Pierre Cazaux : « Encore un an avec le GSC Blagnac »

Très à l’aise sur chacune des cinq premières manches de la Coupe de France DN2, Pierre Cazaux (GSC Blagnac) fait logiquement partie des grands favoris pour la dernière manche de ce dimanche. Pourtant, le principal intéressé se dit « en méforme et incapable de jouer les premiers rôles à La Rochefoucauld ». Encore membre de la formation World Tour Euskaltel-Euskadi l’an passé, il n’a toujours pas digéré son éviction de l’équipe basque, mais a quand même « pris du plaisir sur le vélo cette année ». Pierre Cazaux fait un point complet avant de disputer sa dernière course de la saison.

DirectVélo : Tu as marqué des points sur les cinq premières manches de la Coupe de France DN2. Tu dois aborder le Prix d’Automne-La Rochefoucauld avec beaucoup d’ambitions ?
Pierre Cazaux : Sur le papier, je serai l’un des grands favoris de cette course au vue de mes dernières sorties en Coupe de France (2e du Grand Prix Fenioux, 4e du Grand Prix de Gamaches, 6e du Prix des Vallons à Schweighouse-sur-Moder, NDLR). Pourtant la réalité est toute autre. Je n’ai pas pu m’entraîner convenablement ces dernières semaines et je risque de ne faire que de la figuration dimanche.

Tu as été gêné par un contretemps récemment ?
Non, c’est simplement que j’ai été occupé par des projets extra-sportifs, et je n’ai pas pu énormément rouler ces dernières semaines. Je n’ai disputé que deux courses en un mois ; le Tour du Piémont Pyrénéen puis le Tour des Landes, sur lequel j’étais le premier surpris d’avoir remporté une étape (rires). Depuis, je n’ai plus couru, et je me suis très peu entraîné. Dans ces conditions, je serai malheureusement incapable de jouer les premiers rôles ce dimanche, sur ce qui sera ma dernière course de l’année. Ou alors, il faudra que je fasse la course parfaite et que j’ai énormément de réussite, mais sincèrement je n’y crois pas trop. C’est dommage car j’aurais voulu faire le grand chelem en marquant des points sur toutes les manches de Coupe de France. Je me suis récemment intéressé à ce classement et j’ai réalisé que nous n’étions plus que deux avec Mickaël Olejnik à pouvoir le faire. C’est d’autant plus frustrant que j’apprécie beaucoup cette course, sur laquelle j’avais décroché ma dernière victoire avant de passer professionnel. C’est une course qui me plaît beaucoup.

« J’AI REUSSI A ME REMETTRE DANS LE BAIN »

Ces manches de Coupe de France marquaient-elles le fil rouge de ta saison 2013 ?
C’était avant tout un gros objectif pour le club. Personnellement, je ne m’entraînais pas spécifiquement pour ça. Je prenais les courses les unes après les autres, Coupe de France ou pas. Je voulais être devant sur chacune des courses auxquelles je participais. Je trouve que je ne m’en suis pas trop mal sorti. J’ai été régulier toute l’année, malgré un moral et une motivation qui n’ont pas toujours été au beau fixe. Heureusement, j’ai réussi à me remettre dans le bain avec les premières compétitions. Maintenant, je n’ai pas fait le maximum non plus en termes de préparation et d’entraînement. Cette année, je me suis surtout reposé sur mes acquis. J’ai vite vu que ça me suffisait pour être compétitif, et je n’ai pas souhaité en faire plus.

Tu avais donc les moyens de gagner plus de courses en étant plus sérieux à l’entraînement ?
J’aurais été un peu plus fort si j’avais mis toutes les chances de mon côté. Cela dit il faut quand même relativiser. Il y a un gros niveau en France chez les amateurs. Il n’est pas facile de gagner des courses même lorsque l’on vient de passer cinq ans chez les professionnels et que l’on a disputé quatre Grands Tours. Il y a plusieurs courses où j’ai échoué à la deuxième place alors que j’aurais aimé gagner ; souvent battu au sprint d’ailleurs. Donc ce n’est pas si facile de gagner. Après, les seules fois où j’ai vraiment tout mis en œuvre pour gagner, c’est passé (sourires). Je pense au Grand Prix Pierre Pinel qui était important pour l’équipe en tout début de saison, et à la Classique de Sauveterre-de-Béarn que j’avais à cœur de remporter.

