein vol. On peut aller chercher le meilleur, mais on flirte avec la limite des capacités humaines, indique Jérémy Roy. Pendant l'effort ma température est montée à plus de 40° ! Normalement j'aurais dû être cloué au lit... Ca vous donne une idée de ce que l'on peut ressentir sur  le vélo".

COBAYE DE LABO

Le Français, 33 ans a accepté de participer à la recherche sur l'acclimatation à la chaleur (lire ici). Même s'il estimait jouer... les cobayes de laboratoire. "Pendant l'hiver, j'avais déjà lu des publications relatant des expériences menées au Qatar en vue du mondial de foot. On sert juste à compléter l'étude", juge-t-il pour DirectVelo.