Brisse : « Le maillot arc-en-ciel m'ouvre les portes »

Vivien Brisse (CC Périgueux Dordogne) est revenu malade des Six jours de Copenhague, ses derniers de l'hiver. Mais le Champion du Monde de l'Américaine se contente de sa campagne de Six jours où il s'est classé trois fois 3e à Gand, Brême et Berlin. Maintenant place au Championnat du Monde où il sera associé à Thomas Boudat sur l'Américaine.

DirectVélo : Comment vas-tu après les Six Jours de Copenhague ?
Vivien Brisse : J'ai attrapé une bronchite asthmatiforme au départ de mes derniers Six jours à Copenhague, peut être dans les transferts. J'ai enchaîné quatre épreuves de Six jours depuis le début de l'année et la maladie vient aussi avec la fatigue...
J'ai été neutralisé un jour et demi là-bas car tout coureur a le droit à 36h sans courir pour se soigner. Mais même après ce délai ce fut très embêtant, c'est un peu comme si tu faisais du vélo avec un seul poumon et bien sûr j'étais à fond même dans les roues. Je n’arrêtais pas de tousser pour rechercher mon souffle.
Je suis revenu à Bordeaux jeudi et je reviens tout juste [vendredi] de chez le médecin. Malheureusement comme c'est viral il n'y a pas grand chose à faire mais j'avoue que ça commence à durer. J'espère donc que ça n'aura pas de conséquences pour les Championnats du Monde dans trois semaines à Cali.

Est-ce que ton titre de Champion du Monde a facilité l'obtention de contrats dans les Six jours ?
Bien sûr, je dirais même que le titre, c'est la porte ouverte à tous les Six jours. Les organisateurs veulent en priorité les Champions du Monde d'Américaine car ce sont les seuls à pouvoir porter le maillot irisé sur les Six jours.
A partir du moment où les dates correspondent et que ça n’ampute pas les sélections en Equipe de France, un accord peut être trouvé. C'est quand même une fierté de pouvoir porter ce maillot et en plus devant un public important. En revanche, je ne pense pas que j'en aurais fait autant si je n'avais pas été Champion du Monde.

FAIRE AVEC LE FORFAIT DE MORGAN KNEISKY

Est-ce que ton statut de Champion du Monde te permet de choisir tes partenaires ?
Le but était de les faire avec Morgan (Kneisky). Nous sommes Champions du Monde ensemble et nous aurions dû en profiter ensemble. Nous avions signé la plupart des contrats avant qu'il ne déclare forfait à cause de son opération d'un kyste sur les ligaments croisés du genou. C'est forcément rageant pour lui. Les organisateurs ont donc dû lui trouver un bon remplaçant mais on ne m'a pas demandé mon avis. Notamment pour Rotterdam, où j'aurais aimé courir avec Thomas Boudat mais l'accord était déjà trouvé avec Marc Hester.

Connaissais-tu bien Christian Grasmann, ton équipier à Brême et Berlin ?
Je connaissais Christian car c'est un très bon coureur de Six jours. Il est déjà très fort techniquement et connaît comment se court ce type d'épreuve. Je crois qu'il a plus de 50 courses de 6 jours à son actif. Il sent quand c'est le bon moment d'attaquer etc... Nous étions donc très complémentaires mais ça se court quand même différemment qu'une Coupe du Monde ou qu'un Championnat. Nous avons été en tête jusqu'au 3e soir, et bien sûr que c'était pour moi une première. J'étais avec Grasmann qui est Allemand et donc nous étions bien soutenus puisque c'était à Brême.

« CERCLE FERME MAIS BONNE AMBIANCE »

Penses-tu être plus respecté dans le monde des Six jours ?
Je pense que oui. Ce titre m'a fait gagner en respect car on est tout de suite considéré comme une équipe favorite et qui va jouer les premiers rôles. C'est quand même un cercle fermé mais une très bonne ambiance y règne. Je pense que tu te fais respecter à partir du moment où tu arrives à être régulier et à faire de bonnes prestations. Pour ma première année j'aurais aimé un podium sur un Six jours à l'étranger mais j'ai encore pas mal de lacunes dans certaines disciplines et malheureusement je me contenterai de mes trois places de 4e (Gand, Brême, Berlin).

Justement, quelle est la discipline que tu préfères dans les Six jours ?
J'aime beaucoup les épreuves derrière derny. On a peu l'occasion d'en faire en dehors des Six jours et c'est toujours très sympathique comme discipline. En revanche, je n'aime pas trop les épreuves chronométrés comme le tour lancé ou le 500m.

« DIFFICILE DE FAIRE LA GRASSE MATINEE »

Est-ce que les Six jours sont une bonne préparation pour les Championnats du Monde ?
Je pense que pour faire des épreuves en peloton type Américaine, course aux points et scratch, c'est une bonne préparation mais il faut penser à bien récupérer. C'est un rythme différent. On finit très tard dans la nuit et quelques fois il est difficile de faire de grasse matinée. Je pense que pour ceux qui préparent la poursuite par équipes ou individuelle, ce n'est pas nécessaire d'en abuser.
Les Six jours permettent également d'être irréprochable techniquement sur les relais, le placement en Américaine etc... Avec Samuel Rouyer et Hervé Dagorne, on a pensé que ça ne pouvait qu'être un plus en vue des Mondiaux car à cette période de l'année on court sur des vélodromes couverts avec un haut niveau d'intensité.

Avec qui vas-tu disputer les Championnats du Monde ?
Avec Thomas Boudat. Ce sera une première. Nous avons déjà fait équipe ensemble sur deux manches de Coupe du Monde (avec une victoire à Aguascalientes NDLR), un Championnat d’Europe et sur les Quatre jours de Grenoble en 2012. Je pense avoir acquis une certaine expérience avec le nombre d'Américaines que j'ai disputées et Thomas est jeune, talentueux et prédit à un très bel avenir. On sera sans doute surveillé mais on jouera notre carte à fond. On s'entend bien dans la vie de tous les jours, on s'entraîne ensemble vu que nous sommes voisins.
Cependant on garde une pensée pour Morgan qui n'a pas pu défendre ses chances à cause de son opération.

« LES PERFORMANCES DE FRANÇOIS PERVIS FONT REVENIR LES CAMERAS »

L'an prochain les Quatre jours de Grenoble perdent encore un jour. Penses-tu que les épreuves d'endurance comme l'Américaine ont moins le vent en poupe que les disciplines de la vitesse en France ?
En France, effectivement, le sprint a toujours eu une part plus importante que l'endurance. C'est normal car ce sont souvent eux qui nous apportent le plus de médailles et donc qui font parler de la piste. Grenoble perd encore un jour mais il y a quand même les sprinters au départ... Quand on voit la ferveur populaire aux Six jours de Gand où même en Allemagne, on a du mal à comprendre. Je pense que c'est tout simplement la piste qui a moins le vent en poupe en France. Les médias s'y intéressent moins et heureusement que François (Pervis) a réalisé des performances exceptionnelles pour que les caméras reviennent à l’intérieur des vélodromes.

Qu'attends-tu du nouveau vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines ?
L'inauguration du nouveau vélodrome est tombée à point nommé. Il faut avouer que c'est un bijou et une piste somptueuse. Je pars en stage là-bas à partir de lundi 10 février. On m'a déjà fait part que la cryothérapie était en marche. Tout est mis à disposition à proximité à l’intérieur du vélodrome, c'est un réel plus pour l'ensemble des coureurs de l'Equipe de France.

Crédit Photo : Philippe Pradier - picasaweb.google.fr/PHPHOTO42
 

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