« LA PILULE N’EST TOUJOURS PAS PASSEE »

Tu expliques aussi avoir eu du mal à te motiver. Etais-tu toujours sous le coup de ta mésaventure avec Euskaltel-Euskadi ?
Bien sûr. Je voulais arrêter le vélo. Le plus dur a vraiment été cet hiver. Quand on est professionnel, que l’on s’entraîne pour disputer Paris-Nice ou le Tour de Catalogne, c’est toujours un plaisir de faire le métier, même sous la pluie ou dans le froid. Mais là, j’avais du mal à m’y mettre. Il y a de très belles courses en amateur, mais ce n’est pas la même motivation.

Avec le recul, as-tu digéré ton éviction de la formation basque ?
La pilule n’est toujours pas passée. J’étais très énervé sur le coup, mais finalement je le suis encore plus maintenant. Le plus frustrant, c’est d’avoir été remplacé par des mecs de pratiquement 40 ans pour certains d’entre eux, qui n’avaient jamais couru en Europe ou presque. Quand je vois également que l’un d’entre eux a été contrôlé positif dès le début de saison (le Russe Alexander Serebryakov en avril, NDLR) ça me rend fou. Après je suis honnête, je sais très bien que je n’aurai jamais gagné une étape de montagne à la pédale, ni un sprint. Je ne suis pas un grand champion. Mais j’aurai pu apporter encore beaucoup de choses à l’équipe. Plus que d’autres. Etre à la rue pour ça, c’était déprimant.

L’hiver dernier, tu hésitais donc entre arrêter le cyclisme et retenter ta chance en amateur. Regrettes-tu d’avoir continué en 2013 ?
C’est vrai que c’était une décision très difficile à prendre à ce moment-là. Si j’avais eu 34 ou 35 ans, j’aurais sans doute arrêté. Mais à 28 ans, je n’étais pas prêt à mettre un terme à ma carrière aussi brusquement. Je ne regrette pas du tout d’avoir continué. Et puis, attention ; j’ai quand même pris du plaisir sur le vélo cette année (rires). Nous avons beaucoup rigolé avec le staff et les coureurs. L’ambiance est très bonne au GSC Blagnac. Ils m’ont beaucoup apporté cette année et je les en remercie.  

« JE ME SUIS FAIT UNE RAISON »

Et maintenant ?  
J’ai abandonné l’idée de retourner chez les professionnels. Je n’ai même pas essayé de démarcher d’équipes. Peut-être à tort, je n’en sais rien. Ce n’est pas que je n’y ai jamais cru. Mais bon, quand j’ai vu en cours de saison que plusieurs équipes n’allaient pas repartir, je me suis fait une raison. Entre le nombre de coureurs pros qui allaient se retrouver sans contrat, et les jeunes de 20 ans qui poussent pour passer pro ; je me suis dit que je n’avais aucune chance de repasser. Du coup, je suis en train de préparer ma reconversion professionnelle. Entre temps, je vais peut-être continuer encore un an. Si tel est le cas, ce sera avec le GSC Blagnac. A ce jour, je me suis engagé un an avec eux.

Le GSC Blagnac a pour ambition de rejoindre rapidement la DN1. Tu pourrais contribuer à cette montée en 2014...
A vrai dire c’est l’idée (sourires). Je suis très reconnaissant de ce qu’ils ont fait pour moi et j’aimerai leur rendre la pareille l’an prochain. En 2014, l’équipe espère monter, ce n’est un secret pour personne. La période des transferts n’est pas encore terminée mais je sais que nous aurons une très belle équipe. De mon côté, je ferai le maximum afin de pousser l’équipe vers le haut.  Par contre cette fois-ci, ce sera vraiment ma toute dernière saison de compétition, c’est sûr et certain. Il faut savoir tourner la page.

Crédit Photo : Yves Bergantin - sportyves.fr
 

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