Paris-Brest, le très gros dessert de Joris Cosyn

Paris-Brest, c'est ce fameux gâteau à base de pâte à chou et de crème pralinée. C'est aussi (et à l'origine) une classique de 1200 km, un aller-retour entre Paris et la pointe de la Bretagne : l'objectif de Joris Cosyn, le coureur Elite sans contrat du Cureghem Sportief, qui passe avec gourmandise des épreuves traditionnelles (récemment, le Tryptique Ardennais) aux événements marathon.

Le 16 août prochain, il sera au départ de l'épreuve, pour la première fois. Mais, auparavant, il doit accomplir des brevets, imposés par l'organisateur, pour démontrer sa capacité à aligner des bornes. D'abord 200, 300 puis 400. Et enfin 600, en guise de dernière répétition, le week-end dernier, avec un temps maximal de 40 h et plusieurs points de contrôle.

LE VENT TOURNE DANS LA NUIT

"Nous sommes partis samedi à six heures du matin à environ 25 cyclistes, raconte le coureur de 26 ans à DirectVelo. Nous avons parcouru une première boucle toute plate de 250 kilomètres vers les Pays-Bas. Si la majorité du groupe s'est arrêtée à Ostende, mon compagnon d'aventure Mathias Reygaerts [à droite sur la photo] et moi avons continué jusqu'à Wissant, près de Boulogne-sur-Mer." L'occasion de se ravitailler et de s'accorder quelques heures de sommeil bien méritées.

"Le lendemain matin, dès 6 h, nous sommes remontés en selle pour les 195 km restants, continue le Flamand. Malheureusement, le vent a tourné pendant la nuit. Nous l'avons eu de face samedi, des Pays-Bas jusqu'à la France, mais aussi dimanche, pour le retour vers la Belgique..." Le duo a bouclé les 612 bornes du parcours en 21 heures 45 sur la machine.

SAC A DOS ET PÂTISSERIES

Longue distance, longue durée, l'effort réclame une organisation plus originale que sur les épreuves habituelles du calendrier belge. "Ici, tu emportes un sac à dos avec des sandwiches, du pain d'épices, des lampes, des vêtements de rechange... Parfois, on s'arrête un moment en terrasse pour manger un morceau et remplir nos bidons, ou alors chez un boulanger pour acheter un petit en-cas. Tu n'as pas le droit à la moindre assistance exterieure : tu dois te débrouiller seul."

"Ce n'est pas facile de combiner ce type d'épreuves avec les compétitions, reconnaît Cosyn. J'apprécie tout de même alterner les deux. Lors des courses, il s'agit d'être à fond du début à la fin. Tandis que sur les longues distances, il faut bien gérer son effort, garder un tempo régulier sans brûler toutes ses forces. Comme nous roulons seulement à deux, c'est usant."

LA RECHERCHE DES DEFIS

Au fond, pourquoi s'aventurer dans ce type d'épreuve souvent délaissé par les coureurs Elites ? "J'ai toujours aimé les longues distances, précise-t-il. A 17 ans, j'ai parcouru les 270 kilomètres du Tour des Flandres. J'ai aussi fait un aller-retour de chez moi, à Kester, dans le Brabant Flamand, jusqu'à la mer. Soit 300 kilomètres." Parmi ses autres accomplissements, le Tour du Mont Blanc (330 km et huit cols hors catégorie) ou encore un aller jusqu'à Montpellier (1000 km) en quatre jours, avec sa tente et ses effets personnels fourrés dans son sac à dos.

Avec Paris-Brest, Joris Cosyn a choisi de viser plus haut. Cette randonnée a succédé à une grande classique, fondée en 1891 et gagnée notamment par Maurice Garin, le premier vainqueur du Tour de France. Aujourd'hui, les purs compétiteurs sont rares au départ et la majorité des participants ont plus de 40 ans. "Mais j'ai envie de montrer qu'à 26 ans, on peut aussi accomplir de telles distances", précise le coureur de Cureghem Sportief."

OBJECTIF : 65 HEURES

Chacun doit afficher la couleur avant de prendre le départ. Ainsi, Cosyn a opté pour un temps de 90 h (et non 80 ou 84 h, autres formules possibles). En réalité, il devrait faire moins. "L'horaire de départ du 90 h me convient mieux, indique-t-il. Nous partons en soirée, ce qui me laisse la possibilité de rejoindre Brest sans escale, le lendemain." Soit 615 kilomètres avalés d'une traite.

Après une nuit à l'hôtel, il repartira en direction de Paris. "Je tenterai aussi d'y parvenir sans arrêt, mais une nuit de repos me semble nécessaire. Il faut un minimum de sommeil." L'objectif final avoué est de couvrir les 1200 kilomètres en moins de 65 h.

D'ici le grand départ, le sociétaire du Cureghem Sportief épinglera encore quelques dossards. Un interclub à Menin, le week-end prochain, ainsi que l'IWT Oetingen (UCI 1.2) le 24 juin. Puis il s'attaquera aux cols de La Marmotte, la fameuse cyclosportive dans les Alpes, avant de retenter une fois 400 ou 600 km en ultime préparation avant un voyage gourmand en kilomètres.

Crédit photo : DR
 

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